Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

alopécie

Chute temporaire ou définitive, diffuse ou partielle (en aires), des cheveux et des poils.



Alopécies diffuses

Les alopécies congénitales sont des affections familiales ; souvent associées à d’autres dysplasies, elles réalisent divers syndromes rares. Le moniléthrix en est le type : cheveux rares, alternativement aplatis et renflés sur toute leur longueur.

Les alopécies d’origine endocrinienne relèvent d’anomalies de la glande thyroïde* (myxœdème ou hyperthyroïdie) ou des glandes sexuelles (ménopause, castration).

Dans les alopécies d’origine infectieuse, la chute des cheveux débute 75 à 90 jours après la fièvre (typhoïde, par exemple). Rapide, rarement totale, elle persiste 5 à 6 semaines, mais la repousse est de règle. L’alopécie syphilitique secondaire est faite de petites clairières dénudées (surtout aux tempes et à l’occiput), associées souvent à la chute de la queue des sourcils (signe de l’omnibus de Fournier) et à la leucomélanodermie du cou (collier de Vénus) ; la repousse est lente mais complète.

Les alopécies d’origine toxique se rencontraient surtout au cours des traitements par les sels d’or, d’arsenic ou de thallium ; elles sont devenues très rares du fait de l’abandon presque complet de ces produits en thérapeutique.

Les alopécies traumatiques par choc surviennent deux mois après un accouchement difficile, un grave accident ou une émotion violente ; elles sont totales (defluvum capillorum), mais passagères.

L’alopécie séborrhéique (alopécie vulgaire ou « idiopathique »), de cause inconnue, frappe plus l’homme que la femme. Elle est précédée de deux stades pelliculaires : pityriasis sec (entre 11 et 12 ans), pityriasis stéatoïde (entre 12 et 18 ans). La chute commence alors que s’efface l’élément pelliculaire et que le flux sébacé s’établit. Elle encadre les zones fronto-temporales, puis le sommet de la tête (tonsure). La dénudation progresse avec les années, pour aboutir à la calvitie totale entre 55 et 60 ans. Chez la femme, la chute est plus diffuse, respectant l’occiput, et aucune zone n’est totalement dégarnie. La fréquence de l’alopécie féminine a augmenté depuis deux décennies, et cela sans explication valable. L’action défavorable de la « pilule » reste actuellement controversée. Aucun facteur ne préside à lui seul à la survenue de l’alopécie séborrhéique. Les théories endocriniennes ou héréditaires sont loin de tout expliquer. Le traitement doit être continu ; il permet de retarder d’au moins dix ans l’aboutissant de la calvitie. Il vise à supprimer les fermentations intestinales, qui favorisent la séborrhée, et à réduire localement le flux séborrhéique (soufre, vitamine B6). Le massage quotidien du cuir chevelu est indispensable.


Alopécies en aires non cicatricielles

• Pelade. Elle est caractérisée par une ou plusieurs plaques totalement glabres, avec des cheveux peladiques en bordure. Ceux-ci, très courts (5 à 7 mm), sont effilés ou possèdent une extrémité renflée en massue. Survenue sans troubles fonctionnels, la pelade évolue par poussées (crises peladiques). Certaines pelades sont bénignes (petites plaques isolées), certaines sont sérieuses (plaques larges, nombreuses ou de bordure), d’autres sont graves (décalvantes). La chute des sourcils et des cils, associée à des lésions unguéales, assombrit le pronostic. La pelade n’est pas contagieuse. Elle résulte d’une vaso-constriction des artérioles nourricières des bulbes pileux, en rapport avec une hypertonie sympathique et une épine peladogène (le plus souvent dentaire). Le traitement général est à base d’antinervens. Localement, il est révulsif : huile de cade, acide chrysophanique, histamine. Ultraviolets et neige carbonique peuvent être pratiqués.

• Teignes tondantes. Elles sont dues à des Champignons divers. On distingue, suivant la classification de Sabouraud, modifiée par Laungerson et Rivalier, une teigne microsporique et une teigne trichophytique. La première est faite de grandes plaques (2 à 5 cm) recouvertes de squames sèches, parsemées de rares cheveux courts (3 à 6 mm). Elle est tantôt d’origine humaine (due au Microsporum audouini), tantôt d’origine animale (Microsporum canis ou felineum). La teigne trichophytique, provoquée par divers Trichophytons, détermine de petites plaques plus ou moins squameuses avec des cheveux cassés très courts, grisâtres et tordus. Observées presque exclusivement chez les enfants, les teignes, très contagieuses, sont cause d’épidémies scolaires. Ne provoquant pas d’alopécie définitive, elles guérissent spontanément en deux ou trois ans pour les microsporiques et à la puberté pour les trichophytiques. La teigne à Violacenus peut persister à l’âge adulte. L’administration per os de griséofulvine guérit en quelques semaines.

L’éviction scolaire est obligatoire jusqu’à ce que deux examens mycologiques pratiqués à 15 jours d’intervalle soient négatifs.

• Alopécies traumatiques. L’alopécie occipitale du nourrisson est passagère ; celle du chignon de l’adulte est définitive. La trichotillomanie est fréquente chez l’enfant. Le port d’un bonnet de tête, empêchant l’arrachage des cheveux, entraîne une repousse rapide.


Alopécies en aires cicatricielles

Elles sont tantôt d’origine physique (blessures, brûlures, intervention chirurgicale, radiodermites), tantôt consécutives à diverses dermatoses (impétigo prolongé, acné chéloïdienne, zona, sclérodermie, nœvi, pseudo-pelade de Brocq, lupus érythémateux, lichen plan). La teigne favique, ou favus, rare en France, fréquente en Afrique du Nord, due à Achorion schönleinii, atteint l’adulte comme l’enfant. Elle est caractérisée par la présence de « godets » jaune soufre, saillants, ombiliqués au centre. La peau glabre et les ongles peuvent être atteints. La griséofulvine en arrête l’évolution en quelques jours, mais la repousse est impossible.

A. C.