Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Frise (suite)

La capitale de la province, qui compte près de 90 000 habitants, possède des activités tertiaires très complètes, le recours à Groningen se limitant à quelques services de haut niveau comme l’université. Malgré un développement récent, l’industrie y occupe à peine 40 p. 100 de la population active (alimentation, confection, constructions mécaniques). En revanche, Leeuwarden est le centre administratif et culturel frison et rayonne sur la plus grande partie de la province grâce à son équipement commercial et à sa fonction de collecte et de transformation des produits de l’élevage (l’organisation centrale des coopératives laitières y a son siège, et de grandes foires aux bestiaux s’y tiennent encore régulièrement). Nœud de communications, reliée à la Hollande par la route qui emprunte la digue de fermeture de l’IJsselmeer, la ville souffre toutefois, à l’image de la Frise entière, de son éloignement des centres vitaux de l’économie néerlandaise.

Depuis 1945, deux faits nouveaux viennent apporter des correctifs à ce bilan un peu pessimiste de la situation frisonne : l’industrialisation et le tourisme. La première a surtout bénéficié au sud-est de la province, où les mesures de décentralisation et d’animation des régions déprimées ont fait naître dans des communes jusque-là essentiellement rurales de nouveaux foyers industriels, en particulier Heerenveen et Drachten. Nées aux xvie et xviie s. de l’extraction de la tourbe, ces agglomérations ont connu depuis une vingtaine d’années un afflux considérable d’immigrants à la suite de l’implantation d’industries chimiques (caoutchouc) et surtout métallurgiques et électrotechniques (notamment Philips à Drachten). L’évolution démographique de 1960 à 1969 de la commune de Smallingerland (dont Drachten est le principal noyau) est particulièrement significative à cet égard : sa population est passée de 26 000 à 39 000 habitants (+ 50 p. 100), tant par immigration que par un croît naturel élevé dû à l’arrivée d’une population active jeune.

Quant au développement touristique, il repose d’abord sur l’intérêt monumental des vieilles villes, ensuite sur l’existence de lacs favorables à la navigation de plaisance et surtout sur l’équipement des plages des îles frisonnes (en particulier Vlieland et Terschelling), qui, malgré l’obstacle des communications (des bacs permettent la traversée des voitures), comptent déjà parmi les plus fréquentées des Pays-Bas.

J.-C. B.

frittage

Dans la métallurgie des poudres, opération de traitement thermique permettant, à partir de poudres métalliques préalablement agglomérées par compression ou seulement disposées dans un moule, d’obtenir un matériau homogène et cohérent, par chauffage généralement à l’abri de l’air, sous atmosphère de protection.


À la différence des produits de fonderie obtenus par fusion et coulée de l’alliage, les produits frittés sont élaborés soit totalement à l’état solide, soit avec fusion partielle d’un constituant, mais sans fusion de l’ensemble des produits. La technique du frittage des poudres métalliques est dérivée de celle qui est employée depuis longtemps pour la cuisson des produits céramiques. Les phénomènes physico-chimiques qui interviennent au cours du traitement de frittage sont nombreux, complexes et interfèrent différemment suivant les caractéristiques des poudres et les conditions mêmes du traitement thermique. Au cours de l’élévation de température et durant son maintien, on distingue les stades successifs ou simultanés suivants :
— contact initial des particules agglomérées, qui facilite d’autant mieux le développement des liaisons métalliques, particulièrement par diffusion à l’état solide ;
— grossissement des points de contact entre particules ;
— fermeture des porosités ouvertes à l’origine ;
— élimination progressive des porosités avec retrait dimensionnel corrélatif à la densification du produit.

Plusieurs mécanismes interviennent pour expliquer le transport de matière entre les grains comprimés, à partir des surfaces de contact où s’exercent les forces de liaisons atomiques. Dans le cas du frittage de poudre d’un métal pur, on constate :
— un transfert de matière par évaporation et condensation, ou sublimation, des parties convexes aux parties concaves, ce qui favorise le développement des zones de contact entre grains ;
— une diffusion en volume, qui constitue le mécanisme primordial du frittage, par déplacement des atomes dans le réseau cristallin suivant les lois générales de l’autodiffusion (pour un métal pur) ou de l’hétérodiffusion (pour les métaux différents) ;
— une diffusion superficielle des grains et une diffusion plus limitée aux joints des cristaux formés ;
— un fluage des grains déformés plastiquement avec une recristallisation à haute température, qui fait apparaître un nouveau réseau cristallin dans le produit fritté.

Lorsque le frittage s’applique à des poudres de métaux différents, il y a formation d’alliage, soit totalement en phase solide (formation d’alliage de cupronickel à partir du mélange de poudres de cuivre et de nickel), soit avec apparition partielle d’une phase liquide lorsque la température de frittage est supérieure à la température de fusion du métal le plus fusible (formation d’alliage de cupro-étain, ou bronze, à partir de poudre de cuivre et de poudre d’étain).

Les conditions pratiques du frittage sont influencées par la nature même des poudres et leur teneur en impuretés. Ainsi, la présence d’oxyde gêne et retarde le processus de frittage, la couche d’oxyde en surface des poudres s’opposant au transfert des atomes métalliques par diffusion. De même, la compression initiale des poudres favorise le développement des liaisons métalliques et est contrôlée par la densité apparente du comprimé. Les deux facteurs principaux du traitement sont évidemment la température et le temps, comme dans tout traitement thermique. Aussi, industriellement, le cuivre est-il fritté vers 700-800 °C, et le fer vers 1 050-1 200 °C avec un maintien en température de 15 à 40 mn. Un autre facteur important est la nature de l’atmosphère de protection, qui permet de maintenir les produits à l’abri de l’oxydation de l’air, ou dans une atmosphère de gaz réducteur, ou encore sous vide.