Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gamelin (Maurice) (suite)

Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, Gamelin commande de son P. C. de Vincennes l’ensemble des forces franco-britanniques, mais abandonne à son adjoint, le général Georges (1875-1951), la responsabilité du front nord-est. Très vite, il apparaît qu’il y a malentendu entre le drame qui s’annonce, et exige un meneur de jeu vigoureux, et la personnalité de Gamelin, plus spectateur qu’animateur. Le 19 mai 1940, alors que les Panzer bondissant des Ardennes ont atteint Saint-Quentin, il se décide à faire surface, donne la preuve de sa sagacité en discernant la riposte (dont le principe sera repris par Weygand), mais aussi de son tempérament en adressant à Georges la fameuse note qui débute par ces mots : « Sans vouloir intervenir dans la bataille en cours... » Mais, à cette date, l’heure de Gamelin est passée, et, l’échec de son plan de campagne étant devenu patent, il est écarté le jour même par Paul Reynaud et remplacé par Weygand. Arrêté en septembre 1940 et présenté de façon excessive comme le grand coupable de la défaite, il est traduit devant la Cour de Riom et interné au fort du Pourtalet. En 1943, les Allemands exigent son transfert dans le Reich, où il restera prisonnier jusqu’en 1945. À son retour, il publie trois volumes de Mémoires : Servir (1946-47), où il s’efforce de dégager sa responsabilité en alignant de nombreuses données techniques et chiffrées. Il n’est pas tout à fait convaincant, en raison de sa tendance à mettre à la charge de Pétain les déficiences de l’avant-guerre, à celle de Georges la conduite indécise des opérations de mai 1940 et à celle de Weygand l’issue malheureuse de la campagne.

J.-E. V.

➙ France (campagne de) / République (IIIe).

gamète

Cellule reproductrice spéciale, porteuse du nombre haploïde n de chromosomes et assurant la reproduction sexuée.


Lors de la fécondation, deux gamètes semblables ou dissemblables s’unissent et forment un œuf, ou zygote, ayant le nombre diploïde 2n de chromosomes, zygote qui se multipliera par divisions successives et reproduira un nouvel individu à peu près identique à ses parents, producteurs des deux gamètes. La structure diploïde est donc rétablie.

Les gamètes mâles et femelles proviennent généralement de deux individus appartenant à la même espèce, dite « gonochorique ». Plus rarement, les gamètes mâles et femelles sont produits par un seul individu, qui est hermaphrodite.


Gamètes semblables

Semblables par leur structure et leur comportement, ils sont dits « isogames » et réalisent l’isogamie ; ils diffèrent cependant physiologiquement ou chimiquement, car ils représentent deux polarités complémentaires, désignées par les signes + et –. La fécondation n’est possible qu’entre deux gamètes à polarités opposées, un gamète + avec un gamète –. Cette isogamie s’observe chez des Algues brunes (Ectocarpus), vertes (Chlamydomonas, Ulva) et chez des Champignons Phycomycètes (Olpidium, Synchytrium).


Gamètes dissemblables

Ils diffèrent par leur taille, leur structure, leur mobilité ; ils sont hétérogames ou anisogames, et il y a hétérogamie ou anisogamie. Celle-ci se manifeste avec plus ou moins d’intensité. Elle est légère chez quelques Algues brunes (Cutleria) ou vertes (Codium), où les deux gamètes sont encore mobiles et diffèrent seulement par leurs dimensions.

Lorsque l’hétérogamie est plus accusée, on distingue des macrogamètes plus ou moins gros, immobiles (gamètes femelles) et des microgamètes plus petits et mobiles (gamètes mâles). Le gamète femelle, généralement sphérique, volumineux, chargé de substances de réserve, immobile, se nomme ovule dans le règne animal et oosphère dans le règne végétal. Le gamète mâle, plus petit, presque réduit à un noyau, se déplace grâce à une queue ou à des flagelles ; il est appelé spermatozoïde dans le règne animal et anthérozoïde dans le règne végétal. Le gamète mâle mobile féconde le gamète femelle immobile ; ce mode de fécondation est l’oogamie ; il se rencontre chez des Algues brunes (Fucus), les Bryophytes, les Ptéridophytes et quelques Gymnospermes (Cycadales, Ginkgo...) et chez tous les Métazoaires et quelques Protozoaires.

L’hétérogamie présente un troisième aspect chez les Gymnospermes les plus évoluées (Conifères, Gnétales) et chez les Angiospermes. Le gamète mâle, perdant sa mobilité, doit être transporté par un tube pollinique jusqu’au gamète femelle en traversant divers tissus ; ce mode de fécondation est la siphonogamie.

Chez les Champignons, les faits sont différents et complexes : chez les Zygomycètes, les gamètes ne s’individualisent pas, et les gamétanges fusionnent ; chez les Basidiomycètes, la fécondation est précédée d’une fusion entre cellules somatiques (dicaryotisme) [v. Champignons], et d’autres modalités existent, encore plus compliquées.

Diversité et complexité se retrouvent chez les Protistes.


Origine des gamètes

Les gamètes des Métazoaires proviennent d’une lignée spéciale, la lignée germinale, qui s’isole parfois dès le début de l’ontogenèse. La lignée germinale, composée de cellules « totipotentes », constitue le germen, alors que toutes les autres cellules, qui sont différenciées, forment le soma. La ségrégation précoce du soma et du germen apparaît nettement chez certains animaux (Ascaris, Insectes, Vertébrés) ; mais, chez d’autres (Éponges, Planaires, Bryozoaires, Hydroïdes), les cellules germinales se différencient à partir de cellules quelconques (cellules du mésenchyme par exemple) ; elles apparaissent à des époques variées, souvent à la fin de l’organogenèse.

La lignée germinale, inconnue chez les végétaux, ne saurait être considérée comme un caractère commun à tous les organismes pluricellulaires. Chez les Phanérogames, les cellules reproductrices proviennent de cellules indifférenciées des méristèmes.