Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

La IIe République* (1848-1851)

La courte histoire de la IIe République commence dans l’euphorie de la fraternité et de la liberté et se termine par la dictature largement acceptée.


La république fraternelle impossible (1848)

• Février-avril 1848 : un gouvernement provisoire (Lamartine, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Louis Blanc...) est imposé par les révolutionnaires parisiens. Série de mesures d’inspiration républicaine et sociale : proclamation de la république à l’Hôtel de Ville (24-25 févr.), instauration du suffrage universel (2 mars), rétablissement des libertés (presse), suppression de la peine de mort et de l’esclavage, création des ateliers nationaux (26 févr.) et d’une commission du gouvernement pour les travailleurs (Louis Blanc, Albert), qui réduit la journée de travail, arbitre les conflits du travail, etc. (28 févr.) mais est vite regardée avec méfiance par la bourgeoisie.

• Le gouvernement, aux prises avec les séquelles de la crise de 1847, augmente de 45 centimes par franc l’impôt direct, ce qui aliène les paysans à la république.

• 23 avril 1848 : élection de l’Assemblée constituante au suffrage universel ; la majorité est conservatrice et antisocialiste.

• 23-26 juin 1848 : soulèvement des ouvriers parisiens (marasme économique, suppression des ateliers nationaux). L’insurrection est brutalement réprimée (Cavaignac) ; le fossé entre le prolétariat et la bourgeoisie conservatrice est désormais creusé.

• Novembre 1848 : vote et promulgation de la Constitution de 1848 (un président élu pour 4 ans au suffrage universel mais non immédiatement rééligible ; une seule Assemblée législative).

• 10 décembre 1848 : élection au suffrage universel de Louis Napoléon Bonaparte, président de la République.


La République réactionnaire (1848-1851)

• Mai 1849 : élection de l’Assemblée législative ; triomphe des orléanistes, légitimistes et catholiques, qui se groupent en un « parti de l’Ordre » (plus de 450 députés sur 750). Elle prend des mesures de réaction contre l’« esprit de 1848 » (l’expédition de Rome pour rétablir Pie IX va dans le même sens).

• Mars 1850 : vote de la loi Falloux, qui abolit le monopole scolaire de l’Université et renforce le contrôle de l’enseignement par le clergé.

• Mai 1850 : réduction du suffrage universel aux contribuables résidant depuis trois ans dans leur commune.

• Juillet 1850 : diminution de la liberté de la presse (cautionnement, timbre).

• Conflit croissant entre l’Assemblée et le prince-président, qui, désirant pérenniser son pouvoir, intensifie sa propagande et pose la question de la révision constitutionnelle.

• 2 décembre 1851 : coup d’État du président, avec dissolution de l’Assemblée, écrasement des tentatives de résistance, arrestation et exil des républicains et socialistes.


Décembre 1851 - décembre 1852.
Transition vers l’Empire

• Établissement d’une Constitution de style monarchique, mise en tutelle des fonctionnaires, limitations à la liberté de la presse.

• 2 décembre 1852 : proclamation de l’Empire à la suite du plébiscite de novembre. Louis Napoléon Bonaparte prend le nom de Napoléon* III.


Le second Empire* (1852-1870)


L’Empire autoritaire (1852-1860)

• Toute-puissance du gouvernement : surveillance des élections (découpage des circonscriptions électorales, candidatures officielles), de l’Administration (serment de fidélité à l’empereur), de la presse (système des avertissements). Le gouvernement bénéficie de l’appui du clergé, de la bourgeoisie d’affaires (début du grand capitalisme*), de l’armée.

• Faiblesse de l’opposition : écrasante majorité de gouvernementaux aux élections de 1852, division des monarchistes, dispersion des républicains.

• 1858 : l’attentat manqué d’Orsini contre l’empereur permet à ce dernier de s’attaquer à l’opposition républicaine (qui a eu 5 élus en 1857) ; loi de sûreté générale, arrestation de nombreux suspects.


Une politique étrangère de prestige

• Principes : recherche de prestige militaire ou diplomatique, révision des traités de 1815, poursuite de l’expansion coloniale (intervention en Kabylie, 1857), volonté de se concilier les catholiques, respect du principe des nationalités en Europe.

• 1854-1856 : guerre de Crimée. Traité de Paris (30 mars 1856) : revanche morale de la France.

• 1858-59 : intervention militaire en Italie*. Traité de Zurich (nov. 1859) : le Milanais est cédé à la France, qui le donne au Piémont. Traité de Turin (mars 1860) : rattachement de la Savoie et de Nice à la France (confirmé par plébiscite, avr. 1860).


Un essai de régime libéralisé (1860-1870)

• Causes de l’évolution : défection des milieux d’affaires, qui redoutent la concurrence des produits anglais avec l’abaissement des tarifs douaniers (traités de commerce avec l’Angleterre, 1860), et des catholiques (politique italienne de Napoléon III), recherche d’appuis à gauche, fatigue de l’empereur.

• Concessions politiques : le Corps législatif recouvre progressivement les prérogatives parlementaires (droit d’adresse, 1860 ; droit d’interpellation, 1867 ; initiative des lois, 1869) ; loi sur la presse (1868) ; droit de réunion (1868).

• Concessions sociales : nombreuses mesures paternalistes et charitables ; loi sur les coalitions (1864), admettant le droit de grève. Mais l’empereur ne réussit pas à rallier les masses ouvrières, de plus en plus attirées par le socialisme* révolutionnaire et international et décidées à s’émanciper elles-mêmes. (V. internationales [les].)

• Échec des concessions politiques : l’opposition légale se renforce (32 opposants aux élections de 1863 ; 30 républicains et 40 catholiques en 1869).

Aléas de la politique extérieure :
— 1860 : intervention militaire en Syrie, en faveur des chrétiens maronites ; conquête de la Cochinchine (1859-1867) et protectorat sur le Cambodge (1863) ;
— 1862-1867 : échec de l’expédition au Mexique.
— 1866 : intervention diplomatique sans résultat dans la guerre austro-prussienne. Napoléon III se laisse manœuvrer par Bismarck*, qui veut consacrer l’unité allemande par une défaite française.

• 1870 : essai de régime parlementaire (janvier) ; les ministres ne sont plus responsables devant l’empereur (avril). L’opposition à l’Empire paraît battue après le plébiscite de mai 1870 approuvant l’évolution libérale de l’Empire.