Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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folklore (suite)

Dans toutes les régions de vignobles, on rencontre des danses ayant comme accessoires des arceaux de branches de vigne, qui se transforment en arceaux de fleurs dans d’autres régions (Roumanie, Catalogne, comté de Nice, etc.), et de nombreuses danses traditionnelles perpétuent la carole médiévale : ainsi le Fest-Noz authentique de la Bretagne des montagnes, où se pratique une danse en chaîne fermée, accompagnée par le chant de deux coryphées, repris ensuite en chœur par les danseurs.

La danse moderne emprunte souvent ses figures au folklore étranger (le letkiss vient de Laponie, le sirtaki de Grèce) ; d’autres danses empruntent des rythmes afro-cubains : bossa nova, cha-cha-cha, merengue, tamouré, etc.

Le folklore se rattache aussi à la mode par la diversité et les transformations des costumes. Il n’est pas rare de constater que le style de la haute couture s’inspire périodiquement des costumes traditionnels du monde entier. En France, le costume est quasiment moderne et ne remonte généralement pas plus loin que la Révolution, pour se fixer dans la plupart des cas aux environs de 1830. Son développement est intimement mêlé à l’histoire. Avant la Révolution, des lois interdisant certains tissus aux paysans et aux bourgeois, au bénéfice de la noblesse, avaient revêtu les habitants des campagnes d’une bure uniforme. Sitôt les privilèges abolis, le costume paysan mélange les broderies aux dentelles ; les jupons féminins s’ornent souvent dans le bas de trois rubans pour simuler les jupons superposés de la défunte Cour. Les Vendéennes républicaines portent sous leur robe un jupon tricolore, et les Bretons de Cornouaille doivent le « glasik » (bleu) de leurs « chupens » aux surplus de l’armée de Napoléon.

Parallèlement s’épanouit la flore innombrable des coiffes provinciales, dont certaines, les quimpéroises, les bigoudens, les sablaises, n’ont pas terminé leur évolution.


La chanson

L’un des aspects les plus importants du folklore est la chanson.

On a beaucoup discuté — et l’on discute encore — sur ses origines. Les uns y voient une création spontanée et populaire, d’autres la transformation par le peuple d’une chanson* littéraire.

En réalité, il y a eu et il y aura toujours dans le peuple de remarquables improvisateurs (en particulier dans tout le Bassin méditerranéen). Certaines chansons populaires sont d’inspiration collective : elles se reconnaissent à leurs couplets de facture inégale (par exemple « la Mort de La Palice »). D’autre part, il est certain qu’en raison de leur contexte des chansons passées au folklore ont une origine littéraire, voire aristocratique : la chanson de route Ne pleure pas Jeannette a pour lointain ancêtre la chanson de toile Bele Amelot soule en chambre feloit, en passant par le stade folklorique de la Pernette. La chanson des Trois Princesses (sous leur pommier d’août) descend d’une autre chanson de toile du xiiie s., Trois Sereurs sur rive mer chantent cler. Une pastourelle bourguignonne n’est en réalité qu’une ariette de Charles Simon Favart (1710-1792) [Il était une fille d’honneur].

Toujours recueillis et transformés par la tradition orale qui en modifie le texte et la musique, les principaux thèmes de la chanson folklorique sont communs à toute l’Europe et même au-delà par le jeu des conquêtes ou des émigrations. On retrouve la Claire Fontaine, que revendique le Canada, sous le titre Sur les bords de la Seine, chanson publiée par Ballard dès le début du xviiie s. Le thème initial d’une chanson se transforme selon le tempérament propre à chaque peuple, par exemple la Ballade du roi Renaud, d’origine scandinave, dont on retrouve des versions en Europe centrale et en Écosse, pour aboutir au « gwerz » breton du seigneur Nann, qui se propage ensuite dans les provinces de l’ouest de la France.

Le folklore dévore tous les jours le régionalisme (œuvre s’inspirant d’une province, d’une coutume, mais dont on connaît encore le nom de l’auteur).

En France, certains chansonniers régionalistes passent au folklore avec plus ou moins de rapidité : en Béarn, Pierre Jélyotte, Cyprien Despourrins, Xavier Navarrot (1799-1862) ; en Provence, Frédéric Mistral, Théodore Aubanel, Charles Rieu (dit Charloun) ; dans le comté de Nice, Menica Rondelly, Georges Delrieu, Louis Genari ; dans le Nord, Alexandre Desrousseaux ; etc.

Mais, ainsi que Van Gennep l’a remarqué, le régionalisme « doit avoir recours au folklore pour éviter les fausses manœuvres ». Ce qui fait du folklore une science particulièrement vivante et perpétuellement en gestation.

Les différents genres de chansons

Chansons narratives (légendes, complaintes, romances).
Chansons historiques.
Chansons de route, de conduite (compagnonnage).
Chansons d’adieu, de retour.
Pastourelles, bergeries.
Reverdies.
Chansons d’aube, de visites nocturnes.
Chansons pour accompagner les actes de la vie : naissance, conscription, mariage (chansons nuptiales, relatives au mariage, maumariées), mort.
Chansons de métiers (chansons de marins).
Chansons pour le cycle saisonnier : fenaison, moisson, vendange, labour.
Chansons pour les fêtes populaires ou religieuses (chansons de quête, chansons pour le solstice d’été, noëls, chants de processions).
Chansons satiriques.
Chansons à danser, chansons de jeu (rondes énumératives).
Chansons bachiques.
Chansons enfantines (berceuses, comptines).
Devinettes, paris, vœux, contre-vérités.
... Ainsi que les innombrables chansons qui traitent de l’amour.

F. V.


Les danses populaires

Issue de civilisations successives et complémentaires, la danse populaire est, comme elles, une acquisition universelle.

Toute civilisation a toujours repris quelque chose à celle qui la précédait, et chaque substrat renferme dans sa texture des emprunts antérieurs et des éléments nouveaux qui seront à leur tour empruntés. On n’a pas pu conserver la totalité de ces éléments pour différentes raisons. Les éléments les plus faibles ont disparu, étouffés par les plus forts ; les interdits de toutes sortes, des apports extérieurs ont remodelé le fonds des danses populaires, que l’on retrouve sous deux formes : les survivances dans les campagnes et les reconstitutions de danses « spectaculaires » qui sont exécutées par les groupes folkloriques de tous les pays.