Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gadda (Carlo Emilio) (suite)

L’itinéraire biographique de Gadda comporte ainsi quatre grandes étapes. Jusqu’aux années 30, Gadda réside à Milan ; son inspiration est liée à la satire tendre-féroce des mythes de la bourgeoisie lombarde et à l’amour-haine qu’il porte à sa mère, sentiment qui est à l’origine de La Cognizione del dolore, où il transpose les paysages et les souvenirs de son enfance dans une fabuleuse Amérique du Sud ; il fait ses débuts littéraires en 1926 dans la revue d’avant-garde Solaria, où la prose poétique était à l’honneur, et publie dans la collection qui double la revue ses premiers recueils de récits et de souvenirs : La Madonna dei filosofi (1931), Il Castello di Udine (1934). C’est également dans Solaria que paraissent les premiers récits qui composeront les Novelle del Ducato in fiamme (1953 ; le « duché » en question n’est autre que l’empire du duce Mussolini), et, bien que rédigés plus tard, c’est à cette époque qu’appartiennent thématiquement les « dessins milanais » de L’Adalgisa (1944 ; repris en 1955 dans I Sogni e la folgore). Devant la montée et le raidissement dictatorial du fascisme, Gadda tente d’abord de s’isoler dans sa profession d’ingénieur, puis se résigne à l’exercer à l’étranger : en Argentine, en France, en Allemagne et en Belgique. Malgré son amertume d’exilé, ces voyages lui inspirent de brillantes pages de journal annonçant la virtuosité stylistique de sa maturité : Le Meraviglie d’Italia (1939), Glianni (1943). Pendant la guerre, il choisit pour nouveau séjour d’exil la ville de Florence, où de nombreux écrivains venus de toute l’Italie (parmi lesquels figurent E. Montale et C. Pavese) et groupés autour de la revue Letteratura animent un mouvement de « résistance » intellectuelle. Gadda commence alors à rassembler les maximes et les apologues violemment polémiques de Il Primo Libro delle favole (1952), et met en chantier Eros e Priapo, da furore a cenere (1967), essai d’interprétation psychanalytique, sur le mode de la farce, de la tragi-comédie mussolinienne. Au lendemain de la guerre, enfin, Gadda s’installe définitivement à Rome, où il se consacre exclusivement à son œuvre. Activité qui s’exerce dans deux directions : d’une part, la mise au point et en quelque sorte la récupération stylistique de textes antérieurs (parmi lesquels il faut au moins ajouter à ceux qui sont déjà cités ici : I Viaggi la morte, 1958 ; Verso la Certosa, 1962 ; les nouvelles d’Accoppiamenti giudiziosi, 1963 ; I Luigi di Francia, 1964 ; ainsi que le divertissement critico-théâtral : Il Guerriero, l’amazzone, lo spirito della poesia nel verso immortale del Foscolo, 1967) ; d’autre part, la rédaction du Pasticciaccio. C’est précisément d’avoir été entrepris si tard que le Pasticciaccio tient dans l’œuvre de Gadda une place exceptionnelle. Pour la première fois, Gadda s’affranchit de tout autobiographisme pour atteindre à la représentation parodique de la société italienne contemporaine. Affranchissement dont témoigne le choix, pour décor du roman, d’un paysage urbain — Rome — sans rapport aucun avec l’enfance et l’adolescence de Gadda. Entre-temps, d’autre part, la chute du fascisme a fonctionné comme la levée d’une censure — contemporaine de Eros e Priapo —, et la « fureur civile » de Gadda peut se donner libre cours. « Représentation » certes éminemment gaddienne, à savoir moins embarrassée de mimétisme que d’expressivité, et où le maniérisme exacerbé de l’écriture est le corollaire d’une extrême « gourmandise » du réel. L’intrigue policière du Pasticciaccio enfin porte à son comble la vieille prédilection de Gadda pour toutes les formes du suspense. N’était que la parodie gaddienne s’exerce tout aussi bien contre le genre policier lui-même, qui lui sert de support narratif. Aux dernières pages, les assassins présumés courent toujours, et le roman aurait-il mille pages de plus qu’il en serait de même. Il n’est d’autres rebondissements dans toute l’œuvre de Gadda que ceux d’une écriture en perpétuelle éruption.

J.-M. G.

 A. Guglielmi, « Carlo Emilio Gadda » in Letteratura italiana, I contemporanei, t. II (Milan, 1963). / G. C. Roscioni, La Disarmonia prestabilita. Studio su Gadda (Turin, 1970). / A. Seroni, Carlo Emilio Gadda (Florence, 1970).

gaine

Conduit ménagé dans l’intérieur des immeubles à multiples étages, en vue d’y insérer, en espace clos et protégé, mais visitable, les canalisations principales, telles que canalisations d’eau, de gaz et d’électricité, et ayant pour but de desservir, par branchement approprié, les différents appartements ou locaux situés aux divers niveaux de la construction.


Les gaines de cette nature sont soit disposées dans les angles, soit encastrées dans les murs et les cloisons, de telle sorte qu’elles n’apportent nulle gêne ni entrave dans le libre usage des locaux desservis, mais qu’au contraire elles concourent au maintien d’un certain aspect de netteté, sinon d’esthétique.

La section, en général quadrangulaire, des gaines est toujours calculée pour que l’espace entre les multiples canalisations soit largement aéré, afin d’éviter tout contact entre elles ainsi qu’avec les parois des murs et des cloisons, et pour faciliter le travail de pose, de surveillance et d’entretien. Les gaines sont souvent verticales, mais il en est d’horizontales, par exemple entre solives et plafond.


Différents types de gaines et dispositions à observer dans leur installation

• Les gaines pour colonnes montantes doivent être protégées au franchissement des plafonds et des planchers des divers étages. Leur traversée doit se faire au sein de matériaux isolants et incombustibles, aptes à s’opposer à la propagation des incendies.

• Dans les chaufferies d’immeubles, les amenées d’air, par gaines spéciales, y débouchent dans les parties basses ; l’air de ventilation doit arriver suivant un volume en mètres cubes, et par heure, égal à 10 fois la superficie de la chaufferie exprimée en mètres carrés. La ventilation haute de la chaufferie est assurée par tirage naturel à travers la gaine, qui doit être construite en matériaux incombustibles.

• Dans le cas où les gaines servent de conduit aux canalisations de gaz, il est indispensable que la gaine soit largement ventilée par une communication avec l’air extérieur.