Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

La thermo-électricité classique s’est développée récemment de manière spectaculaire, devant alimenter en priorité la croissance d’une consommation globale d’électricité qui double approximativement tous les dix ans (le quart de la consommation finale d’énergie en 1970). Les besoins de refroidissement en eau (augmentant avec la taille des groupes), la proximité des marchés de consommation, des sources d’approvisionnement en combustible expliquent les localisations préférentielles : vallée de la Seine dans la Région parisienne (Porcheville, Vitry, etc.), de la Moselle (La Maxe), aujourd’hui estuaires et fronts de mer (Le Havre, Cordemais, Ambès, Martigues-Ponteau, etc.). La production thermique classique a dépassé 100 TWh en 1972 (équivalent énergétique de quelque 35 Mtec). Elle est appelée à croître encore rapidement ; la relève nucléaire sera partielle et encore lointaine.

R. O.


Les grandes industries françaises


Les industries métallurgiques

La sidérurgie produit plus de 18 Mt de fonte et plus de 24 Mt d’acier. Même après les nombreuses fusions et concentrations, qui se sont produites au cours des deux dernières décennies, les entreprises sidérurgiques restent de taille moyenne, à l’échelle internationale : avec chacune une capacité de production inférieure à 10 Mt, Usinor et Wendel-Sidelor fournissent plus de 70 p. 100 de l’acier français. Malgré la place de l’électrométallurgie (Alpes du Nord, Massif central), et du fait du développement modéré de l’aciérie à l’oxygène, on coule encore essentiellement de l’acier Thomas. 90 p. 100 de la production sidérurgique française sont obtenus le long de la frontière du Nord-Est. La part de la Lorraine n’est plus que de 60 p. 100, tandis que celle du Nord augmente du fait du développement de l’usine intégrée de Dunkerque. Le fer lorrain est traité avec de la houille de la Ruhr, de la Sarre et aussi de Lorraine, dans les usines des vallées de l’Orne, de la Fentsch et de la Moselle ; le fer lorrain et la houille locale animent la sidérurgie de Valenciennes, alors que celle de Dunkerque est fondée sur des importations. La reprise vigoureuse de la sidérurgie depuis 1969 a stoppé le déclin des mines de fer (55 Mt de minerai) de Lorraine, pourtant défavorisées par une réduction sensible des exportations (de 26 à 19 Mt). Moindre est l’activité des usines du Centre (Saint-Étienne, Le Creusot) et des Alpes du Nord (Ugine, Allevard). Une seconde usine intégrée littorale est en construction à Fos, près de Marseille. Au total, un peu plus de 10 000 personnes travaillent dans les mines de fer et environ 150 000 dans la sidérurgie.

Parmi les industries des métaux non ferreux, seule celle de l’aluminium est de classe internationale. Plus de 370 000 t d’aluminium de première fusion (et 85 000 de seconde fusion) sont obtenues par le groupe Pechiney-Ugine. Outre quelques importations d’Australie, les usines françaises traitent des bauxites extraites en Provence, pour 80 p. 100, et dans l’Hérault, pour 20 p. 100. Les usines du Sud-Ouest, dont celle de Noguères, liée au gaz de Lacq, produisent aujourd’hui plus de métal que celles des Alpes du Nord (notamment Saint-Jean-de-Maurienne). Peu développées, les industries des autres métaux non ferreux sont essentiellement aux mains de sociétés contrôlées par des capitaux étrangers.

Bien plus variée, la métallurgie de transformation emploie plus de 1 250 000 personnes ; 350 000 autres travaillent dans l’industrie du matériel électrique et électronique. Proches de la sidérurgie sont les industries de première transformation des métaux (fonderie, chaudronnerie, tréfilerie), dont les foyers les plus actifs sont dans l’est du Bassin parisien, la porte de Bourgogne et la région lyonnaise ; elles emploient 80 000 personnes. Toute une gamme d’industries fabriquent du matériel d’équipement. 30 000 personnes travaillent à la fabrication de charpentes métalliques ; le plus grand nombre de ces entreprises sont installées dans le Nord, le Nord-Est et la Région parisienne. L’industrie des machines-outils (100 000 salariés) reste insuffisante : plus de 40 p. 100 de la main-d’œuvre sont employés dans la Région parisienne, et de gros effectifs en haute Alsace et dans la porte de Bourgogne d’une part, dans la région lyonnaise d’autre part.

La construction du matériel de transport est, par le chiffre d’affaires et par les effectifs employés, une des branches les plus importantes. Sont construits plus de 2 millions de véhicules automobiles (dont plus de 80 p. 100 de voitures de tourisme) ; près de la moitié de la production est exportée. À elle seule, la Régie nationale des usines Renault fabrique plus du tiers des voitures, devançant nettement Peugeot et Citroën, à peu près à égalité, puis Chrysler-France. Longtemps fief de l’agglomération parisienne, cette industrie automobile est en partie déconcentrée : outre Montbéliard et Lyon, centres déjà traditionnels, de nouvelles usines sont apparues dans la vallée de la Seine et à Rennes. La rationalisation des chantiers navals les a tirés du marasme et hissés aux premiers rangs en Europe. Si des chantiers ont été fermés (Bordeaux, Le Trait), ceux de Dunkerque et de La Ciotat et surtout de Saint-Nazaire sont de niveau international. Une des premières du monde, l’industrie aéronautique s’est assuré une large audience internationale par la qualité des appareils militaires et civils (Caravelle), ainsi que par ses projets (Concorde, Airbus, Mercure). Outre Paris, elle est établie dans les villes du Sud-Ouest, notamment à Bordeaux et à Toulouse. Flatteuse est la position sur le marché international de la construction du matériel ferroviaire (Belfort, Paris, Lille).

La construction du matériel électrique et électronique est en plein essor. Les grandes entreprises ont installé leurs unités de production dans les régions de Paris et de Lyon, où la main-d’œuvre de qualité est abondante ; de nombreuses décentralisations ont toutefois été effectuées vers des régions rurales proches (Normandie, région de la Loire, Bourgogne). Cette industrie produit un matériel très varié qu’elle vend pour plus de moitié à l’État et aux communautés publiques.