Langue romane parlée en France et dans certains pays étrangers de civilisation française.
Formation et histoire
Les origines
Le français est, comme l’italien, le portugais, l’espagnol, le roumain, une des langues romanes qui sont nées des transformations successives subies par le latin tel qu’il était parlé dans certaines parties de l’Empire romain ; plus précisément, il est issu du dialecte francien, venu lui-même du latin utilisé dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’Île-de-France.
On ne sait pas grand-chose des formes que le latin avait prises en Île-de-France. On peut penser, toutefois, que sa prononciation était influencée par le parler primitivement celtique des populations qui avaient adopté le latin ; le parler préexistant (substrat) n’a laissé de traces indiscutables que dans le vocabulaire, et en petit nombre.
Les Grandes Invasions, amenant en Gaule des populations de langue germanique, ont provoqué dans certaines zones l’implantation de parlers non romans et ailleurs, avec la disparition des écoles et des moyens de communication avec l’Italie, une évolution linguistique rapide.
Dès le ve s., la langue parlée courante est certainement très différente du bas latin des textes (documents, diplômes, formules). Des commentaires en marge de ceux-ci donnent déjà la traduction en roman des mots jugés les plus difficiles. Le bas latin est lui-même très différent du latin classique.
L’apparition de la nouvelle langue : le roman
Le concile de Tours (813) consacre l’existence d’une nouvelle langue, différente du latin, en recommandant pour prêcher l’utilisation de la « langue courante » à la place du latin, que les fidèles ne comprennent plus. Les « serments de Strasbourg » (14 févr. 842), Louis le Germanique jurant en roman, alors que Charles le Chauve le faisait en germanique, nous offrent le premier texte suivi utilisant la nouvelle langue. Le xe s. nous a laissé la Séquence de sainte Eulalie, Jonas, la Vie de saint Léger et, pour les variétés méridionales de roman, la Passion du Christ ; le xie s. la Vie de saint Alexis et surtout la Chanson de Roland. On peut penser que, dès cette époque, l’unité relative du roman des textes recouvre une très grande diversité d’où sont sortis les dialectes régionaux, regroupés en trois langues : la langue d’oïl et la langue d’oc, désignées d’après la manière de dire « oui », et le franco-provençal. L’accession au trône des Capétiens, seigneurs de l’Île-de-France (Hugues Capet est le premier roi qui ait ignoré le germanique), va étendre l’emploi progressif du francien hors de son aire d’origine, au détriment de dialectes comme le picard, le champenois ou le normand, qui ont influencé la forme des premières grandes œuvres littéraires (chansons de geste, romans de Chrétien de Troyes, Roman de Renart, fabliaux, Jeu de saint Nicolas).
L’ancien français
Par rapport au latin, l’ancien français est caractérisé par quelques traits marquants :
— la réduction de la déclinaison à deux cas seulement au lieu de six, ces deux cas étant le cas sujet, venant du nominatif latin, et le cas régime, venant de l’accusatif et exprimant toutes les fonctions compléments ;
— l’extension de l’emploi des prépositions (qui compense la réduction du nombre de cas), à côté du maintien du tour possessif du type la fille le roi ;
— le bouleversement de la conjugaison, par la disparition de formes latines (passif et déponent, plus-que-parfait, futur simple, futur antérieur, impératif, parfait et plus-que-parfait du subjonctif) et par la création de formes nouvelles (un nouveau futur et un conditionnel futur-du-passé naissent de l’agglutination à l’infinitif, le premier de l’indicatif présent du verbe avoir, le deuxième de son imparfait) et de formes périphrastiques, composées des auxiliaires avoir et être, donnant un nouveau passif, un nouveau parfait, un nouveau plus-que-parfait, un nouveau futur antérieur, les « temps composés » du subjonctif et du conditionnel ;
— l’apparition de l’article : les définis li, le, li, les, la, les viennent du démonstratif ille et les indéfinis uns, un, une du numéral unus.
L’évolution phonétique a transformé de manière considérable l’aspect des mots : les consonnes se trouvant entre deux voyelles se sont affaiblies (ripa → rive) ou ont disparu (-ata → -ée) ; des semi-consonnes se sont renforcées ; on trouve des consonnes que le latin n’avait pas, comme ce que nous écrivons généralement v, z, j, ch, etc. Les syllabes ou les voyelles non toniques ont tendu à disparaître ou ont disparu, sauf a, qui a abouti à e (alors prononcé ā), é ou è. Ainsi, bonitatem donna bonté après disparition de i, de -tem et passage de a tonique à é. Enfin, la voyelle latine écrite u (prononcée comme ce que nous écrivons ou), quand elle était longue, a pris le son de ce que nous écrivons u.