Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fibre de verre (suite)

Extrusion par la force centrifuge

Un filet de verre fondu tombe sur un disque réfractaire tournant à grande vitesse. La force centrifuge essore le disque, le verre étant projeté sous forme de fibres. Le refroidissement des fibres limite leur étirage et leur amincissement, de sorte qu’il se forme à une certaine distance du corps centrifuge une couronne que divers dispositifs permettent d’ouvrir et d’évacuer (procédé Owens).


Procédé TEL

Une combinaison de ces deux derniers procédés a supplanté tous les autres pour la fabrication de la fibre d’isolation (procédé TEL). Pour obtenir des fibres superfines, on a recours à un double étirage.

Fabriquées en continu à partir d’une filière, de grosses fibres primaires sont conduites par un peigne devant un rideau de gaz chauds, dans lequel elles refondent et éclatent en fibres plus fines. Il faut réamorcer les fibres primaires rompues. La compagnie de Saint-Gobain eut l’idée d’utiliser la force centrifuge pour éjecter des fibres primaires à partir d’un corps lenticulaire métallique et creux, dont la ceinture est percée d’un millier de trous. Les nappes de fils primaires ainsi émises pénètrent, dès leur sortie de cette sorte de filière, perpendiculairement dans un rideau de flammes très chaudes et très raides émises par un brûleur annulaire à combustion interne. Les fibres sont refondues, éclatées, étirées et projetées sur un tapis récepteur. La production d’une unité atteint 10 t par jour de fibres semi-longues, de 5 à 8 μ de diamètre. Un nouveau procédé, TOR (Turbulence ORganisée), utilise sous une filière la violente turbulence produite par la rencontre d’un courant gazeux vertical entraînant un filet de verre fondu et un fort courant gazeux perpendiculaire.


Propriétés et usages

Le verre en masse a une faible résistance à la traction (de 5 à 10 kg/mm2). Pour diverses raisons, encore contestées, cette résistance s’accroît considérablement avec la finesse. Les fibres textiles vierges peuvent atteindre individuellement 400 kg/mm2. Le module élastique est normalement de 7 000. L’association de fibres à haut module et d’une matière à bas module, telle que la résine, conduit à des matériaux composites de haute performance (plastiques armés). Pour accroître la proportion de fibres de verre dans la résine, les fibres doivent être rangées. On obtient cet effet en assemblant de très nombreuses fibres textiles en un faisceau unique, qui est ensuite coupé en brins de quelques centimètres de longueur, rassemblés par réimprégnation en nappe.

Pour les usages textiles, le faisceau de quelques centaines de fibres élémentaires parallèles délivré par le four-filière est retordu, assemblé et câblé avec d’autres fils, suivant les procédés classiques de l’industrie textile, et peut alors être soumis aux opérations de tissage sur métier. Les tissus de verre sont utilisés tels quels pour la décoration, en faisant profiter l’usager de leur incombustibilité et de leur inaltérabilité, ou pour armer les plastiques (carrosseries d’automobiles, containers, etc.). De son côté, la fibre d’isolation est extrêmement utilisée dans le génie chimique, pour l’isolation thermique des conduites et des cuves, ainsi que dans le bâtiment, pour l’isolation des terrasses, des murs ou pour constituer des revêtements insonores.

I. P.

➙ Verre.

 G. Compain-Quéral, la Fibre de verre (Chiron, 1954). / K. A. S. Schmitt, Technologie textiler Glasfasern (Sipeyrer, 1964). / O. Knatte, Glasfasern (Budapest, 1966).

fibrome

Tumeur bénigne formée à partir de certaines cellules (fibroblastes) du tissu conjonctif.


Des fibromes peuvent se développer pratiquement dans tous les tissus : peau, tissu cellulaire sous-cutané, aponévroses, système nerveux, viscères. Dans certains cas, la tumeur n’est formée que de tissu fibreux : il s’agit de fibrome vrai. Dans d’autres cas, le tissu fibreux est associé à des fibres musculaires : il s’agit alors de fibromyome, fréquemment observé au niveau de l’utérus.


Fibrome utérin

Les fibromes utérins ou, plus exactement, les fibromyomes utérins sont très fréquents dans la seconde moitié de la vie génitale de la femme.

Ils sont toujours arrondis ou ovalaires avec plus ou moins de bosselures et sont constitués d’éléments analogues au tissu musculaire de l’utérus. Ils comportent essentiellement des fibres musculaires lisses, disposées en tourbillons, mais aussi, puisqu’ils en dérivent, du tissu conjonctif et des formations fibreuses qui peuvent être assez abondantes. De là découlent les dénominations, également variables, de myomes, de fibromyomes ou de fibromes, cette dernière moins exacte, quoique plus usitée. À la coupe, un fibrome apparaît habituellement comme une tumeur ferme, fibrillaire, rouge ou blanchâtre suivant la prédominance du tissu musculaire ou fibreux. L’ensemble emprunte une architecture lobulée.

• Le fibrome sous-péritonéal fait saillie à la surface de l’utérus, qu’il bosselle plus ou moins, et peut être sessile ou pédicule.

• Le fibrome interstitiel siège en plein dans l’épaisseur du muscle utérin, qu’il épaissit et déforme.

• Le fibrome sous-muqueux fait saillie à l’intérieur de l’utérus sous l’endomètre : c’est parfois une simple bosselure au niveau de laquelle la muqueuse utérine est souvent modifiée, mais il peut avoir un pédicule long lui permettant d’apparaître à l’orifice externe du col utérin (polype « accouché » par le col).

Le nombre des fibromyomes est variable ; le fibrome unique n’est pas rare, mais les fibromes sont le plus souvent multiples. L’apparition et le développement des fibromes sont strictement contemporains de la période de sécrétion folliculaire de l’ovaire. Les fibromes ne sont jamais observés avant la puberté ; ils sont rares avant trente ans, fréquents vers trente-cinq ans et très fréquents après quarante ans. Après arrêt de l’activité ovarienne, les fibromes connus tendent à régresser, participant à l’involution postménopausique du tractus génital. On a invoqué l’existence de facteurs provocants raciaux : après trente ans, 20 p. 100 des femmes blanches présentent des fibromes aux autopsies, alors que, chez les Noires, on les observerait trois fois sur quatre. Sous l’angle de leur développement, les statistiques tendraient à suggérer que les grossesses seraient un élément défavorable à leur apparition. Les fibromes surviendraient plus rarement chez les multipares à grossesses nombreuses et rapprochées. Ils surviendraient davantage chez les femmes à cycles anovulaires et de terrain hyperfolliculinique ; l’administration intempestive et répétée d’œstrogènes en provoquerait l’accroissement. Le véritable facteur causal n’est cependant pas connu, et il persiste des divergences importantes entre les faits cliniques et les données de l’expérimentation. Il existe certainement un trouble d’ordre œstrogénique hormonal, mais il est difficile de savoir s’il s’agit de viciations métaboliques, de différences de réceptivité, de dys- ou d’hyperfolliculinie vraie.