Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Galles (pays de) (suite)

Les industries légères susceptibles d’offrir des emplois à la main-d’œuvre féminine et aux anciens mineurs sont encore trop rares, en dépit de la vigoureuse politique de décentralisation menée par l’État au profit des vallées charbonnières méridionales. Les travailleurs qui ne trouvent pas d’emploi sur place se dirigent soit vers l’Angleterre, soit vers les villes côtières proches, plus riches d’industries et de services de toutes sortes. Les trois principales villes galloises, Cardiff (286 000 hab.), Swansea (170 000 hab.), Newport (112 000 hab.), ainsi que Port Talbot (50 000 hab.) sont sur la côte sud. Le bassin houiller n’a que deux villes importantes, Rhondda (94 000 hab.) et Merthyr Tydfil (60 000 hab.).

Cardiff est théoriquement la capitale administrative de la principauté. Mais elle est trop excentrée et son rayonnement ne s’exerce que sur le tiers sud du pays. Le centre regarde vers Birmingham et le nord vers Liverpool. À tous les points de vue, linguistique, religieux, économique, le pays de Galles manque d’unité. L’absence d’un centre unique, la dispersion de la population autour du cœur montagneux nuisent à sa cohésion géographique.

C. M.


L’histoire

Le pays de Galles se présente comme une région montagneuse, qui se dresse tout près des Midlands britanniques : ce trait domine toute l’histoire du pays. C’est lui qui explique que toutes les vagues d’envahisseurs viendront buter contre cette forteresse naturelle ; c’est aussi lui qui explique que, malgré une longue union avec l’Angleterre, le pays de Galles saura conserver son originalité.


L’époque préhistorique

C’est vers la fin de la période glaciaire que l’homme fait son apparition au pays de Galles. L’homme paléolithique vit dans des grottes (Paviland Cave, Coygan Cave, par exemple) : très vite et presque sans transition, il laisse la place (v. 10000 av. J.-C.) aux populations néolithiques. Vers 2500-2000 av. J.-C. arrivent les hommes du Mégalithique, qui s’installent sur les côtes ; bruns, petits, la tête allongée, ils ont légué bon nombre de leurs traits aux habitants des Galles du Sud. Les témoignages du Néolithique sont en tout cas restés nombreux, à commencer par les « cromlechs », tombes monumentales à Longhouse, Tinkinswood, etc.

La première période de l’âge du bronze (2000-1500 av. J.-C.) est marquée par l’arrivée des populations dites « Beaker folk » : ce sont elles qui ont dressé les fameux cercles de pierres mégalithiques que l’on trouve au pays de Galles. Mais c’est pendant la seconde période de l’âge du bronze que la métallurgie progresse réellement : l’activité commerciale est alors intense. La troisième période de l’âge du bronze est encore plus brillante et a laissé de nombreux vestiges.

L’âge du fer est, lui, surtout représenté par la culture de La Tène II, qui s’est imposée au pays de Galles à partir du ve s. av. J.-C. mais a subsisté jusqu’à la période romaine.


Les romains au pays de galles

Au ier s. de notre ère, la population galloise présente donc des caractères ethniques variés, mais depuis le ve s. la langue celtique (de type brittonique) a fini par s’imposer, tandis que la religion druidique se répand (au nord du pays surtout).

Quatre tribus se partagent le pays : les Silures et les Demetae au sud, les Ordovices au centre, et au nord une confédération dont les Deceangli paraissent l’élément prédominant. Les Romains, bien établis en Angleterre, songent à conquérir le pays de Galles : en 51, ils sont vainqueurs des tribus galloises, mais ils ne parviennent pas à pacifier le pays. L’avance romaine reprend en 61 avec C. Suetonius Paulinus, mais c’est le légat S. Julius Frontinus qui, de 74 à 78, bat les Silures et permet la pacification.

L’occupation romaine est avant tout militaire : elle repose sur deux camps fortifiés, Deva (Chester) et Isca (Caerleon), reliés entre eux par une série de fortins. Il y a jusqu’à trois légions stationnées dans le pays : mais ni les mœurs ni la langue des habitants ne sont beaucoup affectées par cette occupation. Les Romains ne peuvent en effet créer de centres urbains et, lorsqu’au début du ve s. ils quittent un pays rendu encore plus instable par l’activité des tribus irlandaises, ils ne laissent derrière eux guère de traces tangibles de leur présence.


Le pays de galles jusqu’à la conquête normande


La résistance aux envahisseurs

Deux dangers menacent les Gallois. Le premier est représenté par les Irlandais de langue gaélique, comme les Deisi, qui se manifestent depuis le iiie s. Un Breton du nord, Cunedda Wledig, fondateur de la dynastie princière de Gwynedd, les chasse bientôt du nord du pays, et ils disparaissent peu après du sud.

Plus grave est le danger anglo-saxon. Tout sépare les Gallois celtes et chrétiens des nouveaux venus, germains et païens. On ne sait dans quelle mesure les Bretons de Galles participent avec leurs compatriotes à la lutte contre l’envahisseur : mais, à partir du viie s., les rois de Northumbrie Æthelfrith (vainqueur à Chester vers 614) et Edwin s’attaquent au pays de Galles lui-même. Le prince de Gwynedd, Cadwallon, en s’alliant aux Saxons de Mercie, sauve la situation : Edwin est battu et tué à Heathfield en 633. Si Cadwallon connaît le même sort en 634, l’alliance mercienne permet aux Gallois de résister à la Northumbrie. Mais les Gallois, à partir de 655, sont définitivement isolés des autres Bretons.


Le rôle de l’Église galloise

Dans la préservation de l’indépendance culturelle galloise, l’Église joue un grand rôle. Le christianisme a pénétré la Bretagne romaine vers 200, mais le pays de Galles n’est vraiment évangélisé qu’au ve s., sous l’impulsion des moines. Les premières grandes figures du christianisme gallois sortent alors de l’ombre : Illtud, le savant abbé de Llantwit Major, David (Dewi, † v. 600), le savant abbé de Saint David’s. Mais le ve s. est la période où le christianisme celtique est complètement coupé du reste du monde chrétien par l’invasion anglo-saxonne. Il reste fidèle à des usages archaïques, si bien que la conversion des Anglo-Saxons au christianisme ne réduit en rien la coupure religieuse entre les deux peuples. Il faut attendre 768 pour que l’Église galloise (la dernière de toutes les Églises celtiques) normalise ses pratiques. Même alors, elle conserve bien des traits celtiques : toutes les grandes églises sont en fait des églises-monastères, et les évêques de Bangor, de Saint Asaph, de Saint David’s et de Llandaff sont en même temps abbés. Un moment plein de vitalité, le monachisme gallois tombe en décadence à partir du ixe s. : les riches églises abritent trop de moines mariés, menant une vie d’oisiveté et de plaisirs. Le niveau intellectuel de l’Église galloise est alors faible, et ses seules productions, l’Historia Brittonum de Nennius et le De rebus gestis Aelfredi d’Asser, sont loin d’être des chefs-d’œuvre.