Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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folklore (suite)

L’étude du folklore rejoint celle de la littérature comparée. Le type de Don Juan est transmis par des ballades populaires du Romancero espagnol et aussi par des récits traditionnels sur le thème du Mort invité. On sait que l’histoire de Faust, magicien ou docteur, a connu une diffusion européenne, et le fait qu’on la trouve dans des livrets de colportage populaires n’est pas sans importance, car il s’agit, antérieurement à Goethe, d’un personnage de légende. La Divine Comédie de Dante, qui est l’œuvre personnelle du poète, se rattache cependant, par son thème essentiel, à un substrat légendaire relatif aux voyages dans l’au-delà. Quelques images épisodiques, comme la vision de Caïn, l’homme chargé d’un fagot d’épines que l’on aperçoit dans la lune, pourraient bien provenir d’une source folklorique, car cette interprétation des taches de la lune fait partie de la tradition populaire et se rencontre ailleurs. Quant aux idées centrales ésotériques du poème, elles seraient partiellement influencées, d’après de récents travaux d’érudition, par des sources livresques orientales (le livre de l’Échelle de Mahomet). Les problèmes concernant les emprunts faits à la tradition ou à l’écrit peuvent mieux être délimités grâce au folklore.

Enfin, l’observation des conteurs et des chanteurs permet d’essayer de comprendre les conditions dans lesquelles se sont développés certains genres littéraires qui furent, à leur début, transmis par la parole : les recherches contemporaines relatives à l’épopée (la diction homérique, l’art épique des jongleurs, etc.) sont parfois tributaires de l’étude du folklore.

A. de F.

➙ Conte / Épopée / Littérature / Nouvelle.

fonction publique

Ensemble des agents assurant le fonctionnement des services publics.


Dans toute collectivité humaine organisée, les dirigeants sont assistés d’agents chargés de veiller à l’exécution de leurs décisions et d’administrer la justice. Ces agents occupent une place à part dans la nation, tant du fait des devoirs qui leur incombent que des privilèges qui leur sont reconnus. Trois régimes différents peuvent leur être appliqués : le système des offices et charges héréditaires, le système du recrutement arbitraire par des dirigeants qui en changent à leur gré et le système du statut. Ce dernier est actuellement le plus généralement en vigueur.

Il implique le plus souvent la notion de carrière, l’agent consacrant la totalité de sa vie professionnelle au service de la collectivité publique qui l’emploie.

En République fédérale allemande, le Berufsbeamtentum (fonction publique professionnelle) est resté très marqué par l’empreinte reçue en Prusse aux xviie et xviiie s. À l’irrévocabilité, au strict esprit d’obéissance hiérarchique et à l’apolitisme avait succédé, sous la république de Weimar, un système de garanties disciplinaires et statutaires et de liberté d’opinion. Le IIIe Reich n’eut pas de peine à introduire l’obligation de fidélité au régime. Le statut actuel (loi fondamentale de la République et lois spéciales de 1953 et de 1955) impose encore au fonctionnaire fédéral une notion de fidélité qui lui interdit toute participation à un mouvement dont l’objet serait dirigé contre l’ « ordre fondamental ».

Aux États-Unis, le spoils system (« système des dépouilles », par lequel chaque changement de président ou de gouverneur entraînait un renouvellement complet des équipes administratives) a été abandonné au cours du xxe s. au profit d’un régime statutaire, un assez grand nombre d’agents locaux ou fédéraux (notamment dans la police et la magistrature) étant recrutés cependant par voie d’élections. Il est fréquent, par ailleurs, qu’une haute fonction administrative soit, pour un temps, confiée à un cadre ou à un administrateur d’affaire privée.

Le service civil britannique

Compte non tenu des titulaires de postes politiques ou judiciaires, des enseignants et des agents des administrations locales, la Grande-Bretagne comptait en 1968 environ 1 775 000 agents permanents rémunérés par des fonds publics. L’objectif de la politique gouvernementale est de donner un statut unique à l’ensemble des fonctionnaires civils, la diversité actuelle étant la conséquence de révolution des fonctions des pouvoirs publics au xxe s.

À l’origine, les agents des administrations centrales étaient choisis par les principaux collaborateurs des ministres et secrétaires d’État, et ils perdaient leur emploi en même temps que ces derniers. Cependant, à partir du xvie s., se dessine dans l’Administration une certaine permanence. Une série de réformes interviennent au cours du xixe s., visant successivement à la recherche de l’honnêteté, de l’efficacité, puis de l’unité de la fonction publique. Le nombre des catégories de fonctionnaires s’accroît sensiblement en même temps que se développent les fonctions de l’Administration. Par ailleurs, une certaine spécialisation se produit.

On distingue encore 47 « classes » générales de la fonction publique, dont les membres sont répartis dans l’ensemble de l’Administration, et, par ailleurs, plus de 1 400 « classes » dont les membres ne travaillent que dans un seul département ministériel et qui représentent 27 p. 100 du civil service. La quasi-totalité de ces « classes » ont leur propre structure hiérarchique et leur propre échelle de traitements ; en principe, des cloisons étanches séparent ces diverses catégories de fonctionnaires, dont le recrutement est généralement fonction de la formation scolaire ou professionnelle. Chaque « classe » a des fonctions déterminées ; tout ce qui touche à la conception de la politique, à la coordination et à l’amélioration du mécanisme gouvernemental, à l’administration générale et au contrôle des départements ministériels est réservé aux membres de l’administrative class aidés par les membres de l’executive class ; les tâches techniques sont confiées à des « classes » de spécialistes. Quand des administrateurs et des spécialistes sont engagés dans une activité commune, l’Administration utilise en général un système complexe de hiérarchies parallèles ou conjointes, qui permet à l’administrateur de n’être subordonné qu’à un administrateur de rang supérieur et au spécialiste de ne rendre compte qu’à un autre spécialiste.