Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gard. 30

Départ. de la Région Languedoc-Roussillon ; 5 848 km2 ; 478 544 hab. (Gardois). Ch.-l. Nîmes*. S.-préf. Alès* et Le Vigan.


Le territoire gardois recouvre trois régions naturelles. Le haut pays cévenol, découpé par des vallées profondes, est un château d’eau où naissent : le Vidourle et l’Hérault (sur les flancs de l’Aigoual, 1 567 m) ; la Dourbie, qui se jette dans le Tarn ; la Cèze et les Gardons, affluents de droite du Rhône. Les plateaux calcaires de la Garrigue, arides et dénudés, sont coupés de gorges profondes ; à la forêt primitive de chênes verts a succédé une formation basse de plantes xérophiles et odoriférantes. Au pied de la Costière nîmoise, la basse plaine alluviale débouche sur un littoral sablonneux, façade maritime étroite entre le Vidourle et le Petit Rhône, parsemée d’étangs et de marais qui prolongent la Camargue voisine.

La sécheresse des étés, la douceur des hivers caractérisent le climat, soumis toutefois aux caprices d’un vent du nord violent, le mistral, et à des précipitations abondantes au printemps et en automne. Les pluies torrentielles sont à l’origine de crues catastrophiques qui ravagent la garrigue et inondent la plaine palustre, le débit de rivières modestes pouvant atteindre en quelques heures celui du Rhône (« vidourlades » de la région de Sommières).

Les hommes ont fui la montagne cévenole, peu hospitalière, mais l’exode rural affecte également les communes rurales de la garrigue. Le maximum de population enregistré dans le département en 1860 (422 000 hab.) ne sera de nouveau atteint qu’en 1900, puis vers 1960. Contrairement à ses voisins, traditionnellement ouverts aux Espagnols, le Gard a bénéficié dans un passé récent d’un apport important de population italienne. Aujourd’hui, les villes les plus importantes poursuivent leur progression, mais les vieux centres miniers déclinent : La Grand-Combe perd des habitants, et Bessèges est moins peuplée qu’à la fin du xixe s. ; dans l’arrondissement du Vigan, les décès l’emportent sur les naissances, et tous les cantons enregistrent des pertes importantes, à l’exception de Saint-Hippolyte-du-Fort, qui possède quelques industries. À l’inverse, la population de Bagnols-sur-Cèze (16 761 hab.) a triplé depuis 1954. Le Gard est enfin le seul département languedocien où la population active employée dans l’industrie l’emporte sur les effectifs de l’agriculture.

Le vignoble gardois (88 000 ha) ne représente que la moitié de la superficie du vignoble héraultais voisin, pour une production qui varie entre 5 et 6 Mhl par an, soit le cinquième de la récolte régionale. Les rendements à l’hectare atteignent des records dans la basse plaine, ce qui n’exclut pas quelques crus locaux réputés : vins des sables, clairette de Bellegarde, costières, côtes du Rhône. Par contre, le Gard se situe au premier rang régional pour les maraîchages, les olives, les pommes, les poires et les cerises (Remoulins). Dans les hauts cantons, le mûrier n’est plus qu’une survivance ; la châtaigneraie témoigne encore de l’ancienne économie cévenole. Ici, au xixe s., des catastrophes ont détruit les ressources traditionnelles : maladie du châtaignier (encre), du ver à soie (pébrine), de la vigne (phylloxéra) ; il ne reste guère que les « reinettes » du Vigan, difficiles à commercialiser en raison de l’extension de la pommeraie dans la plaine.

Ici, l’action de la Compagnie nationale d’aménagement de la région du Bas-Rhône et du Languedoc (C. N. A. R. B. R. L.) a contribué à la transformation du paysage rural et à la diversification des cultures. Au total, 130 000 ha seront irrigués entre le Rhône et la région montpelliéraine grâce à une alimentation par les eaux du fleuve : 75 m3/s prélevés à Fourques et refoulés par pompage sur la Costière (station A.-Dumont). L’importance du taux d’accroissement de la production agricole a justifié la création à Nîmes d’un Marché d’intérêt national (M. I. N.) ; près des zones de production maraîchères et fruitières, celui-ci collecte les produits de la région et se situe aussi au premier rang en France pour les ovins.

Les aménagements agricoles ont facilité l’implantation d’usines spécialisées dans le matériel pour l’irrigation (Saint-Gilles, Beaucaire) et le conditionnement des fruits et légumes (Libaron à Vauvert). Les créations se sont multipliées sur le Rhône : centre nucléaire de Marcoule, ferro-alliages de l’Ardoise. La région d’Alès reste spécialisée dans la métallurgie et l’industrie chimique (Salindres), alors que la production des Houillères ne cesse de décroître. Nîmes, vouée au textile, est un centre administratif et touristique en expansion (Z. U. P.) qui s’équipe sur le plan universitaire et compte désormais le premier aérodrome de la Région (Garons).

Le Gard possède enfin un capital archéologique important, datant de l’Antiquité (Nîmes, le pont du Gard), du Moyen Âge (église romane de Saint-Gilles, remparts d’Aigues-Mortes), de la Renaissance (Uzès). L’arrière-pays (parc national des Cévennes) et le littoral (Port-Camargue) s’équipent rapidement.

R. D. et R. F.

➙ Alès / Languedoc-Roussillon / Nîmes.

garde

Formation militaire d’élite, chargée d’assurer la sécurité d’un chef d’État ou des pouvoirs publics.


Dans toutes les armées, le terme de garde est d’un usage courant dans le vocabulaire militaire. Qu’il désigne des hommes (garde-magasin) ou une troupe (garde de police) assurant une fonction de protection déterminée, ou, dans le langage tactique, une formation de sûreté (avant- et arrière-garde, flanc-garde) destinée à éviter toute surprise, ce mot incarne si bien l’institution militaire qu’on a souvent qualifié de gardes des unités de type particulier (telle la garde nationale en France) ou tout simplement des troupes d’élite.