Foch (Ferdinand) (suite)
Le 11 novembre 1918, recevant à Rethondes la reddition de l’Allemagne, il avait atteint l’objectif qu’il s’était fixé quarante-quatre ans plus tôt. Dès lors, toute son énergie se concentrera à la défense de cette victoire dont il mesure parfaitement le prix. Estimant que la sécurité de la France n’est pas assurée par le traité de Versailles, il refuse d’assister à sa signature. « Si nous ne tenons pas le Rhin de façon permanente [...], écrit-il le 31 mars 1919 aux chefs de gouvernements, c’est, de nouveau, la Belgique et la France transformées en champ de bataille, en champ de défaite [...] ; il n’y a pas de secours suffisant arrivant à temps d’Angleterre ou d’Amérique pour éviter un désastre dans la plaine du Nord [...]. » Ce jugement prophétique l’opposera aux gouvernements alliés et même à Clemenceau, ce dont il conçut une vive amertume.
Dès 1918, l’Académie française appellera Foch sous la coupole, où il sera reçu par Poincaré le 5 février 1920. L’année suivante, célébrant aux Invalides le centenaire de la mort de Napoléon, Foch prononcera ces paroles qui résument toute l’éthique de sa vie : « Au-dessus des armées à commander victorieusement, c’est le pays à servir pour son bonheur tel qu’il l’entend ; c’est la justice à respecter partout ; au-dessus de la guerre il y a la paix. » Dès lors, il partage son temps entre son bureau du boulevard des Invalides, où il continue à suivre de près les problèmes politiques et militaires issus du conflit, et de nombreux voyages officiels à l’étranger. La mort le surprendra avant qu’il n’ait achevé la rédaction de ses Mémoires, qui seront publiés en 1931 (2 vol.). Ses obsèques, le 26 mars 1929, auxquelles seront représentées toutes les armées placées dix ans plus tôt sous son commandement, constitueront la dernière et prestigieuse manifestation de la victoire des Alliés dans la Première Guerre mondiale.
J.-E. V. et P. D.
➙ Guerre mondiale (Première) / Marne (bataille de la).
C. Bugnet, En écoutant le maréchal Foch (Grasset, 1929). / R. Recouly, le Mémorial de Foch (Éd. de France, 1929). / R. Tournès, Foch et la victoire des Alliés (Payot, 1936). / M. Weygand, Foch (Flammarion, 1947). / A. Laffargue, Foch et la bataille de 1918 (Arthaud, 1967).