Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Fons (suite)

Les croyances religieuses, cosmologiques et mythologiques jouent un rôle important dans le maintien de la cohésion sociale. C’est le culte des ancêtres qui permet la perpétuation des clans. Mais que ce soit au niveau des clans ou du royaume, il existe une correspondance entre l’organisation de l’univers et celle de la société humaine. Ainsi, la hiérarchie des dieux est semblable à la hiérarchie administrative royale. C’est d’ailleurs le roi qui contrôlait le développement des cultes. L’histoire du royaume explique d’autre part le caractère composite de la religion fon, qui possède de nombreux éléments empruntés aux populations voisines. Les groupes de dieux s’appelaient vodou. Les divinités principales étaient le couple créateur Mahou-Lissa. Mahou, le principe femelle, correspond à la Lune, et Lissa, le principe mâle, correspond au Soleil.

La colonisation, en introduisant les religions catholique et protestante, a remis en cause les fondements religieux du système social. Par ailleurs, les cultures commerciales de l’huile de palme et du cocotier continuent toujours, associées aux cultures vivrières du manioc, du maïs, de l’arachide et de la tomate.

J. C.

➙ Abomey (royaume d’) / Dahomey.

 M. J. Herskovits, Dahomey, an Ancient West African Kingdom (New York, 1938 ; 2 vol.). / M. Quenum, Au pays des Fons (Larose, 1938). / S. Mercier, « The Fon of Dahomey » in African Worlds, sous la dir. de D. Forde (Londres, 1963).

Fontaine (Pierre François Léonard) et Percier (Charles)

Architectes français, créateurs du style Empire*, qui, par leur enseignement comme par leur œuvre, ont exercé une large influence durant un demi-siècle. Vingt années de collaboration et une amitié qui ne se départit jamais ont rendu leurs noms inséparables.


Pierre François Léonard Fontaine (Pontoise 1762 - Paris 1853) était fils d’architecte ; de condition plus modeste, Charles Percier (Paris 1764 - id. 1838) avait dû entrer chez Jean Chalgrin (1739-1811), puis chez Pierre Adrien Paris (1746-1819) pour gagner sa vie.

Ils sont condisciples à l’école de l’Académie. En 1785, Fontaine se voit refuser le Grand Prix (pour la virtuosité de son dessin !) ; il se cabre, part pour Rome à ses frais en attendant d’obtenir une bourse. Percier, lauréat en 1786, le rejoint ; et les « Étrusques », comme on les surnomme, vont cinq années durant étudier les monuments romains. Percier, plus attaché à l’aspect décoratif, ira visiter Pompéi, s’attardera devant la Renaissance toscane ou les « antiques » de Provence, à son retour, en 1792.

Acquis aux idées révolutionnaires, Percier se fixe à Paris. Pour l’aider à exécuter des décors d’opéra, il fait appel à Fontaine, parti tenter sa chance à Londres. La décoration de l’hôtel Chauvelin leur permet d’être présentés à Mme Bonaparte : elle les charge de transformer Malmaison. De là date leur fortune ; elle vaudra à Fontaine de devenir premier architecte de l’Empereur (1807) et d’entrer — avec Percier — à l’Institut.

Leur œuvre au service de Napoléon est considérable : les châteaux de Saint-Cloud, Rambouillet, Versailles, Compiègne et Fontainebleau sont restaurés, rendus habitables ; ils travaillent même aux résidences impériales dans les provinces conquises. Dans la capitale, c’est l’aménagement des Tuileries, puis du vieux Louvre*, dont la physionomie actuelle leur doit tant, enfin le dégagement des deux palais, grâce à la percée de la rue de Rivoli, et l’érection de l’arc de triomphe du Carrousel, qui, par sa grâce et sa mesure, reste leur chef-d’œuvre (1806-1808).

Malgré leur ampleur, ces travaux ne sont pas dignes à leurs yeux de la grandeur du règne. En 1811-12, ils projettent de grouper au Champ-de-Mars les services de l’État, au pied d’un palais du roi de Rome qui couronnerait la colline de Chaillot. Mais les revers napoléoniens les empêcheront de mener à son terme la réalisation de cet ensemble grandiose.

Au retour des Bourbons, Percier se retire et Fontaine poursuit seul son rôle de premier architecte. Sous Louis XVIII, il élève la Chapelle expiatoire (Paris, 1816-1826) ; pour Charles X, il aménage au Louvre les galeries égyptiennes et grecques. Malgré son grand âge, il restera jusqu’en 1848 architecte des bâtiments de la Couronne, transformant Versailles en musée à la demande de Louis-Philippe, pour lequel il avait naguère restaure le Palais-Royal et ouvert la galerie d’Orléans (1829).

L’influence de Percier et Fontaine ne se limite pas à leur œuvre bâtie, dont les plans furent publiés du reste par leurs soins, de même que leurs projets de décoration intérieure et de mobilier.

Elle est pour une large part due à leur enseignement. Les nombreux élèves de l’atelier qu’ils avaient fondé et d’où sont sortis la plupart des prix de Rome de 1800 à 1820 ont assuré le rayonnement de leur doctrine durant le xixe s.

Ennemis de toute exclusive, Percier et Fontaine proposaient, à côté des modèles du siècle d’Auguste, ceux de la Renaissance, comme « plus adaptés à nos mœurs », et préconisaient un décor léger et polychrome. Leur sensibilité et leur caractère pondéré ont évité à la seconde génération du néoclassicisme (v. classicisme) l’écueil de la démesure et du grandiloquent, préparé les voies qui seront celles de l’éclectisme*. Partisans de la relativité en art, ils se sont faits les défenseurs de la raison pratique, bien avant Viollet-le-Duc*.

H. P.

 M. Fouché, Percier et Fontaine. Bibliographie critique (Laurens, 1904). / J. Duportal, Charles Percier, architecte (Rousseau, 1931). / M.-L. Biver, Pierre Fontaine, premier architecte de l’Empereur (Plon, 1964).


Quelques disciples de Percier et de Fontaine


Augustin Nicolas Caristie

(1783-1862) : restauration de l’arc d’Orange et du château d’Anet.


François Debret

(1777-1850) : commencement de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, à Paris.


Martin Pierre Gauthier

(1790-1855) : hôpital Lariboisière (Paris, 1846-1854).


Jacques Ignace Hittorff

(1792-1867) : église Saint-Vincent-de-Paul (1825-1844), mairie du Ier arrondissement (1857-1861), gare du Nord (1861-1863), à Paris ; diverses études sur l’architecture antique.


Louis Hippolyte Lebas

(1782-1867) : Notre-Dame-de-Lorette (Paris, 1823-1836).


Jean-Baptiste Cicéron Lesueur

(1794-1883) : agrandissement de l’Hôtel de Ville de Paris (1836-1852).


Auguste Ricard, dit de Montferrand

(1786-1858) : cathédrale Saint-Isaac à Saint-Pétersbourg (1817-1857).


Louis Tullius Joachim Visconti

(1791-1853) : tombeau de Napoléon aux Invalides (Paris, 1841-1861) ; plans pour la réunion du Louvre et des Tuileries, repris par Hector Lefuel (1810-1881).