fatigue (suite)
En fait, le plus grand nombre de cas de fatigue nerveuse relève d’affections mentales névrotiques. Il peut s’agir de névroses caractérisées, comme l’hystérie, l’hypochondrie, la psychasthénie et la névrose obsessionnelle, mais, plus fréquemment, ce sont des états névrotiques plus ou moins définis et complexes ou des affections psychosomatiques diverses. L’école psychanalytique a bien montré les mécanismes de l’asthénie névrotique. Il s’agit d’un symptôme directement issu des processus de défense inconscients contre l’angoisse. Freud a souligné le caractère épuisant de cette lutte que mènent les malades contre l’anxiété qui les dévore. Les névrosés sont aux prises avec des conflits psychologiques internes qu’ils ne parviennent pas à résoudre. Les conflits permanents non surmontés entraînent une asthénie nerveuse intense.
Mais il est encore d’autres catégories de malades qui souffrent de fatigue neuropsychique à la suite d’événements extérieurs pénibles ou traumatisants. Il s’agit de personnes normales ou simplement un peu fragiles qui sombrent dans un état dépressif asthénique à la suite d’un surmenage, d’un surcroît de responsabilités, d’activités trop nombreuses et dispersées, d’une tension psychologique continue dans le cadre d’un conflit professionnel, scolaire ou conjugal, d’un choc affectif brutal, d’un échec grave, d’une situation d’abandon, etc. Toutes ces causes extérieures peuvent engendrer un état acquis d’asthénie psychique que l’on nomme réactionnel. Outre ces causes psychologiques, des causes physiques sont aussi à l’origine d’états d’épuisement nerveux : il en est ainsi des traumatismes du crâne, des grossesses trop rapprochées, de certains traitements médicamenteux (neuroleptiques, tranquillisants), etc.
Quelles que soient ces causes psychologiques ou physiques, le résultat est une variété d’état dépressif appelée dépression nerveuse de type asthénique, ou dépression d’épuisement.
La thérapeutique des états d’asthénie neuropsychique varie suivant leurs causes. On fait appel, selon les cas, à la chimiothérapie (psychotoniques, toniques généraux, antidépresseurs, anxiolytiques) ou à la psychothérapie d’inspiration psychanalytique.
Tous les états réactionnels à des causes extérieures doivent être l’objet de mesures simples visant à aménager des conditions de vie différentes ou à agir sur les causes déclenchantes.
G. R.
P. Chauchard, la Fatigue (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1956 ; 4e éd., 1968). / P. Bugard, la Fatigue. Physiologie, psychologie et médecine sociale (Masson, 1959) ; l’Usure par l’existence : bruit, rythme de vie, automation, ergonomie (Masson, 1964). / L. Chertok et M. Sapir (sous la dir. de), la Fatigue (Privat, Toulouse, 1968). / L. Petrescu, le Surmenage (Éd. universitaires, 1970). / F. Frisch, l’Homme fatigué (Privat, Toulouse, 1973).