Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Friedman (Milton)

Économiste américain (New York 1912).


Milton Friedman, chef de file de l’école de Chicago, apparaît comme un « mutant » dans l’histoire de la pensée économique ; il marquera probablement celle-ci, à l’instar — trente ans plus tôt — de Keynes* lui-même. Économiste et monétariste, son apport est effectivement double.

Friedman pense, d’une part, que l’idée de liberté doit être reprise et rajeunie et que le rôle de l’État doit être limité. Dans Capitalisme et liberté (1962), l’un des livres les plus stimulants sans doute de l’économie politique moderne, l’auteur développe des thèmes d’un libéralisme renouvelé. Le capitalisme de concurrence*, système de liberté économique est, en même temps, la condition de base de la liberté politique. Les pouvoirs publics ont un rôle capital à jouer pour assurer le jeu effectif de la liberté. Friedman applique ces principes de philosophie politique et économique à certains problèmes particuliers (politique fiscale, éducation).

L’apport de Friedman à la théorie monétaire est considérable, quelles que soient les contestations dont il a pu faire l’objet. Milton Friedman explique les variations de l’activité* économique non par les variations de l’investissement*, mais par celles de l’offre de monnaie. Friedman et, avec lui, l’école de Chicago montrent qu’il est à la fois inutile et nuisible de demander à l’État de soutenir l’activité économique en étendant ses dépenses, c’est-à-dire, en fait, en augmentant son intervention dans de multiples secteurs de la vie économique. Le rôle primordial de l’État est, par contre, de diriger rationnellement l’évolution de la masse de monnaie en circulation et d’en contrôler le volume. On retrouve somme toute chez Friedman un renouvellement de la théorie quantitative de la monnaie, en même temps qu’une opposition aux idées de l’école keynésienne.

La politique de la monnaie doit être menée de telle sorte que la masse monétaire se dilate régulièrement, à un taux légèrement supérieur à l’augmentation du produit national brut : elle doit croître de l’ordre de 5 p. 100 par an aux États-Unis. Une telle politique peut contenir l’inflation* et stimuler l’activité économique, alors qu’une politique d’austérité budgétaire ne peut atteindre ces objectifs.

Friedman s’est révélé également historien de l’économie américaine avec A Monetary History of the United States (1867-1960), publiée en 1963.

J. L.

➙ Croissance économique / Monnaie.

frigidité

Impossibilité pour la femme d’éprouver des sensations voluptueuses.


Les définitions de la frigidité sont nombreuses et souvent contradictoires, mais deux types principaux doivent être distingués.

• Absence de tout désir. C’est la frigidité totale, la moins fréquente. La femme n’éprouve aucun désir sexuel et ne ressent aucun plaisir au cours de l’acte sexuel, qui devient bientôt indifférent et même objet de dégoût. Le rapprochement sexuel, ressenti comme une humiliation, est de plus en plus pénible, et la femme essaye d’y échapper en feignant le sommeil, la maladie ou la fatigue.

• Absence d’orgasme. Elle est beaucoup plus fréquente. Dans ce cas, le désir existe toujours, la femme prend plaisir à la phase préparatoire, ressent même une certaine satisfaction d’ordre intellectuel à la réalisation de l’acte, mais l’orgasme ne survient pas. On a voulu opposer l’orgasme vaginal, seul « valable », à l’orgasme clitoridien, mais beaucoup d’auteurs modernes refusent cette distinction et définissent la frigidité comme une insatisfaction sexuelle, quelles que soient les modalités de cette insatisfaction. La charge d’angoisse qui accompagne cette insatisfaction apparaît par contre essentielle.


Causes

Les causes de la frigidité sont surtout du domaine psychologique. Les causes organiques peuvent déterminer une dyspareunie ou un vaginisme qui sont à l’origine d’une absence d’orgasme, mais il ne s’agit pas alors d’une frigidité vraie. Les hormones ne sont pas indispensables à la satisfaction sexuelle, et les femmes castrées ou hystérectomisées continuent d’avoir une vie sexuelle satisfaisante. Par contre, un défaut de technique de la part du partenaire est une cause possible.

Le facteur psychique est en fait presque toujours seul en cause. Certaines frigidités sont accidentelles et dues à un mauvais choix du conjoint, ou à un échec de l’initiation sexuelle, la femme s’étant ainsi conditionnée au non-plaisir. Plus fréquemment, elles sont inhérentes à la personnalité. Les narcisses, parmi lesquelles beaucoup sont des homosexuelles latentes, sont incurables, et le psychothérapeute devra les laisser dans l’ignorance de leur narcissisme. Les agressives, les esclaves de la famille et les névrotiques bénéficieront par contre de la psychothérapie.

En fait, il semble bien que la sensibilité sexuelle se développe très lentement, mais spontanément, chez les femmes. Elle se fait attendre parfois jusqu’aux approches de la quarantaine sans que l’on puisse parler de pathologie.


Fréquence

La fréquence varie selon la définition, les auteurs et les pays. Les difficultés sexuelles semblent plus répandues dans les pays du Nord, peut-être en raison du climat, d’une civilisation trop rationnelle ou d’un certain puritanisme. Elles sont plus rares dans les pays du Sud, où règnent soleil et paresse. En France, la fréquence en est estimée à 30 p. 100 des femmes, ce qui représente une moyenne entre ces deux extrêmes.

Les problèmes soulevés par la frigidité ont une importance considérable pour l’équilibre de la femme et du couple.

Dyspareunie et vaginisme

La dyspareunie, ou douleur lors des rapports sexuels, est de tous les troubles de la vie sexuelle celui dont l’origine organique est la plus fréquente, les causes psychologiques étant à l’arrière-plan. On distingue les dyspareunies superficielles, ou d’introduction, qui relèvent de lésions vulvo-vaginales : séquelles de défloration, vulvite, vaginite, bartholinite chronique, déchirure obstétricale ou atrophie après la ménopause, et les dyspareunies profondes, souvent intermittentes, plus marquées après une fatigue, qui peuvent accompagner une infection annexielle chronique (salpingite, ovarite), un fibrome ou un kyste de l’ovaire.

Le vaginisme est une contracture involontaire et douloureuse des muscles constricteurs du vagin. Il est souvent déterminé par l’existence d’une petite lésion locale, que l’examen médical doit reconnaître et qu’il est généralement facile de traiter.

Ph. C.

 J. P. Gaillard, M. Landry et J. Palaiseul, la Défaillance sexuelle, ses causes, ses remèdes, son histoire (Maloine, 1966). / M. Guise, la Frigidité, ses causes, ses remèdes (Intermédica, 1967).