festivals de musique (suite)
De même qu’à Bayreuth, tous les grands chefs ont participé aux solennités salzbourgeoises : R. Strauss ; Fr. Schalk, 1922-1931 ; Bruno Walter, 1925-1953 ; Cl. Krauss, 1926-1953 ; H. Knappertsbusch, 1929-1955 ; O. Klemperer, 1933 ; F. von Weingartner, 1934-1936 ; W. Furtwängler, 1937-1954 ; K. Böhm, 1938-1959 ; H. von Karajan, enfin. Parmi les étrangers, deux Français, P. Monteux et I. Markévitch, l’Anglais sir Th. Beecham, Toscanini représentant l’Italie, L. Bernstein, l’Amérique, J. W. Mengelberg, la Hollande, E. Ansermet, la Suisse. Quant aux chanteurs, nous citerons, parmi les plus réputés : Lotte Lehmann, K. Flagstad, J. Greindl, M. Ivogün, G. Jouatte, Ritter Ciampi, Lotte Schöne, El. Schumann, E. Schwarzkopf, I. Seefried, Th. Stich-Randall, R. Tauber.
Depuis 1946, un élan nouveau
La période consécutive au second conflit mondial a été marquée, dans toute l’Europe, par une extraordinaire prolifération des festivals. En France, où, de 1918 à 1940, on ne connaissait guère, en fait d’activités musicales d’été, que les « saisons » de villes d’eaux, seul le festival de Strasbourg, fondé en 1932, mérite d’être cité. En 1947, c’est Avignon qui donne l’élan, lequel se propagera, en 1948, à Aix-en-Provence et à Besançon, en 1949 à Lyon-Charbonnières, en 1950 au « Mai » de Bordeaux. Puis ce furent successivement : 1954, Divonne ; 1955, Prades ; 1960, Saint-Céré ; 1961, Saint-Donat ; 1964, Royan ; en 1965, les « Nuits de la Fondation Maeght » à Saint-Paul-de-Vence.
Cet épanouissement des festivals s’est également manifesté en Allemagne, où il a été en partie nourri par une soudaine efflorescence de l’école dodécaphoniste. Né à Darmstadt en 1946, le mouvement gagna bientôt Donaueschingen et s’étendit à la France. Les festivals d’Avignon, de Royan, de Saint-Paul-de-Vence se caractérisent ainsi comme les bastions avancés de l’avant-garde musicale. Au culte de la vedette du chant ou de la baguette s’est substitué, dans ce genre de manifestations, celui de la « première audition ». D’autres villes offrent aussi, mais de façon moins exclusive, des œuvres nouvelles à leurs auditoires, laissant une large place au répertoire classique. Strasbourg, Besançon, Bordeaux sont dans ce cas. Le festival d’Aix-en-Provence requiert une mention spéciale, eu égard à la haute tenue de ses spectacles d’œuvres de Mozart, de Rossini, données au théâtre de l’Archevêché, auxquels prennent part de grandes vedettes internationales. Si bien que l’on a pu dire d’Aix-en-Provence qu’il était, en quelque sorte, un « Salzbourg français ».
À ces festivals d’été, il faut également ajouter : à Paris, les Semaines musicales internationales (musique contemporaine) ; les Nuits de Sceaux (musique des xviie et xviiie s.) et le Festival du Marais. En U. R. S. S., depuis 1964, trois festivals : à Moscou, l’Hiver russe, les Étoiles de Moscou ; et à Leningrad, les Nuits blanches, au moment du solstice d’été, durant lequel on peut observer le saisissant phénomène de l’absence presque totale de nuit.
En Allemagne, la saison des festivals débute dès le milieu d’avril. Signalons particulièrement, en dehors de Bayreuth (et de Salzbourg, en Autriche), des Semaines Mozart (Würzburg, Passau) ; une Semaine Bach (Munich) ; une autre consacrée à Händel (Göttingen) ; des festivals d’opéras, à Munich de nouveau (R. Strauss, Mozart, Wagner, Verdi, Berg, Henze, Stravinski) ; à Berlin (Berg, Dallapiccola, Henze, Ligeti, Schönberg, Stravinski, etc.). En Autriche, les festivals de Vienne et de Graz accueillent également beaucoup d’auteurs contemporains.
En définitive, durant cette seconde moitié du xxe s., les festivals ont non seulement contribué à une extension et à un approfondissement du goût musical, mais ont aussi assuré la confrontation des œuvres du passé avec celles du temps présent.
R. S.
