Général français (Saint-Michel-de-Maurienne 1868 - Paris 1932).
Sorti de Polytechnique dans le génie en 1889, il occupe très vite de 1893 à 1898 des postes élevés au service de la télégraphie militaire, alors presque exclusivement réduite à la transmission optique. Membre de la commission chargée de suivre les essais de relations par T. S. F. entre la France et l’Angleterre, il en revient enthousiasmé : sa carrière scientifique est dès lors définitivement fixée. Travailleur infatigable, Ferrié se passionne pour cette nouvelle science ; en quelques mois, avec des moyens très réduits, il construit des appareils inspirés de ceux de Marconi et les expérimente avec succès aux environs de Paris. Il étudie diverses formes d’antennes, et, en 1901, obtient la liaison entre la Côte d’Azur et la Corse. C’est alors que la dramatique éruption de la montagne Pelée, le 8 mai 1902, vient fortuitement consacrer ses travaux, que l’état-major considérait encore avec un certain scepticisme. Le câble reliant la Martinique à la Guadeloupe étant rompu, Ferrié réussit le 4 décembre à rétablir par T. S. F. la liaison entre les deux îles. La portée, fonction de l’importance des antennes, est encore faible. L’emploi de ballons captifs donnant bien des déboires, Eiffel propose en 1903 l’utilisation de sa tour comme support d’antenne : c’est ainsi qu’à l’avenir T. S. F. et tour Eiffel seront indissolublement liées. Grâce aux travaux de Ferrié, la portée du poste émetteur de la tour passe de 400 km en 1903 à 6 000 en 1908. À la suite d’essais concluants avec des stations mobiles, les places fortes de l’Est sont équipées de postes fixes assurant leur liaison avec Paris. La technique progresse à grands pas : les bobines sont remplacées par le courant alternatif industriel, et la puissance des postes est ainsi accrue ; le cohéreur fait place au détecteur électrolytique dont Ferrié avait donné le principe dès 1901. En 1908, Gustave Ferrié part pour le Maroc afin d’expérimenter ses appareils en opérations.
Mais le savant ne limite pas son activité à la télégraphie militaire. Membre correspondant du Bureau des longitudes, il met au point la méthode des battements et obtient la précision du cinquantième de seconde. Il fait créer une section radio à l’École supérieure d’électricité et désigner Paris comme siège du bureau de l’Association internationale de l’heure ; en 1912, il devient président de la Commission internationale des longitudes par T. S. F.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, entouré de savants et de techniciens de haute qualité, le colonel Ferrié est nommé directeur de la Radiotélégraphie française. Il fait installer de la Manche au Jura un réseau de radiogoniométrie et crée le système d’écoute auquel il tient à participer lui-même au Centre de Paris, dont il a porté la puissance à 10 kW. Les tubes à vide voient le jour, et les armées sont dotées d’amplificateurs qu’il a fait mettre au point ; la liaison avec les avions, qu’il a expérimentée dès 1911, permet l’observation et les réglages d’artillerie ; la télégraphie par le sol et le repérage par le son lui doivent leur existence.
Après la victoire, Ferrié, qui est élu en 1922 à l’Académie des sciences, devient en 1923 commandant supérieur des troupes de transmissions. Promu général de division en 1925, il assurait à cette date la présidence de plus de vingt sociétés et commissions scientifiques, et, en 1930, une loi le maintenait en activité sans limite d’âge.
F. A.