Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gay-Lussac (Louis Joseph) (suite)

Gay-Lussac aéronaute

Puis, à la demande de l’Académie des sciences, il entreprend avec Jean-Baptiste Biot une ascension pour étudier le magnétisme terrestre. À l’instigation de Laplace, le ministre de l’Intérieur Chaptal leur attribue un ballon qui a servi lors de la campagne d’Égypte. En 1804, tous deux s’élèvent du jardin du Conservatoire des arts et métiers et atteignent une altitude de 4 000 mètres. Une ancienne lithographie représente la nacelle dans laquelle les savants sont assis ; Gay-Lussac porte un chapeau haut de forme couvrant un madras qui lui cache les oreilles et tient un ballon à la main ; Biot est coiffé d’une sorte de toque à visière. Les résultats scientifiques obtenus sont jugés insuffisants et, trois semaines plus tard, Gay-Lussac effectue seul une deuxième ascension ; il s’élève à 7 016 mètres, hauteur encore jamais atteinte et qui ne sera dépassée que quarante ans plus tard ; il prélève de l’air et montre la constance de sa composition ; il fait aussi diverses observations sur la température et l’humidité de l’atmosphère.


Physicien

Lorsque Berthollet, rentrant d’Égypte, fonde la « Société d’Arcueil », il y appelle Gay-Lussac. Celui-ci y rencontre Alexandre de Humboldt (1769-1859), avec qui il se lie d’une étroite amitié. À la suite d’expériences qu’ils effectuent à l’École polytechnique, tous deux présentent en 1805 à l’Académie des sciences un mémoire où se trouve énoncée la loi volumétrique des combinaisons gazeuses. Puis ils entreprennent un long voyage d’études en France, en Suisse, en Italie et en Allemagne, pour déterminer les valeurs du champ magnétique terrestre. À Naples, ils assistent à une éruption du Vésuve et, au cours de six ascensions successives, ils font d’intéressantes observations géophysiques. Gay-Lussac en revient en 1806 pour se faire élire membre de l’Académie des sciences.


Chimiste

Sur la demande de Laplace, il vérifie en 1807 les résultats de la théorie des phénomènes capillaires. Cependant, les réunions d’Arcueil le mettent en rapport avec Thenard, et ces deux chimistes vont collaborer dans des travaux d’une importance exceptionnelle. En 1808, ils préparent le sodium et le potassium par action de la tournure de fer sur les alcalis. Puis, à l’aide de la grande batterie de piles offerte par Napoléon, ils reprennent les expériences d’électrolyse de Davy* ; c’est au cours de ces recherches que Gay-Lussac manque perdre la vue à la suite d’une explosion. Ils découvrent le bore. En 1809, tentant l’analyse du chlore, qu’on appelle alors « acide muriatique oxygéné », ils affirment qu’il s’agit d’un corps simple ; Gay-Lussac annonce qu’il en est de même du corps que vient d’isoler Bernard Courtois, et qu’il baptise iode ; il signale les analogies de cet élément avec le chlore et prépare ses principaux composés. En 1815, étudiant le bleu de Prusse, il découvre le cyanogène et l’acide cyanhydrique.

La même année, il construit le baromètre à siphon transportable ainsi qu’un thermomètre à maximum et minimum, puis, peu après, son alcoomètre centésimal. En 1822, il participe aux expériences effectuées entre Montlhéry et Villejuif par le Bureau des longitudes pour déterminer la vitesse du son.

En 1832, Gay-Lussac abandonne sa chaire de la faculté des sciences pour se consacrer à l’enseignement de la chimie générale au Muséum d’histoire naturelle ; il est alors logé dans un pavillon du Jardin des plantes et s’occupe de chimie analytique et industrielle. Il étudie la fabrication des poudres, perfectionne les procédés d’affinage des métaux précieux et, en 1835, il introduit, à l’usine d’acide sulfurique de Chauny, la « tour de Gay-Lussac » pour récupérer les produits nitreux.

Il a reçu, en 1831, un mandat de député ; en 1839, Louis-Philippe l’appelle à la pairie. Mais ses fonctions de législateur ne l’empêchent pas de se livrer à ses travaux de prédilection et il mourra, pourrait-on dire, dans son laboratoire, comme un soldat sur le champ de bataille. La blessure grave qu’il a reçue à la main, à la suite de l’explosion inattendue d’un ballon, ne semble pas étrangère à la longue et douloureuse maladie à laquelle il succombera. Ses dernières paroles sont des regrets de quitter la science au moment où elle étonne le monde par ses magnifiques applications, particulièrement la télégraphie électrique. « C’est dommage de s’en aller ; cela commence à devenir drôle. »

R. T.

 E. Blanc et L. Delhoume, la Vie émouvante et noble de Gay-Lussac (Gauthier-Villars, 1950).


Collaborateurs et contemporains de Gay-Lussac


Jean-Baptiste Biot,

physicien français (Paris 1774 - id. 1862). Il fut aussi mathématicien, astronome, chimiste et même écrivain. Il reconnaît en 1803 l’origine céleste des météorites recueillies dans la région de Laigle, accompagne l’année suivante Gay-Lussac dans la première ascension scientifique en aérostat. Il fait en 1806, avec Arago*, les premières mesures précises de la densité des gaz et découvre en 1815 le pouvoir rotatoire de certains liquides, d’où sa création du saccharimètre. En 1820, il détermine avec Félix Savart la valeur du champ magnétique créé par un courant électrique et donne la loi du phénomène. (Acad. fr., 1856.)


Jacques Alexandre César Charles,

physicien français (Beaugency 1746 - Paris 1823). Il rend le taffetas des montgolfières imperméable par application d’un vernis, puis a l’idée, en 1783, de substituer l’hydrogène à l’air chaud des ballons, qu’on nomme alors des charlières ; il imagine l’emploi de la soupape et du lest et effectue lui-même une ascension qui le porte à l’altitude de 3 000 mètres. En 1798, il étudie la dilatation des gaz et découvre la loi qu’énoncera plus tard Gay-Lussac. Il avait épousé Julie Bouchaud des Hérettes (1784-1817), l’« Elvire » de Lamartine.


Pierre Louis Dulong,

chimiste et physicien français (Rouen 1785 - Paris 1838). Préparateur de Berthollet, puis de Thenard, il devient professeur de chimie à la Sorbonne. Sa découverte du chlorure d’azote (1812) lui fait perdre un œil et deux doigts. En 1818, il effectue, avec son condisciple de Polytechnique Alexis Petit (1791-1820), la première mesure précise de la dilatation du mercure ; à cette occasion, ils inventent le cathétomètre. L’année suivante, tous deux énoncent la fameuse loi relative aux chaleurs massiques des corps simples solides. Après la mort de Petit, Dulong mesure avec Arago* la pression maximale de la vapeur d’eau à diverses températures. (Acad. des sc., 1823.)


Jacques, baron Thenard,