Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Ambroise de Milan (saint) (suite)

Un évêque énergique

Évêque de Milan, Ambroise va se trouver mêlé aux principaux événements politiques et religieux de son temps. Son passé de haut fonctionnaire, le prestige attaché au siège de Milan, résidence impériale, sa forte personnalité, enfin, font de lui un conseiller très écouté des empereurs.

Quelques prises de position d’Ambroise sont célèbres : en premier lieu, l’affaire de la statue de la Victoire. En 382, l’empereur Gratien prend à l’encontre des cultes païens une série de mesures, dont la plus impopulaire est relie qui prescrit d’enlever de la salle des séances du sénat l’autel placé devant la statue de la Victoire depuis l’époque d’Auguste.

Les réactions des sénateurs païens sont vives. Une éloquente supplique rédigée par Symmaque, préfet de Rome et écrivain très en vue, manque d’être décisive. La réaction d’Ambroise est vigoureuse. Dans une lettre à Valentinien II, successeur de Gratien, il démonte pièce par pièce l’argumentation de Symmaque, non sans laisser percer une menace d’excommunication et l’éventualité d’un recours au coempereur Théodose, dont l’hostilité aux cultes païens est bien connue. Valentinien et son conseil s’inclinent : l’autel de la Victoire ne sera pas rétabli.

L’impérieuse intervention de l’évêque a irrité les milieux de la cour de Milan. Ceux-ci pensent reprendre l’avantage en 386 à l’occasion d’un édit accordant aux ariens le droit de réunion. Mais lorsque l’envoyé impérial, appuyé par la force armée, se présente pour exiger la remise de la basilique neuve aux hérétiques, c’est un beau tumulte. Le jour des Rameaux, le peuple occupe les églises. Ambroise soutient l’enthousiaste ferveur de ses fidèles par des sermons, des chants religieux et aussi par quelques distributions de pièces d’or. Un prêtre arien est rossé dans la rue. Craignant des émeutes, le vendredi saint 4 avril, l’empereur rapporte l’ordre donné.

Ambroise ne se départira jamais de cette inflexible fermeté. Mais avec Théodose, devenu le seul maître de l’Orient bien avant la mort de l’infortuné Valentinien II, il va avoir affaire à une personnalité accusée. Une estime réciproque unissait les deux hommes ; elle allait atténuer les heurts, sans, cependant, les supprimer.

En 388, à Callinicum (l’actuelle Raqqa de Syrie), des moines turbulents ont incendié une synagogue. L’évêque du lieu, tenu pour responsable, est condamné à la faire rebâtir à ses frais. Ambroise s’insurge et, au cours d’un office, prenant publiquement à partie l’empereur, il lui arrache la promesse que la décision prise sera abrogée : les Juifs reconstruiront leur synagogue, mais pas avec l’argent chrétien.

Une autre affaire est plus célèbre. Lors d’une émeute sanglante survenue à Thessalonique en 390, le gouverneur et un certain nombre de fonctionnaires impériaux ont été tués. En représailles, Théodose fait massacrer une partie de la population, réunie dans le cirque sous le prétexte d’une représentation. L’énormité de la répression soulève une vague de réprobation. Se faisant l’interprète de la chrétienté, Ambroise adresse à l’empereur une lettre dans laquelle il indique au maître de l’Empire le devoir qui s’impose à lui : réparation et pénitence publique. Non sans résistance, l’empereur s’incline. Par la suite, la légende fera de cette pénitence historique le premier Canossa de l’histoire.

Au printemps de 391, Théodose part pour Constantinople, et Ambroise se retire de la vie politique. Il meurt à Milan le 4 avril 397, deux ans après l’empereur.

Sa politique religieuse avait eu un triple objet : protéger l’Église contre toute ingérence de l’État ; obliger les pouvoirs civils à respecter les droits de la morale ; enfin créer une union étroite entre l’État et l’Église, association dans laquelle la religion du Christ aurait le pas sur les autres cultes, au nom de la vérité. Avec Ambroise germe en Occident l’idée d’un empire chrétien, qui ne se réalisera que quelques siècles plus tard.


L’œuvre littéraire

Dans l’œuvre littéraire d’Ambroise de Milan, il faut faire trois parts.

Il y a d’abord ses Écrits théologiques. Qu’il s’agisse de sermons ou de traités, la plupart ont été parlés avant d’être publiés. Le style, riche de vie, sent l’improvisation. Il ne faut pas s’attendre à trouver chez Ambroise la profondeur de pensée d’un saint Augustin ou la science scripturaire d’un saint Jérôme. Il n’est pas un penseur et un écrivain de premier plan, et son œuvre est celle d’un excellent vulgarisateur.

Plus intéressante est sa Correspondance, mine de documents pour l’histoire de ce temps.

Toutefois, les Hymnes restent l’œuvre la plus féconde de l’évêque de Milan. Reprenant un genre déjà répandu en Orient, il a créé une poésie liturgique populaire qui ouvre la voie à l’hymnologie du Moyen Âge. Des hymnes dites « ambrosiennes », quatre sont certainement authentiques et huit le sont probablement. La tradition lui en prêtera d’autres ; la plus connue, le Te Deum, n’est certainement pas de lui.

I. T.

➙ Arius / Augustin (saint) / Chrétiennes (littératures) / Milan.

 P. de Labriolle, Saint Ambroise (Bloud et Gay, 1908). J. R. Palanque, Saint Ambroise et l’Empire romain (E. de Boccard, 1937). / M. C. Jourjon, Ambroise de Milan (Éditions ouvrières, 1956). / H. von Campenhausen, Lateinische Kirchenväter (Stuttgart, 1965 ; trad. fr. les Pères latins, Éd. de l’Orante, 1967).

ambulance

Véhicule destiné au transport des malades ou blessés. Ce terme désignait autrefois les formations hospitalières mobiles (ambulances) accompagnant les armées en opérations.


C’est à la fin du xvie s. que furent établis les premiers hôpitaux mobiles. Ceux-ci ne furent organisés de manière officielle que sous Louis XIV, qui créa un corps permanent d’officiers de santé. Durant les guerres d’Italie, puis sous l’Empire, le chirurgien Larrey organisa un service d’intervention rapide, par voitures légères. Lors de la guerre de 1870, diverses organisations (dont la Société internationale de secours aux blessés) créèrent des unités mobiles reliées aux postes fixes de l’arrière, également appelés ambulances et situés dans de nombreux établissements privés ou publics (ambulance de la Comédie-Française).