Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Francfort-sur-le-Main (suite)

 A. Dietz, Frankfurter Handelsgeschichte (Francfort, 1910-1925 : 5 vol.). / F. Bothe, Geschichte der Stadt Frankfurt (Francfort, 1913 ; nouv. éd., 1966). / I. Kracauer, Geschichte der Juden in Frankfurt am Main (Francfort, 1925-1927 ; 2 vol.). / F. Lerner, Frankfurt am Main und seine Wirtschaft (Francfort, 1958). / P. Menne, Die Stadt Frankfurt und ihr Raum (Francfort, 1964).

Franche-Comté

Région formée des départements du Doubs, du Jura, de la Haute-Saône et du territoire de Belfort.


La Franche-Comté constitue une des-plus petites (16 189 km2) et des moins peuplées (1 million d’habitants environ ; 992 536 au recensement de 1968) des régions de programme. Elle manque de la métropole puissante que l’on juge souvent nécessaire à l’épanouissement d’une région ; elle est diverse par son relief et par ses sols, tiraillée souvent entre les attractions des villes voisines : elle n’en possède pas moins une cohérence remarquable à bien des points de vue.


Le milieu

Cette région unit pour l’essentiel les chaînes et plateaux du Jura et leur avant-pays : la prédominance des sols maigres dérivés du calcaire leur donne une certaine homogénéité, que ne partagent pas les parties occidentales et nord-orientales de l’ensemble. En Bresse, dans la plaine doloise et la plaine de Gray, on trouve les terres variées et souvent lourdes du bassin de la Saône, qui ne sont pas sans analogies avec celles que l’on rencontre à l’est de Belfort, dans le Sundgau. Les Vosges comtoises introduisent une note froide, souvent médiocre. L’altitude nuance le climat, mais n’empêche pas que l’on trouve partout les mêmes traits généraux. L’influence atlantique se traduit par la forte pluviosité, que l’obstacle apporté par les reliefs aux vents d’ouest explique en partie. Les caractères continentaux sont plus saisissants, avec de forts contrastes entre les saisons, des hivers rigoureux et enneigés en montagne, des périodes lourdes et orageuses l’été, un automne souvent ensoleillé.

Du nord au sud, des nuances apparaissent, et le Revermont possède certaines affinités méridionales, que souligne, au sud de Salins, le vignoble.

Le milieu convient à l’arbre et à l’herbe. La forêt devait couvrir la totalité de la région, et l’indépendance des constructions historiques qui se sont succédé dans ce cadre doit sans doute beaucoup aux marches forestières qui les séparaient de la Romandie à l’est et de la Bourgogne à l’ouest. La mise en valeur des « joux » sombres du haut Jura est œuvre médiévale, comme le défrichement des zones humides de la Bresse. Les passages les plus aisés se faisaient vers le nord-est et le nord, par les plateaux secs de Haute-Saône, ou en suivant le pied du Jura, de la porte de Bourgogne à la région lyonnaise. La chaîne jurassienne elle-même, avant d’être occupée, était traversée par les routes qui conduisent aux grands cols, celui de Jougne en particulier.

P. C.


L’histoire

Originellement, la comté de Bourgogne, ou Franche-Comté, fait partie d’ensembles plus vastes (Suisse, Allemagne du Sud), sinon aux âges de la pierre, connus par des sites isolés, du moins à ceux des métaux. Elle entre dans la confédération des Séquanes, qui s’étend sur les pays de la haute Seine, de la Saône et du Doubs. Traversée en 58 av. J.-C. par les légions de César, elle perd sont indépendance après la chute d’Alésia.

Des événements qui troublent la « paix romaine », il faut retenir la révolte de Vindex (vaincu à Besançon en 68), le soulèvement de Sabinus (69-70), l’irruption des Barbares vers la fin du iiie s., la menace que font peser les Alamans de 353 à 355. Après avoir appartenu à la Belgique et à la Germanie supérieure, la Séquanie devient sous Dioclétien (284-305) un gouvernement militaire, la Maxima Sequanorum. Un réseau routier la relie à l’Italie, à Langres, au Rhin et à Lyon, ce qui favorise l’essor d’un Vesontio (Besançon) remarquable par ses temples, ses armes, ses thermes, sa porte Noire, les grands rassemblements du théâtre de Mandeure, les sanctuaires de Luxeuil et de Villards-d’Héria (la ville d’Antre). Il permet la pénétration des cultes orientaux dans des milieux insatisfaits par les divinités indigènes et la religion officielle. Le christianisme vient probablement de Lyon : à lui se rattachent les noms des saints Ferréol et Ferjeux, martyrisés vers 211. Il achève de se constituer autour d’un évêque à Besançon dès le règne de Constantin (306-337).

Les invasions du ve s. englobent la contrée dans le royaume burgonde, puis dans le Regnum Francorum. On constate un recul de la civilisation, la naissance d’une aristocratie (dont le duc Waldelène), un mouvement monastique précoce (ve s.) par exemple à Condat, devenu Saint-Oyand, puis Saint-Claude, et à Luxeuil, fondé par saint Colomban vers 590. Lié au royaume de Bourgogne de 888 à 1032, le pays connaît une dynastie comtale, une féodalité qui convertit ses alleux en fiefs, un épiscopat illustré par Hugues de Salins (1031-1066). En 1156, Béatrix, l’héritière de la Comté, épouse Frédéric* Ier Barberousse. Le dernier comte d’une famille issue de Jean Ier de Chalon (v. 1190-1267), Otton IV, se tourne vers la France et donne sa fille au futur roi de France Philippe V. Avec les Valois, en 1384, est instauré un ordre de type français venant après d’âpres guerres civiles et la peste.

Conquise en 1477-1479 par les armées de Louis XI, la région accueille avec joie les Habsbourg, qui s’accordent avec les Suisses et la France sur un statut de neutralité. Elle leur fournit des soldats et des ministres de taille européenne, tels les Granvelle.

Pays pauvre, mais au vignoble réputé (Arbois, etc.), exportant loin son sel de Salins, sur les routes d’Italie et les foires de Genève, la province, au Moyen Âge, vit presque à l’écart du phénomène urbain ; malgré son vin, ses toiles, son cuir et ses petits métiers, Besançon oscille entre 1 200 et 1 300 familles. L’estevenant frappé par son archevêque n’a qu’un succès médiocre. Ses foires ne grandiront que sous Charles Quint, au bénéfice de Gênes d’ailleurs ! Du point de vue religieux, le diocèse a ses heures de gloire avec ses écoles du xiie s., sa floraison de monastères, ses croisés, l’apport artistique de ses églises. Au xve s. rayonne l’université de Dole ; à l’époque de la Renaissance, les juristes et les artistes franc-comtois édifient et ornent des hôtels privés (Claude Lulier, Hugues Sambin, etc.). Une répression violente interdit à la Réforme de prendre racine en Franche-Comté. Des Chalon et des Montbéliard sont descendus les princes d’Orange et de Wurtemberg, alors que végète une masse famélique de hobereaux.