Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Alpes françaises (suite)

Dans les Alpes du Nord, les régions les plus élevées, les plus froides et humides (Préalpes et massifs centraux) se dépeuplèrent, mais la population de l’ensemble ne décrut pas dans la seconde moitié du xixe s. grâce à la croissance des localités du Sillon alpin et des cluses. Cette croissance s’est poursuivie pendant la première moitié du xxe s. et s’est accélérée depuis 1954. Entre 1954 et 1975, la population de la Haute-Savoie s’est accrue de plus du tiers, celle de l’arrondissement de Grenoble, dans l’Isère, de moitié. À l’excédent naturel s’ajoute l’immigration. En revanche, de 1851 à 1954, les Alpes du Sud ont perdu environ 40 p. 100 de leur population. Un renversement de la tendance séculaire s’est manifesté depuis une quinzaine d’années, puisque la population des Hautes-Alpes s’est accrue de plus de 15 p. 100 entre 1954 et 1975, celle des Alpes-de-Haute-Provence de plus de 20 p. 100 pendant la même période.


L’économie

Cette croissance démographique des Alpes du Sud, récente et encore modeste, est liée à divers facteurs, parmi lesquels il faut citer l’aménagement de la vallée de la Durance, en aval de Serre-Ponçon, coupée de barrages, dont les retenues alimentent une chaîne de centrales et aussi les canaux d’irrigation. L’hydro-électricité ne joue toutefois qu’un rôle modeste dans l’industrialisation, peu développée en dehors de Saint-Auban et de L’Argentière. L’urbanisation est médiocre. Les villes (Briançon, Gap, Barcelonnette, Embrun) sont des marchés agricoles et des centres administratifs ; seul Gap dépasse 20 000 habitants. Le tourisme estival et hivernal se développe (Serre-Chevalier, Briançon, Valberg), mais l’agriculture demeure le fondement de l’économie. L’élevage ovin, les cultures de céréales (blé principalement), de la lavande (sur le plateau de Valensole) dominent dans les régions externes ; les prairies sont limitées aux fonds irrigués des vallées, et l’élevage bovin est restreint à la zone intra-alpine, plus arrosée (Ubaye, Queyras). La vigne ne subsiste que localement (Die). En revanche, l’arboriculture se développe dans la vallée de la Durance.

Les Alpes du Nord sont animées d’un tout autre dynamisme, qui est en rapport avec le développement urbain et industriel. Les vallées sont les sites privilégiés des villes, en particulier les cluses, où se localisent les trois plus grandes d’entre elles, Annecy, Chambéry et Grenoble, toutes trois chefs-lieux de département, villes administratives et commerçantes donc, mais aussi, au moins pour Annecy et Grenoble, cités industrielles en rapide essor. Au nord, la moyenne vallée de l’Arve, de Cluses à Bonneville, est la grande région française de décolletage. En Maurienne et en Tarentaise, les grandes centrales hydrauliques (Aussois, Malgovert, La Bâthie-Roselend) alimentent en énergie de petites villes industrielles (aluminium à Saint-Jean-de-Maurienne). L’agriculture n’est pas absente. L’élevage bovin domine dans le Chablais, les Bornes, les Bauges ; l’exploitation forestière est plus importante dans la Grande-Chartreuse et le Vercors. Les deux types d’économie sont associés dans les massifs centraux et la zone intra-alpine, profondément pénétrés aussi par le tourisme hivernal (Chamonix, Megève, Courchevel, Val-d’Isère, l’Alpe d’Huez, etc.). Les cultures se sont réfugiées dans les régions d’abri, particulièrement dans la Combe de Savoie et le Grésivaudan, qui portent du maïs, du tabac, des vergers et même de la vigne.

Région montagneuse, les Alpes françaises n’ont pas échappé au phénomène géographique majeur du dernier siècle, la concentration de la population en quelques points ou axes privilégiés, liée à la ponctualisation des activités productives que constitue le développement de l’industrie (et aussi des services). L’apparition et l’application industrielle de la houille blanche à l’instant où s’édifièrent les premières voies ferrées ont sauvé les Alpes françaises, évitant une dépopulation de grande ampleur. L’équipement hydro-électrique est presque achevé (les centrales des Alpes fournissent annuellement de 15 à 20 milliards de kilowatts-heures) et les progrès du transport de l’énergie électrique cessent de lier production et utilisation, mais l’infrastructure urbaine et industrielle est en place, et des stimulants nouveaux (dont l’essor des loisirs, l’équipement universitaire) ont relayé l’hydro-électricité, assumant la poursuite du développement, au moins dans les Alpes du Nord.

R. O.

➙ Alpes / Alpes (Hautes-) / Alpes-de-Haute-Provence / Alpes-Maritimes / Annecy / Chambéry / Grenoble / Isère / Provence - Côte-d’Azur / Rhône-Alpes / Savoie / Savoie (Haute-).

 V. Alpes.

Alpes-Maritimes. 06

Départ. de la Région Provence - Côte-d’Azur ; 4 294 km2 ; 816 681 hab. Ch.-l. Nice. S.-préf. Grasse.


Il a été formé en 1860 par la réunion du comté de Nice et de l’arrondissement de Grasse.

Département le plus peuplé de la Région Provence-Côte-d’Azur après les Bouches-du-Rhône*, les Alpes-Maritimes se caractérisent par une population en accroissement constant. Le gain enregistré depuis 1962 avoisine 200 000 habitants, soit une progression d’un tiers. Cet essor spectaculaire repose uniquement sur un bilan migratoire sans cesse positif, qui traduit toute l’ampleur des flux humains vers la Côte d’Azur. Cette population, généralement âgée, ne manifeste qu’un dynamisme biologique réduit, mais l’apport des nouveaux venus compense les carences du solde naturel.

Cet attrait est dû en grande partie à un climat particulièrement favorable, qui imprime sa marque sur le littoral et fait la valeur d’une côte devenue une des grandes régions balnéaires du monde. Il se caractérise par la luminosité de l’atmosphère, l’importance de l’insolation, la chaleur des étés et la clémence des hivers, grâce à la proximité de la Méditerranée et de l’écran montagnard qui forme un barrage aux vents du nord.

Mais, en réalité, le département recouvre deux ensembles fort différents, et le décalage s’accroît entre la frange urbaine littorale, particulièrement dynamique, et l’intérieur, beaucoup plus replié sur lui-même et peu ouvert aux grands courants de circulation.