Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Ferrare (suite)

(Ferrare v. 1460 - Mantoue 1535) est l’élève de Cossa et d’Ercole de’ Roberti à Ferrare. Il quitte cette ville pour Bologne en 1483. Appelé en 1506 à Mantoue en tant que peintre officiel des Gonzague, il y restera jusqu’à sa mort. Il décore, avec d’autres artistes, le « studiolo » d’Isabelle d’Este, dont deux fragments (Allégorie, le Règne du Dieu Comus [auj. au Louvre]) sont caractéristiques de sa manière légère et poétique.


Ercole de’ Roberti,

dit aussi Ercole da Ferrara (Ferrare v. 1450 - id. 1496), continue la décoration du palais Schifanoia, où il exécute le compartiment dédié à septembre dans la salle des Mois. Il séjourne plusieurs fois à Bologne ainsi qu’à Ravenne, où, en 1480, il peint pour l’église Santa Maria in Porto la Vierge entourée de saints (Milan, pinacothèque Brera), œuvre déjà classique par sa puissance architectonique. Ses dernières œuvres, dont la Cène (Londres, National Gallery), font preuve d’une sobriété d’expression qui marque le tournant de l’école de Ferrare, à la fin du xve s., vers le style doux.


Cosme Tura

(Ferrare v. 1425 - id. 1495) est le peintre officiel de la famille d’Este. Il recueille parallèlement la leçon de Mantegna et de Donatello* et celle des grands artistes rencontrés à Ferrare, comme Van der Weyden. Il ne changea pour ainsi dire pas de style. Du Printemps de 1460 (Londres, National Gallery) à l’Annonciation de 1469 (Ferrare, musée de la cathédrale) et au Saint Georges combattant le dragon (ibid.), une de ses dernières œuvres, il garde la même matérialité pierreuse, le même pouvoir d’expression hallucinatoire.

Ferrié (Gustave)

Général français (Saint-Michel-de-Maurienne 1868 - Paris 1932).


Sorti de Polytechnique dans le génie en 1889, il occupe très vite de 1893 à 1898 des postes élevés au service de la télégraphie militaire, alors presque exclusivement réduite à la transmission optique. Membre de la commission chargée de suivre les essais de relations par T. S. F. entre la France et l’Angleterre, il en revient enthousiasmé : sa carrière scientifique est dès lors définitivement fixée. Travailleur infatigable, Ferrié se passionne pour cette nouvelle science ; en quelques mois, avec des moyens très réduits, il construit des appareils inspirés de ceux de Marconi et les expérimente avec succès aux environs de Paris. Il étudie diverses formes d’antennes, et, en 1901, obtient la liaison entre la Côte d’Azur et la Corse. C’est alors que la dramatique éruption de la montagne Pelée, le 8 mai 1902, vient fortuitement consacrer ses travaux, que l’état-major considérait encore avec un certain scepticisme. Le câble reliant la Martinique à la Guadeloupe étant rompu, Ferrié réussit le 4 décembre à rétablir par T. S. F. la liaison entre les deux îles. La portée, fonction de l’importance des antennes, est encore faible. L’emploi de ballons captifs donnant bien des déboires, Eiffel propose en 1903 l’utilisation de sa tour comme support d’antenne : c’est ainsi qu’à l’avenir T. S. F. et tour Eiffel seront indissolublement liées. Grâce aux travaux de Ferrié, la portée du poste émetteur de la tour passe de 400 km en 1903 à 6 000 en 1908. À la suite d’essais concluants avec des stations mobiles, les places fortes de l’Est sont équipées de postes fixes assurant leur liaison avec Paris. La technique progresse à grands pas : les bobines sont remplacées par le courant alternatif industriel, et la puissance des postes est ainsi accrue ; le cohéreur fait place au détecteur électrolytique dont Ferrié avait donné le principe dès 1901. En 1908, Gustave Ferrié part pour le Maroc afin d’expérimenter ses appareils en opérations.

Mais le savant ne limite pas son activité à la télégraphie militaire. Membre correspondant du Bureau des longitudes, il met au point la méthode des battements et obtient la précision du cinquantième de seconde. Il fait créer une section radio à l’École supérieure d’électricité et désigner Paris comme siège du bureau de l’Association internationale de l’heure ; en 1912, il devient président de la Commission internationale des longitudes par T. S. F.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, entouré de savants et de techniciens de haute qualité, le colonel Ferrié est nommé directeur de la Radiotélégraphie française. Il fait installer de la Manche au Jura un réseau de radiogoniométrie et crée le système d’écoute auquel il tient à participer lui-même au Centre de Paris, dont il a porté la puissance à 10 kW. Les tubes à vide voient le jour, et les armées sont dotées d’amplificateurs qu’il a fait mettre au point ; la liaison avec les avions, qu’il a expérimentée dès 1911, permet l’observation et les réglages d’artillerie ; la télégraphie par le sol et le repérage par le son lui doivent leur existence.

Après la victoire, Ferrié, qui est élu en 1922 à l’Académie des sciences, devient en 1923 commandant supérieur des troupes de transmissions. Promu général de division en 1925, il assurait à cette date la présidence de plus de vingt sociétés et commissions scientifiques, et, en 1930, une loi le maintenait en activité sans limite d’âge.

F. A.

ferromagnétisme

Propriété de certains corps susceptibles de devenir des aimants.



Propriétés essentielles

Depuis plus de 2 500 ans, l’attention des curieux de la nature a été attirée par cette propriété : ces corps attirent la limaille de fer et, suspendus à un pivot, s’orientent dans le champ magnétique terrestre. D’une façon plus précise, ces corps, appelés ferromagnétiques, acquièrent sous l’action d’un champ magnétique H une aimantation (moment magnétique par unité de volume) J qui peut atteindre une grande valeur et qui est une fonction compliquée de H et de la température T. Lorsque H devient très grand, J tend vers une limite Js, appelée aimantation à saturation (fig. 1, courbe OABC). En général, Js décroît quand la température s’élève, à partir d’une valeur Js0 au zéro absolu, pour s’annuler à une certaine température θf, dite « point de Curie* » (fig. 2, courbe a). En ce point, on observe aussi un maximum aigu de la chaleur spécifique.

Quand la température s’élève au-dessus de θf, les propriétés des substances ferromagnétiques deviennent alors analogues à celles des paramagnétiques.

Les exemples de ferromagnétisme sont nombreux et variés : métaux comme Fe, Co, Ni, Gd et leurs alliages, oxydes comme la magnétite, beaucoup de composés binaires du manganèse, etc. Le tableau suivant donne des valeurs de Js0 et de θf, en K.