Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

allumette (suite)

Vente

De l’origine jusqu’en 1872, la fabrication et la vente des allumettes furent libres en France. C’est la ponction dans le Trésor public du tribut de guerre de 1871 qui fit décréter la fabrication par monopole d’État, d’abord affermé en 1872, puis pris en régie directe en 1890 par les manufactures de l’État, déjà chargées des tabacs depuis 1811. L’importation des allumettes étrangères est également réservée au monopole. Contrairement aux tabacs, dont la vente est réservée au détail à des débitants contractuels approvisionnés directement, la vente des allumettes est libre. Les détaillants, comprenant les débitants de tabacs, qui sont tenus d’en vendre, sont approvisionnés par l’intermédiaire de négociants en gros, servis par les manufactures au nombre de quatre. Par application du traité de Rome instituant le Marché commun, les monopoles de fabrication et de vente en gros sont supprimés en droit, mais en fait il n’y a encore pas eu pratiquement de changements.

M. L.

 G. Cederschiöld et E. von Feilitzen, The History of the Swedish Match Industry (Stockholm, 1946). / L. Lebreton et C. Rœsch, la Fabrication des allumettes (l’Imprimerie à l’École, Cannes, 1952).

Alma-Ata

V. de l’U. R. S. S., capit. du Kazakhstan ; 753 000 hab.


Fondée en 1854, sous le nom de Vernyï, Alma-Ata devint la capitale de la république fédérale du Kazakhstan en 1929 ; elle succédait à Kzyl-Orda.

Curieusement excentrique par rapport à l’ensemble de la république, la ville a été choisie en raison même des avantages de sa position géographique de contact. À 800 m d’altitude, au pied des hautes montagnes appelées Ala-Taou transilien (culminant à plus de 5 000 m), dans l’éventail de vallées fertiles, le Semiretche (le « pays des Sept-Rivières »), elle se situe entre les déserts et les steppes kazakhes et les hauts plateaux et les bassins du Sinkiang, sur la voie de rocade parcourue par une piste et, à partir de 1880, par la voie ferrée du Turksib, qui unit le Turkestan russe au Transsibérien.

Alma-Ata s’étend sur des terrasses et de vastes cônes de déjections de la rive gauche du fleuve Ili, affluent du lac Balkhach, au centre d’un paysage de piémont couvert de prairies et de vergers (notamment de pommiers, qui ont valu son nom à la ville), région agricole irriguée et lieu de villégiature pour les habitants de la ville et les touristes. Le climat est typiquement montagnard et continental. L’amplitude moyenne annuelle atteint 32 °C ; les moyennes de janvier et de février se situent au-dessous de – 8 °C, tandis que celles de juillet et d’août dépassent 23 °C. La salubrité est assurée par des vents toujours frais et un air très sec. La lame d’eau annuelle, inférieure à 600 mm et, certaines années, à moins de 500 mm, reste toujours supérieure à la moyenne de la plupart des villes du Kazakhstan, et le maximum de printemps favorise le début de la période végétative.

L’inconvénient du site réside dans la fréquence des séismes, qui ont détruit la majeure partie de la ville ancienne (notamment en 1887 et en 1910), et des inondations, qui ensevelissent sous des tonnes de boue et de galets les quartiers les plus proches de la montagne.

À l’époque tsariste, Vernyï constitue le type parfait d’une base de la conquête russe face aux tribus nomades des montagnes et des déserts ; c’est un centre de garnison et d’administration autour duquel se rassemblent artisans et marchands. Ville de déportation en raison de son isolement, Vernyï devient par là même un foyer ardent d’opposition au régime des tsars et participe à la fondation de la république soviétique. Son rôle politique et militaire, atténué ensuite, se renforce depuis 1960 devant la menace chinoise.

L’industrie s’est développée d’abord à partir de la production agricole et pastorale des vallées et des montagnes voisines (tanneries, maroquineries, industries laitières, conserveries, combinats alimentaires, manufactures de tabac, filatures et tissages de laine et de coton). Se sont ajoutées ensuite les industries transférées d’Ukraine et de Russie durant la Seconde Guerre mondiale, notamment un gros combinat de construction de machines, qui fut installé en 1941-42 et à partir duquel se sont développées des fabriques d’outillage pour machines agricoles (le cinquième de la production de cette branche au Kazakhstan), de tréfilerie et de matériel d’équipement, exportés en Inde et en Bulgarie, ainsi que la construction de petites centrales électriques rurales. Alma-Ata assure ainsi 17 p. 100 de la production des industries alimentaires du Kazakhstan, le dixième de la production métallurgique et occupe plus de 9 p. 100 de la main-d’œuvre du secteur secondaire.

Le rôle de capitale a considérablement accru l’appareil bureaucratique, et la fonction culturelle et scientifique a contribué non seulement à la formation de cadres locaux, mais aussi à l’immigration de scientifiques et d’étudiants. L’université Kirov, l’Académie des sciences du Kazakhstan, les instituts, les laboratoires et les stations de recherche ont une importance accrue dans le cadre de la régionalisation des activités intellectuelles.

À partir d’un noyau à valeur historique, mais peu étendu, et d’un centre monumental s’étale une ville immense, au dessin géométrique, composée de vastes ensembles résidentiels limités par des avenues bordées de canaux d’irrigation et des espaces verts. La population s’accroît sous l’effet de trois facteurs : les excédents naturels très élevés, l’exode des montagnards vers la ville, l’immigration de jeunes cadres venus de la partie européenne de l’Union. Elle a été multipliée par plus de soixante depuis un siècle (12 000 hab. en 1871) et a plus que triplé depuis 1939 (222 000 hab.). On ne connaît pas le pourcentage exact de Russes, mais, par la diffusion de la langue, comme par l’adoption des mœurs européennes, des modes de culture et de loisirs, on peut conclure à une certaine russification de la vie urbaine.

A. B.