Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Les ultras* et Villèle au pouvoir sous Louis XVIII (1820-1824)

• Juin 1820 : rétablissement de la censure ; loi du double vote, assurant la prépondérance des grands propriétaires.

• 1822 : loi autorisant le gouvernement à suspendre tout journal dont il désavoue la tendance. La nomination de Mgr Frayssinous comme grand maître marque le contrôle des évêques sur l’Université.

• 1823 : expédition d’Espagne pour rétablir Ferdinand VII et relever le prestige militaire français.

• 1824 : mort de Louis XVIII ; le comte d’Artois devient roi de France sous le nom de Charles* X.


Le règne ultra de Charles X (1824-1830)

Charles X incarne, aux yeux des libéraux, la contre-révolution cléricale et absolutiste.

Continuation du ministère Villèle (1824-1828)
1825 : sacre du roi à Reims suivant les rites de l’Ancien Régime. Loi sur le sacrilège. Loi du milliard des émigrés (en réparation de la vente des biens nationaux).
1826-27 : échec des lois plus réactionnaires sur le droit d’aînesse et sur la presse. L’opposition se manifeste à la Chambre et dans la rue.
Novembre 1827 - janvier 1828 : Villèle dissout la Chambre ; mais, les élections n’amenant que 125 députés partisans du ministre ultra, celui-ci démissionne.

Polignac* et la révolution de juillet 1830
Après l’intermède inefficace d’un ministère plus libéral présidé par Martignac (1828-29), les ultras reviennent en force au pouvoir avec le prince de Polignac (1829).
Opposition à la Chambre libérale. « Adresse des 221 » députés libéraux au roi exprimant leur méfiance au ministère (mars 1830).
5 juillet 1830 : prise d’Alger.
25 juillet 1830 : promulgation des quatre ordonnances de Saint-Cloud (restriction de la liberté de la presse, dissolution de la Chambre, limitation du droit de vote aux dépens des industriels et des commerçants, et organisation de nouvelles élections).
27, 28, 29 juillet 1830 : insurrection parisienne, les Trois Glorieuses. Les libéraux modérés portent au pouvoir le duc d’Orléans, Louis-Philippe. Abdication de Charles X ; Louis-Philippe d’Orléans devient lieutenant général du royaume avant de devenir roi des Français.


La monarchie de Juillet* (1830-1848)


Vers le renforcement du pouvoir personnel (1830-1840)

• 9 août 1830 : Louis-Philippe*, roi des Français, prête serment devant les Chambres. Plusieurs concessions libérales sont faites : révision de la Charte, rétablissement du drapeau tricolore, abrogation de l’article 14 de la Charte qui autorisait le roi à prendre des ordonnances, abaissement du cens d’éligibilité et électoral. Mais le cens est maintenu, et toute la politique du régime tendra à favoriser les notables de l’industrie et du commerce.

• Le régime de la monarchie bourgeoise doit tenir compte d’une triple opposition : celle des légitimistes, des bonapartistes et des républicains.

• Quant aux tenants du régime, particulièrement méfiants à l’égard des « classes laborieuses », ils se divisent en parti libéral du « mouvement » et en parti conservateur de la « résistance ». Le ministère du « mouvement » Laffitte (2 nov. 1830 - 13 mars 1831) est incapable d’enrayer le désordre.

• Le ministère de la « résistance » Casimir Perier (13 mars 1831 - 16 mai 1832) fait une répression brutale de l’agitation (émeute des canuts* de Lyon, nov. 1831). Casimir Perier est emporté par le choléra qui ravage la France en 1832.

• 28 juillet 1835 : attentat de Fieschi contre Louis-Philippe ; il est suivi par des mesures répressives, notamment envers la presse (loi de sept. 1835).

• Mai 1839 - octobre 1840 : ministère Soult, puis Thiers. Celui-ci est écarté parce qu’il veut la guerre contre l’Angleterre. Or, la bourgeoisie possédante au pouvoir est essentiellement pacifiste.


Guizot* et le régime personnel (1840-1848)

• Guizot, ministre des Affaires étrangères (1840-1847), puis président du Conseil (1847-48), détient le pouvoir réel.

• Politique de stabilité intérieure, favorisée par les candidatures de fonctionnaires, hostilité à toute réforme, encouragement au développement économique et à l’enrichissement général (caisses d’épargne). Organisation de l’enseignement primaire.

• Politique de paix extérieure : concessions à l’Angleterre (affaire Pritchard) et traité de Londres (1840) ; l’Algérie, conquise peu à peu, est livrée aux colons.

• Renforcement de l’opposition idéologique — catholiques libéraux (La Mennais, Lacordaire, Montalembert), socialistes (Louis Blanc) —, favorisée par le développement du prolétariat urbain et par la grande dépression économique de 1846-47.

• 1847-48 : l’opposition à la Chambre, qui considère que « la France s’ennuie » et que le régime est corrompu, réclame la réforme électorale (élargissement du droit de suffrage), que refuse Guizot ; sur ce thème se déroule la campagne des banquets réformistes, dont profitent les républicains (1847).

• 22-24 février 1848 : interdiction du banquet à Paris, qui provoque une manifestation parisienne ; Louis-Philippe renvoie Guizot ; mais la fusillade du boulevard des Capucines entraîne le soulèvement de Paris, la prise de l’Hôtel de Ville et l’abdication de Louis-Philippe (24 févr.).


La France en 1848

• Pendant la première moitié du xixe s., la France reste un pays essentiellement agricole ; en 1840 encore, les trois quarts des Français vivent dans des communes de moins de 3 000 habitants ; la supériorité de la fortune foncière sur la richesse mobilière est incontestable, comme le prouvent les annuités successorales. Mais si les paysans représentent les deux tiers de la population active, ils possèdent un peu moins de la moitié du sol cultivable.

• Les terres sont morcelées à l’extrême : en 1842, on compte en France 11 millions et demi de cotes foncières ; dans l’ensemble, la production agricole est encore trop orientée vers l’autoconsommation familiale. Si la France connaît un commencement de révolution industrielle, aucune révolution agricole ne la double ; les industries rurales, qui constituent un appoint pour le monde paysan, manquent de rayonnement ; la faucille est beaucoup plus employée que la faux ; l’exploitation des forêts reste très défectueuse.

• Cependant, la monarchie de Juillet, à partir de 1840 surtout, fait faire à l’agriculture française des progrès non négligeables ; en particulier la loi de 1836 sur les chemins de grande et de petite communication fait sortir les campagnes de leur épais isolement.

• Mais, quand Louis-Philippe tombe, la France rurale est loin d’avoir perdu tous les traits de son visage séculaire, comme en témoigne la terrible crise de 1847, qu’expliquent en partie l’insuffisance de la production agricole, le dérèglement du commerce des grains et les difficultés des communications.

• À la veille de la révolution de 1848, le pays n’est industrialisé d’une manière « moderne » que par zones réduites.