Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

faune (suite)

Mais l’aspect le plus curieux de la vie marine est constitué par la faune des abysses*. L’étage hadal, ou ultra-abyssal, dans la classification écologique des grands fonds, est l’étage le plus profond. Il peut se situer à plus de 10 000 m de profondeur (fosse de Guam, archipel des Mariannes, dans l’océan Pacifique). La faune y est très appauvrie. Toute la faune prédatrice disparaît (Astérides, Crustacés Décapodes, Poissons). Dans les sédiments se développent des Bactéries barophiles, c’est-à-dire aptes à supporter les fortes pressions. L’obscurité est complète, et la température basse. La pression atteint 1 000 kg/cm2 à 10 000 m de profondeur. Les espèces qui vivent là doivent accepter dans leur alimentation des débris organiques venant de plus haut. Des Nématodes, des Annélides Polychètes (Macellicephala), des Crustacés Isopodes et Amphipodes, des Echiurides, de rares Actinies (Galatheanthemum), des Bivalves, des Holothuries sont à peu près les seuls représentants de cette faune de l’étage hadal, les Poissons abyssaux ne dépassant guère 3 000 m de profondeur (Haloporphyrus).

F. P.

 Fédération française des sociétés de Sciences naturelles, Faune de France (Lechevallier, 1921-1967 ; 68 vol. parus). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie (Masson, 1949-1971 ; 28 vol. parus) ; la Vie des animaux (Larousse, 1968-69 ; 3 vol.).

Fauré (Gabriel)

Compositeur français (Pamiers 1845 - Paris 1924).



Introduction

L’œuvre de Fauré décrit à travers une soixantaine d’années une extraordinaire ascension : partie de la facilité et du charme, elle atteindra progressivement la grandeur. Cette route est jalonnée par des éléments qui révèlent une vie facile, une carrière brillante et des honneurs, mais aussi par certaines faiblesses physiologiques qui seront sources de souffrances. Entre ces deux voies et ces deux données se situe le secret de Fauré, un secret qui émane de la personne comme de l’œuvre et sur lequel il n’a lui-même jamais levé le voile. Ce secret s’applique à chaque instant à une œuvre en constante évolution, qui progresse de la séduction à l’austérité. Il n’y a pas à s’étonner que le côté séduisant ait retenu l’attention des mélomanes, en France autant qu’à l’étranger ; il n’y a pas à s’étonner davantage que l’on ne pénètre qu’avec difficulté le temple grec au centre duquel s’inscrit l’œuvre des vingt dernières années. C’est un petit nombre d’intimes, d’élèves et d’amis qui a eu peu à peu la chance de découvrir, de comprendre et d’aimer Gabriel Fauré. Le gros de la troupe passe à côté et ne s’arrête pas. Comment en vouloir à l’Allemagne des Bruckner et des Mahler de ne pas avoir réussi à assimiler le génie fauréen ? En France même, un Debussy ou un Ravel avait d’emblée conquis leur auditoire. Il est certain que plusieurs faiblesses entachent l’effort de Fauré à une époque où le théâtre et la symphonie marquent chez nous de nouveaux progrès. En dépit de la grandeur lyrique de Pénélope, Gabriel Fauré ne peut faire figure de musicien dramatique. Par ailleurs, l’orchestre ne l’attire pas et il n’est pas de ceux qui succomberont à la rutilance et aux ors de la symphonie russe. Le climat dans lequel baigne son œuvre relève d’une confession intérieure.


La vie

Gabriel Fauré naît fortuitement à Pamiers, où son père est fonctionnaire. Des dons très certains pour la musique le font envoyer jeune à Paris, à l’école Niedermeyer. Cette école de musique religieuse classique enseigne, à côté de l’écriture et de la musique de clavier, le chant grégorien. Elle a su s’adjoindre des maîtres éminents et, sans faire concurrence au Conservatoire, elle s’attire une clientèle double, qui groupe paradoxalement de futurs organistes et de futurs maîtres de l’opérette. Fauré entre dans la classe de Pierre Dietsch et dans celle de Camille Saint-Saëns, dont il restera toute sa vie un ami très cher. Il s’essaie fort jeune à la composition, écrivant par exemple, dès cette époque, le Cantique de Racine. Organiste de Saint-Sauveur de Rennes dès 1866, il revient à Paris quatre ans plus tard, pour prendre la tribune de Notre-Dame de Clignancourt. Après la guerre de 1870, il participe à la fondation de la Société nationale, créée par Saint-Saëns et Franck, et il devient accompagnateur au petit orgue de Saint-Sulpice. Il passe également par Saint-Honoré-d’Eylau et devient maître de chapelle de la Madeleine en 1877, église en laquelle son maître Saint-Saëns est encore titulaire du grand orgue. Il semble que se dessine pour Fauré une simple carrière d’organiste, mais notre artiste voit plus loin. Il excelle comme compositeur dans la musique de piano, la mélodie et la musique de chambre. Il s’ouvre à d’autres horizons et voyage. À Weimar, il fait la connaissance de Liszt à l’heure de la création de Samson et Dalila (1877). À Cologne et à Munich, en 1878-79, il fait la découverte de Wagner. L’étoile de Fauré aux côtés de Franck et de son école (Vincent d’Indy) ne fait que monter ; en 1892, il accepte la charge d’inspecteur des conservatoires de province. Entre-temps, il a épousé la fille du sculpteur Emmanuel Frémiet. Lorsque Théodore Dubois quitte en 1896 la tribune de la Madeleine, c’est lui qui le remplace au grand orgue. Cette même année 1896 connaît des bouleversements notoires dans le monde de l’orgue et de la composition. Les deux classes de composition du Conservatoire sont alors confiées à Charles Marie Widor et à Fauré. Widor, qui a délaissé sa classe d’orgue, sera remplacé par Alexandre Guilmant. Quant à Fauré, il entre pour la première fois dans un sanctuaire... où il n’a jamais fait ses classes. Le succès lui vient peu à peu, tant en France qu’à l’étranger. Fauré est régulièrement accueilli par les Anglais, qui applaudissent en 1898 la musique de scène de Pelléas et Mélisande. Au Conservatoire, il se garde d’imposer d’une manière trop impérative sa façon de voir ou de sentir. Avec libéralité, il sait écouter les uns et les autres, formant une remarquable phalange de musiciens : Maurice Ravel, Louis Aubert, Charles Kœchlin, Nadia Boulanger, Jean Roger-Ducasse, Paul Ladmirault, Florent Schmitt, Raoul Laparra. Tous ces musiciens trouvent à s’enrichir auprès d’un tel maître, et c’est à leur contact peut-être que mûrit le génie de Fauré, qui amplifie peu à peu son œuvre de piano et qui donne ensuite son Requiem (1888), la Bonne Chanson (1892), le duo Pleurs d’or (1896), enfin la grande partition de Prométhée, qu’il allait diriger dans les arènes de Béziers (1900).