Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fissuration (suite)

Nature du terrain et des fondations

Inclinées à 45° sur l’horizontale, les fissures dues à la portance insuffisante des fondations (ou à une variation de portance entre deux zones distinctes de la même fondation) se différencient très nettement des fissures de retrait qui sont verticales. Sur les chaussées, les dalles routières peuvent se fissurer par ramollissement du sol de fondation dû aux remontées capillaires d’eau de la nappe phréatique.


Gel et chocs thermiques

En gelant, l’eau incluse dans les matériaux voit son volume augmenter d’environ 10 p. 100 : il en résulte une expansion de l’ensemble qui entraîne des fissurations dans certains cas. Exposés au soleil, les mortiers d’enduit peuvent se fissurer par choc thermique si on les arrose à l’eau froide.


Précautions contre la formation de fissures

En construction métallique, il faut assurer une bonne protection contre la corrosion dans les angles rentrants.

En matière de béton armé, on doit éviter que le retrait hygrométrique soit cause de fissuration. Pour cela, on évitera soigneusement l’excès d’eau de gâchage. On réalisera un béton bien compact et homogène. Enfin, on maintiendra le béton humide durant trois semaines après la mise en place et, au besoin, on traitera la surface du béton par des hydrofuges.


Réfection des fissures

Lorsque des fissures sont apparues dans le béton ou le béton armé, on les obture par le procédé imaginé par l’ingénieur français Marius Duriez. Ce procédé consiste à exécuter des injections profondes de liants plastiques, qui empêchent la réouverture des fissures et qui permettent à la fissure de pouvoir « jouer » en faisant office de joint. On peut ainsi traiter toutes les fissures, sauf les fissures très fines de 0,1 mm d’épaisseur, qui s’obturent d’elles-mêmes par formation de calcite à partir de la chaux libre en solution dans le béton. Depuis quelques années, on emploie aussi des injections de résines liquides avec durcisseur incorporé (résines époxydes et polyesters).

M. D.

➙ Construction / Corrosion / Enduit / Mur.

 M. Duriez et J. Arrambide, Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-62 ; 3 vol.). / A. Joisel, les Fissures du ciment (Éd. de la Revue de matériaux de construction, 1962). / M. O. Pfeffermann, la Fissuration des constructions (Bruxelles, 1968).

fistule

Communication pathologique entre la lumière (l’intérieur) d’un élément anatomique ou pathologique et celle d’un autre élément ou l’extérieur.


Une fistule peut être congénitale ou acquise. Cette acquisition peut résulter d’une affection pathologique ou d’un geste thérapeutique. Il existe une infinie variété de fistules. Elles sont qualifiées selon le liquide qui les traverse, les organes qu’elles réunissent ou la région anatomique où elles se situent.

Selon le contenu, on décrit des fistules purulentes, urinaires, fécales ou stercorales, biliaires, pancréatiques, lacrymales, de liquide céphalo-rachidien, etc.

Selon les organes et les régions, on parle par exemple de fistules broncho-pleurales, urétéro-coliques, vésico-vaginales, biliaires externes, artério-veineuses, œsophago-trachéales, ombilicales, branchiales, etc. Mais les plus communes sont les fistules anales. Ce sont des fistules purulentes résultant de l’ouverture, à la peau de la marge de l’anus, d’abcès formés dans des glandes profondes, reliquats philogéniques annexés à la jonction ano-rectale. Leur guérison est obtenue par un drainage prolongé ou par leur excision en masse. C’est la réussite de l’opération de la fistule sur la personne de Louis XIV, en 1687, qui valut tant de gloire au chirurgien Félix († 1703) [v. les Mémoires de Saint-Simon].

J. T.

Fitzgerald (Scott)

Écrivain américain (Saint Paul, Minnesota, 1896 - Hollywood 1940).


Francis Scott Key Fitzgerald n’est pas seulement le romancier des « années folles ». Il en est l’incarnation. Sa carrière d’écrivain reflète le charme inquiet et le tragique gaspillage de la « génération perdue » de l’entre-deux-guerres. Son premier roman lui apporte la gloire en 1920, parmi les illusions de la victoire, mais il meurt seul, oublié, pauvre en automne 1940, quand le nazisme déferle sur le monde. Coincée entre deux guerres mondiales, son œuvre est caractéristique des « jeunes gens tristes » (All the Sad Young Men, 1926). Dans ses nouvelles surtout (Flappers and Philosophers, 1920 ; Tales of the Jazz Age, 1922), il a saisi la frénésie nostalgique de l’« âge du jazz ». Comme Musset, ces jeunes Américains étaient des « enfants du siècle » : ils avaient raté leur guerre. Déçus par une paix qui ne donnait pas de sens à la victoire, désenchantés, ils se sentaient différents : c’était la première rupture de génération. La guerre, même pour ceux qui ne l’avaient pas faite, comme Fitzgerald, qui n’arriva à Paris qu’en 1921, les avait arrachés à l’Amérique. « La génération antérieure a pratiquement ruiné le monde avant de nous le passer. » Leurs pères ayant consommé le péché originel, ils se sentaient la première génération damnée, vivant sur l’Envers du paradis, titre du premier roman de Fitzgerald (1920).

Le titre du second, les Heureux et les damnés (The Beautiful and Damned, 1922), est aussi éloquent. Fitzgerald est à la fois le chantre et le héros de la « génération perdue », qui a la nostalgie des combats et cherche dans l’alcool, la vitesse et la bringue l’oubli d’elle-même. Mais jamais, au cœur des extravagances ou de l’alcoolisme, Fitzgerald ne perd sa lucidité : il se regarde, fasciné par sa propre destruction, comme Musset regardant son double, le « jeune homme en noir » ; il mêle le lyrisme et l’ironie. Du premier roman à la dernière nouvelle, l’œuvre autobiographique de Fitzgerald raconte la « Fitzgerald story ». Il écrit des personnages de ses livres : « Gatsby est mon frère aîné, Amory le cadet, Anthony celui qui me donne le plus de souci, Dick est comparativement un bon frère, mais tous sont loin de la maison. » Dans cette œuvre à clés d’un écrivain qui mourut à quarante-quatre ans d’avoir raté ses rêves de vingt ans, il y a quelque chose de brisé, une fêlure, comme il intitule sa dernière œuvre, d’essence romantique.