Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Foch (Ferdinand) (suite)

Le 11 novembre 1918, recevant à Rethondes la reddition de l’Allemagne, il avait atteint l’objectif qu’il s’était fixé quarante-quatre ans plus tôt. Dès lors, toute son énergie se concentrera à la défense de cette victoire dont il mesure parfaitement le prix. Estimant que la sécurité de la France n’est pas assurée par le traité de Versailles, il refuse d’assister à sa signature. « Si nous ne tenons pas le Rhin de façon permanente [...], écrit-il le 31 mars 1919 aux chefs de gouvernements, c’est, de nouveau, la Belgique et la France transformées en champ de bataille, en champ de défaite [...] ; il n’y a pas de secours suffisant arrivant à temps d’Angleterre ou d’Amérique pour éviter un désastre dans la plaine du Nord [...]. » Ce jugement prophétique l’opposera aux gouvernements alliés et même à Clemenceau, ce dont il conçut une vive amertume.

Dès 1918, l’Académie française appellera Foch sous la coupole, où il sera reçu par Poincaré le 5 février 1920. L’année suivante, célébrant aux Invalides le centenaire de la mort de Napoléon, Foch prononcera ces paroles qui résument toute l’éthique de sa vie : « Au-dessus des armées à commander victorieusement, c’est le pays à servir pour son bonheur tel qu’il l’entend ; c’est la justice à respecter partout ; au-dessus de la guerre il y a la paix. » Dès lors, il partage son temps entre son bureau du boulevard des Invalides, où il continue à suivre de près les problèmes politiques et militaires issus du conflit, et de nombreux voyages officiels à l’étranger. La mort le surprendra avant qu’il n’ait achevé la rédaction de ses Mémoires, qui seront publiés en 1931 (2 vol.). Ses obsèques, le 26 mars 1929, auxquelles seront représentées toutes les armées placées dix ans plus tôt sous son commandement, constitueront la dernière et prestigieuse manifestation de la victoire des Alliés dans la Première Guerre mondiale.

J.-E. V. et P. D.

➙ Guerre mondiale (Première) / Marne (bataille de la).

 C. Bugnet, En écoutant le maréchal Foch (Grasset, 1929). / R. Recouly, le Mémorial de Foch (Éd. de France, 1929). / R. Tournès, Foch et la victoire des Alliés (Payot, 1936). / M. Weygand, Foch (Flammarion, 1947). / A. Laffargue, Foch et la bataille de 1918 (Arthaud, 1967).

fœtus

Étape dans le développement de l’être humain, s’étendant du troisième mois après la fécondation à la fin de la vie intra-utérine.


Le stade de fœtus succède à celui d’embryon* et précède immédiatement celui de nouveau-né, lorsque, après la naissance, il devient autonome.

La période fœtale est caractérisée, quant au développement, par une croissance rapide du corps, tandis que la différenciation tissulaire devient moins importante. L’un des caractères les plus frappants de cette période est le ralentissement relatif de la croissance de la tête par rapport au reste du corps. Pendant le quatrième et le cinquième mois, le fœtus augmente rapidement de longueur, et, à la fin de la première moitié de la vie intra-utérine, la longueur du fœtus étiré atteint environ 23 cm. Le poids du fœtus augmente cependant peu pendant cette première période : à la fin du cinquième mois, il n’atteint pas 500 g. Les mouvements du fœtus sont habituellement perçus par la mère au cours du cinquième mois. Les bruits du cœur fœtal commencent à être entendus vers cette même époque, mais peuvent être mis en évidence actuellement beaucoup plus tôt grâce à la détection et à l’amplification des ultrasons. Le fœtus à terme mesure 50 cm et pèse environ 3,200 kg. Son crâne représente la plus grande circonférence de toutes ses parties du corps. Il a des cheveux longs de 1 cm ou plus ; des ongles bien formés dépassent l’extrémité des doigts, mais non celle des orteils. Une substance onctueuse et blanchâtre, produit de sécrétion des glandes sébacées, recouvre le corps. Sur les épaules et la région cervicale existe un fin duvet, le lanugo.

La physiologie du fœtus in utero est très particulière. Plongé dans le liquide amniotique qui le protège, le fœtus ne respire pas. Ses poumons, non fonctionnels et collabés (aplatis) en atélectasie, ne sont pas traversés par le sang de la petite circulation. L’oxygénation du fœtus est réalisée par le placenta, auquel il est relié par le cordon ombilical. Celui-ci contient deux vaisseaux en canon de fusil, qui amènent le sang fœtal à réoxygéner, et un gros vaisseau, la veine ombilicale, qui ramène au fœtus le sang nouvellement oxygéné. Ce court-circuitage de la circulation pulmonaire chez le fœtus se fait par des voies de dérivation (canal artériel, communication interoreillettes) qui doivent s’obturer dès la naissance.

Le fœtus déglutit en permanence le liquide amniotique (environ 500 cm3 par 24 heures, à terme) ; ses reins sécrètent, et il urine dans la cavité amniotique. Son cœur bat à un rythme plus rapide que le nôtre, environ à 120-160 pulsations par minute.

Bien que protégé du monde extérieur par son environnement liquidien, le fœtus peut souffrir et mourir dans l’utérus. Sa mort est rarement suivie de près par son expulsion. Plus souvent, le fœtus reste en rétention dans l’utérus. Il subit alors des modifications variables selon son âge : lorsqu’il meurt entre le troisième et le cinquième mois, il se momifie et prend un aspect ratatiné (momification fœtale) ; plus tard, il subit une macération, et son épiderme se décolle en larges phlyctènes qui atteignent le cou et la face au douzième jour après la mort.

Les maladies du fœtus in utero portent le nom de fœtopathies. Elles peuvent être d’origine toxique, médicamenteuse, endocrinienne ou infectieuse.

Indépendamment de ces maladies caractérisées, le fœtus peut « souffrir » dans l’utérus. Quoique cette souffrance fœtale ne soit pas une entité univoque, il faut noter que l’insuffisance d’oxygénation constitue le point commun de l’immense majorité des souffrances fœtales. Les causes s’en rencontrent en un point quelconque du transport de l’oxygène, depuis le poumon maternel jusqu’à la cellule fœtale : réduction du flux sanguin utéro-placentaire, insuffisance fonctionnelle et vieillissement précoce du placenta, obstacle direct à l’arrivée au fœtus du sang ombilical normalement oxygéné.