Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Récemment, d’autres tendances ont vu le jour : l’assouplissement de la préfabrication marque les travaux de Michel Andrault (né en 1926) et Pierre Parat (né en 1928), de Henri Pierre Maillart (né en 1924) et Paul Ducamp ou de l’Atelier d’urbanisme et d’architecture (A. U. A.) — aboutissant aux maisons expérimentales de Jacques Bardet (né en 1928) pour le Val d’Yerres (1967-1969). Dans un autre domaine, le village de Beg-Meil (1968, par Pierre Szekely, architecte-sculpteur [né en 1923]), l’église Sainte-Bernadette-de-Banlay à Nevers (1966, par Paul Virilio [né en 1932] et Claude Parent [né en 1923]) ou le nouveau stade du Parc des Princes à Paris (achevé en 1972, par Roger Taillibert [né en 1926]) soulignent l’éclatement contemporain de l’architecture en des formes éclectiques qui manifestent l’élargissement de sa clientèle et des besoins qu’elle est amenée à couvrir.

Il faut encore souligner le développement de l’architecture commerciale, dont l’ensemble de sports d’hiver d’Avoriaz ou les nouvelles tours de la Défense — Aquitaine (1966), Europe CB 14 (1969), et IBM CB 12 — sont l’expression caractérisée. Cette évolution est significative d’un marché de la construction autant tourné aujourd’hui vers le secteur privé des immeubles de bureaux et des résidences de luxe que vers le logement social.

F. L.


La peinture

L’entre-deux-guerres.
Tandis que Juan Gris prolonge l’expérience du cubisme*, auquel Amédée Ozenfant et Édouard Jeanneret (Le Corbusier) tentent, par le purisme*, de faire succéder une discipline rigoureuse, le mouvement international dada* jette ses derniers feux après avoir lucidement mis à nu les carences d’une culture capable d’engendrer le conflit de 1914-1918. Marcel Duchamp*, son principal représentant français, va bientôt entrer dans une semi-retraite artistique, reconnu toutefois par les surréalistes comme l’un des grands esprits du siècle, dont l’influence éclatera trente ans plus tard sur de nouvelles générations d’artistes, des deux côtés de l’Atlantique. La production picturale du surréalisme* est illustrée par Hans Arp*, Max Ernst*, Man Ray, venus de dada, que rejoignent Masson*, Miró* et Tanguy*. À ces sourciers des profondeurs s’ajouteront à partir de 1930 Dali*, Brauner*, Oscar Dominguez...

Au même moment, tardif si l’on considère que Mondrian*, son grand mage, habite Paris depuis plus de dix ans, l’abstraction* s’organise dans la capitale au sein des groupes internationaux Cercle et Carré, puis Abstraction-Création, avec Serge Charchoune, Jean Gorin, Jean Hélion, Auguste Herbin, Georges Vantongerloo, etc. Arp assure une certaine liaison entre l’esthétique « froide », rationnelle de ce milieu et le surréalisme ; de même Kandinsky*, qui s’installe à Paris en 1933, deux ans après Alberto Magnelli.

On ne peut dire que ces « avant-gardes » soient généralement mieux comprises et soutenues dans la France du xxe s. qu’au temps de Courbet et de l’impressionnisme. Elles sont en lutte permanente avec un conservatisme peureux, la xénophobie (et son contraire) ayant parfois part à ces conflits, ouverts ou larvés. Le recours aux formes « classiques », dont Picasso* donne un moment l’exemple avant de se rapprocher du surréalisme, l’esprit de « détente » qui agit sur le style de Matisse* comme par un mouvement de balancier, sont, la perspective d’un succès plus rapide aidant, des tentations auxquelles beaucoup succombent. Mais l’empreinte des conquêtes nouvelles est inéluctable, et, lorsque de bons esprits comme Maurice Denis ou André Lhote prônent le retour à la tradition, ils entendent bien la voir revivifiée à travers l’impressionnisme ou le cubisme. Sans que l’appel à Poussin et à la « grande composition » puisse vraiment aboutir, des réponses personnelles sont données par André Beaudin (né en 1895), François Desnoyer (1894-1972), André Dunoyer* de Segonzac, Marcel Gromaire*. Au sein de l’« école de Paris » (cette étiquette, qui prendra une valeur générale dans les années 1945-1960, désigne alors les artistes étrangers de la capitale), l’expressionnisme de Soutine*, le lyrisme de Chagall*, la sensibilité d’un Jean Pougny (né en Russie, 1894-1956) ou d’un Francisco Bores (Espagne, 1898-1972) peuvent être opposés à la facilité mondaine de Moïse Kisling (Pologne, 1891-1953) ou de Van Dongen (v. fauvisme). Rouault* et Bonnard* poursuivent des œuvres que tout sépare, sauf peut-être leur humilité et une commune quête de la lumière ; le bonheur solaire du second lui vaudra une postérité qui commence avec Maurice Brianchon (né en 1899), Raymond Legueult (1898-1971), Constantin Térechkovitch (né en Russie en 1902) et se prolonge, complètement affadie, jusqu’à nos jours. Avec un Roger Limouse (né en 1894), un Roland Oudot (né en 1897) ou un Roger Chapelain-Midy (né en 1904), ces peintres forment ce qu’on a appelé l’école de la réalité poétique. L’expression s’appliquerait plus authentiquement peut-être à certains « naïfs* », Séraphine, André Bauchant, Camille Bombois ou, plus récemment, Aristide Caillaud.

Depuis 1940.
Le début des années 40 est marqué par la montée d’une génération d’artistes probes, un peu en retrait, sans doute, des grands courants internationaux et qu’une exposition organisée à Paris en 1941, pendant l’occupation allemande, baptise Jeunes peintres de tradition française : Jean Bazaine*, Maurice Estève (né en 1904), Charles Lapicque (né en 1898), Alfred Manessier (né en 1911), Édouard Pignon*, Gustave Singier (né en Belgique en 1909), Pierre Tal-Coat (né en 1905), etc. À la Libération, la gloire des maîtres rayonne : Picasso, Matisse, Braque, Léger, Chagall, Dufy, Ernst, Masson, ainsi que Jacques Villon (Gaston Duchamp*) et Jean Lurçat*, rénovateur de la tapisserie. Par son engagement politique comme par son style, Picasso est l’un des grands modèles qui s’imposent, notamment à Pignon et à de nombreux jeunes, tel le fougueux Paul Rebeyrolle (né en 1926). Le « misérabilisme » de Francis Gruber (1912-1948) se prolonge chez Bernard Buffet*.