Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

gaine (suite)

• Les gaines comportant des canalisations d’eau froide doivent être à l’abri du gel. En ce qui concerne la distribution d’eau chaude pour usages domestiques ou pour chauffage central, les gaines doivent avoir une capacité suffisante pour admettre les parties de canalisations calorifugées, toujours très volumineuses. En outre, à chaque niveau d’étage, la robinetterie doit être facilement accessible, et, dans ce dessein, les gaines doivent comporter des trappes ou panneaux démontables de superficie suffisante.

• Les gaines horizontales sous planchers doivent être particulièrement visitables, tant en ce qui concerne les canalisations d’eau (pour éviter les inondations d’étages inférieurs) que celles de gaz (danger d’explosion).

• Les gaines pour le passage de lignes de télécommunication sont destinées à recevoir les câbles de radiodiffusion sonore ou visuelle, à partir d’une antenne collective établie pour tout l’immeuble. Enfin, lorsque les canalisations sont rassemblées dans de longues gaines, verticales ou horizontales, il peut être nécessaire de prendre des dispositions contre la naissance de vibrations et de bruits, et leur transmission à travers les minces parois des gaines ; le mieux est d’insonoriser les canalisations en les revêtant comme dans le cas d’un calorifugeage.

Colonnes montantes

Ce sont les canalisations principales que l’on insère le plus souvent à l’intérieur des gaines, dans les immeubles à étages ; ces canalisations transportent, en général, différents fluides à distribuer, soit par voie ascendante (eau chaude, eau froide, gaz, vapeur, électricité), soit parfois par voie descendante (évacuation d’eaux usées, descentes d’antennes collectives de radiodiffusion, etc.).

• Colonnes montantes dans les installations électriques intérieures des immeubles collectifs. Les canalisations collectives partent du branchement extérieur et elles desservent les canalisations individuelles. À partir du branchement extérieur existe d’abord un tronc commun d’où partent plusieurs colonnes montantes alimentant chacune un groupe de canalisations individuelles. S’il n’y a qu’une seule colonne montante, le tronc commun n’existe pas et le raccord se fait directement au branchement extérieur. L’ensemble des colonnes montantes est rassemblé sous gaine (très souvent placée dans la cage d’escalier). Chaque colonne montante doit comporter sur toute sa longueur trois conducteurs de phase, un conducteur neutre et un conducteur de terre isolé et séparé.

• Colonnes montantes pour le chauffage à eau chaude. Dans le chauffage à circulation naturelle, celle-ci est uniquement fondée sur la différence de densité entre l’eau chaude et l’eau froide. La colonne montante partant de la chaudière atteint directement les points hauts, et ce n’est que par la colonne descendante que les divers étages sont desservis avant le retour à la chaudière.

M. D.

➙ Chauffage des locaux / Isolation.

Gainsborough (Thomas)

Peintre anglais (Sudbury, Suffolk, 1727 - Londres 1788) dont l’art présente et associe les deux options majeures de l’école anglaise : paysage et portrait.


Son père (un marchand drapier) l’envoie faire son éducation artistique à Londres, de 1740 environ à 1748. Élève du peintre-graveur français Hubert Gravelot (1699-1773), qui séjourne en Angleterre de 1732 à 1745 et participe avec Francis Hayman (1708-1776) à la décoration des pavillons du Vauxhall, le jeune homme entre en contact avec le rococo français, influence vite contrebalancée par l’étude de maîtres hollandais comme Jacob Van Ruysdael ou Jan Wynants, dont il eut l’occasion de restaurer les œuvres. Peut-être fit-il violence, en devenant portraitiste, à son goût du paysage, domaine où il montre une liberté et une sensibilité qui annoncent Constable* et où il paraît souvent plus moderne que ses contemporains Richard Wilson (1714-1782) et Alexander Cozens (v. 1717-1786). Sa première œuvre répertoriée est d’ailleurs un paysage urbain : The Charterhouse, offert en 1748 au gouverneur du Foundling Hospital.

Trois étapes marquent le déroulement de sa carrière : Ipswich, où il s’installe vers 1750 avec sa jeune femme Margaret Burr (fille illégitime, croit-on, du duc de Beaufort) ; Bath, où il réside de 1759 à 1774 ; Londres, enfin, où le retiendra la faveur royale (son premier tableau d’un membre de la famille régnante date de 1777).

Les paysages et les portraits exécutés à Ipswich ont une composition par masses, des harmonies grises et blondes, une façon de placer les modèles en pied dans une campagne fraîchement réaliste qui sont d’un grand maître (Portrait de Mr. et Mrs. Andrews, v. 1750, National Gallery, Londres). Poussé par son futur biographe Philip Thicknesse, gouverneur de Landguard Fort, qui fut le premier à croire à son génie, Gainsborough s’installe à Bath, la ville d’eaux à la mode, où il aura en 1766 une maison dans le « Circus ». Il évolue dans un cercle d’écrivains, de musiciens, d’acteurs : Laurence Sterne, les Linley, David Garrick...

L’influence de Van Dyck*, qu’il peut étudier à Wilton, celle des Rubens, qu’il a dû voir à Blenheim, donnent alors plus d’élégance et de souplesse à ses nombreux portraits et à ses paysages (le Char de la moisson, v. 1760, Barber Institute, Birmingham). En 1761, Gainsborough expose à la Société des artistes de Londres. Membre fondateur de l’Académie royale (1768), il participe à sa première exposition en 1769. De 1773 à 1776, puis de 1784 à sa mort, il n’y exposera plus en raison de certains désaccords avec ses confrères. Sa rivalité avec Reynolds* lui inspire l’Enfant bleu (Huntington Gallery, San Marino, Californie), peint pour démentir la théorie du grand portraitiste sur la limitation des couleurs froides.

À Londres, où il devient bientôt le peintre attitré de la Cour, les plus fascinantes de ses contemporaines posent pour lui : Mrs. Robinson en Perdita (1781, Wallace Collection, Londres), Mrs. Sheridan (v. 1785, National Gallery de Washington) ; un flou poétique, une négligence étudiée fondent les personnages dans un paysage romantique librement esquissé. En 1781, il expose sa première marine. Plus de six cents dessins montrent son amour des paysages ; ceux-ci, exécutés à l’atelier, souvent d’après une reconstitution miniature en mousse, brindilles et pierres, deviennent non plus l’image d’un lieu déterminé, mais l’expression presque musicale d’un souvenir. À côté de quelques scènes mythologiques (Diane et Actéon, coll. royale), les figures de fantaisie exécutées à partir de 1781 s’inscrivent dans une nature où s’annonce la poésie lakiste et dont s’inspireront les générations suivantes (George Morland [1763-1804], Constable, Turner*).

Quand il ne sacrifie pas trop à sa complaisance envers le modèle, l’art élégant et dédaigneux de Gainsborough, sa technique frémissante, qui fait parfois penser à Watteau, semblent jeter un pont entre celui-ci et le romantisme.

S. M.

 E. K. Waterhouse, Gainsborough (Londres, 1958). / J. Hayes, Drawings of Thomas Gainsborough (Zwemmer, 1971).