Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Forces réelles de la France
La richesse principale du pays est dans l’épargne (300 milliards de francs-or en 1913) et la solidité de sa monnaie.
Mais sa grande faiblesse démographique (à partir de 1911, les décès dépassent parfois les naissances) limite son rayonnement économique : en 1914 elle n’est qu’au 4e rang mondial pour le commerce extérieur ; elle compte alors près d’un million et demi de travailleurs étrangers.


La IIIe République de 1914 à 1940


La Première Guerre* mondiale (1914-1918) et ses conséquences

• L’effort de la France durant la Première Guerre mondiale (1914-1918) est énorme. C’est sur son territoire — qui est terriblement ravagé de la Flandre à l’Alsace en passant par l’Artois, la Picardie, la Champagne, la Lorraine — que se déroulent les plus dures batailles de la guerre.

• L’avance allemande arrêtée par Joffre* et Gallieni* sur la Marne (5-10 sept. 1914), les armées adverses s’enlisent dans la guerre des tranchées, cause de terribles souffrances pour les « poilus », des paysans en majorité, qui défendent âprement leur terre. Les Français repoussent les offensives allemandes de Verdun (1916) et du Chemin des Dames (1917). En 1917, l’entrée en guerre des États-Unis compense la défection de la Russie révolutionnaire. Nommé généralissime des armées alliées, Foch* reprend l’initiative en Champagne en juillet 1918, tandis que Franchet* d’Esperey attaque dans les Balkans en septembre. Le 11 novembre 1918, l’Allemagne signe l’armistice.

• La France est victorieuse ; elle a conscience de l’être ; son prestige en 1918 est considérable. Le traité de Versailles (28 juin 1919) lui rend l’Alsace-Lorraine ; mais, tout de suite, le problème posé par les réparations dues par les Allemands se révèle plein de difficultés.

• En fait, le pays vient de subir le plus grave traumatisme de son histoire : outre des pertes matérielles énormes, la France a vu fondre un sixième de son revenu national. Cette nation à faible natalité (à partir de 1915, elle s’effondre de nouveau) a été terriblement saignée (10 p. 100 de la population active a disparu ; 20 p. 100 sont plus ou moins handicapés par les blessures). Le dramatique déficit démographique se répercutera dans la durée, réduisant considérablement les virtualités économiques, politiques, diplomatiques et militaires du pays.

• Au cours de l’après-guerre, la crise économique est endémique. Dès 1919, des grèves monstres éclatent un peu partout.


Jusqu’à la crise de 1929

Politique intérieure
La prédominance des problèmes financiers dans la politique intérieure est nette : inflation, accroissement de la dette publique. Mais la majorité des Français pense que « l’Allemagne paiera ». Les milieux financiers soutiennent tout d’abord les gouvernements conservateurs du Bloc national. Le relèvement économique est relativement rapide ; le pétrole et l’électricité passent au premier plan de l’expansion ; mais celle-ci ne touche ni l’agriculture, ni le commerce, ni l’industrie dans son ensemble.
1924 : aux élections, le « Cartel* des gauches » triomphe et écarte le président de la République, Millerand, accusé d’avoir voulu exercer une influence politique trop personnelle. Formation d’un ministère radical homogène E. Herriot*, qui se heurte à des difficultés financières considérables.
1926-1929 : devant la gravité de la situation financière, constitution d’un cabinet d’union nationale (Poincaré), regroupant tous les partis à l’exclusion des communistes et des socialistes. Stabilisation du franc (1928), mais la célèbre épargne française s’avère de moins en moins créatrice.

Politique extérieure
1919-1924. La paix difficile et la tentative de stabilisation mondiale
Après les signatures des traités qui ont mis fin à la guerre, les vainqueurs se désunissent. La France n’obtient qu’une simple promesse d’assistance anglaise et américaine en cas d’attaque allemande.
Les États-Unis se dérobent et refusent de se laisser engager dans les affaires continentales.
En France, la « question des réparations » passe au premier plan. Rapports avec l’Allemagne : alternance de compromis (conférences de Londres [1921], de Cannes [1922]) et d’épreuves de force (occupation de la Ruhr, 1923).
1924-1929. Politique de conciliation d’Aristide Briand*
La politique extérieure de la France est désormais fondée sur la S. D. N. et sur l’organisation de la sécurité collective. Resserrement autour de la France des petites nations (États de la Petite-Entente). Politique de rapprochement franco-allemand : accords de Locarno (oct. 1925) ; pacte Briand-Kellog (27 août 1928) ; plan Young (nouvel allégement au remboursement allemand [1929] succédant au plan Dawes) ; projet des États-Unis d’Europe.


De 1929 à 1939

Politique intérieure
La répercussion de la crise économique mondiale de 1929 a lieu en France en 1931-32 : mévente agricole, effondrement industriel, paralysie du commerce, accroissement du chômage.
Cette crise est grave. Vieillissement démographique et appel à la main-d’œuvre étrangère (3 millions d’étrangers en 1931). Vieillissement économique : cadres économiques non adaptés, retard dans la « deuxième révolution industrielle ». Immobilisme politique (en France et dans les colonies) qui se reflète dans la stabilité du corps électoral et engendre paradoxalement l’instabilité ministérielle ; refus et peur du changement ; structure des institutions inadaptée.
Scandales financiers et politiques (affaire Stavisky, 1933-34).
Une double opposition menace le régime : à gauche les communistes, à droite les mouvements de Doriot, de l’Action française, des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque. Elle aboutit au 6 février 1934. Échec de la révision constitutionnelle sous le ministère d’Union nationale de Doumergue (févr. - nov. 1934).
Juin 1935 - janvier 1936 : sous le ministère P. Laval, politique de déflation et tentative d’équilibre budgétaire, qui est vite impopulaire. Une coalition de la gauche (radicaux, socialistes et communistes) conduit à la victoire le Front populaire (élections de 1936).
Juin 1936 - avril 1938 : le Front* populaire. Ministère Blum*, chef de la S. F. I. O. (juin 1936 - juin 1937). Importantes réalisations sociales, à la suite des accords Matignon.
Mais la gauche reste très divisée à la suite de la politique de non-intervention en Espagne lors de la guerre civile.
Deuxième ministère Blum (mars - avr. 1938), marquant l’éclatement du Front populaire.
Avril 1938 - mars 1940 : ministère Daladier. Il donne la priorité aux questions financières et à la défense nationale. Il a l’appui des modérés et obtient les pleins pouvoirs. Politique financière libérale de Paul Reynaud (décrets-lois).