Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

exploitation agricole (suite)

La première est le fait d’un exploitant et de sa famille et, éventuellement, d’un ouvrier salarié partageant plus ou moins la vie de famille. Ce type est, de loin, le plus courant. Vivant souvent sur elle-même, cette exploitation possède une grande résistance aux crises, ce qui explique que les structures agricoles aient peu évolué depuis quelques décennies. La survie des nombreuses exploitations économiquement non viables semble liée à la capacité de résignation de la famille, qui, de gré ou de force, s’est contentée de maigres revenus et d’une économie de subsistance.

La grande entreprise agricole, qualifiée de capitaliste, généralement de grande dimension, fait appel à du travail salarié, utilise largement les moyens mécaniques, recourt au crédit et s’adonne au calcul économique.

Il s’agit, avec ce type d’exploitation, d’une véritable entreprise*, de forme industrielle.

Plus récemment, on a été amené à ajouter à cette classification les exploitations intégrées, dans lesquelles la plus grande partie de la production (et donc du revenu) est « sous contrat » avec une seule firme intégratrice, et, par ailleurs, les exploitations de travail à façon, dans lesquelles l’exploitant est tombé sous la tutelle quasi totale de l’intégrateur, tout en restant cependant propriétaire des moyens de production.

La situation française : une agriculture atomisée

À partir des données du recensement agricole de 1963, J. Chombart de Lauwe (« l’Armée des exploitations agricoles », Projet, nov. 1966, pp. 1073-1086) distingue trois grandes catégories à l’intérieur de l’« armée » des exploitations agricoles.

• L’arrière-garde groupe 403 000 exploitations de complément, soit 21,2 p. 100 du total, dont le revenu agricole annuel est faible (2 200 F). Sur ces exploitations, la source principale du revenu provient vraisemblablement de l’activité à plein temps ou à temps partiel du chef de famille et/ou d’autres personnes (conjoint, aides familiaux).

• L’avant-garde est formée de 273 000 exploitations, soit 14,3 p. 100 du total, comprenant le gros de l’escadron des exploitations moyennes de 50 à 100 ha (revenu agricole annuel moyen de 30 000 F) et du petit escadron des exploitations spécialisées (revenu moyen de 425 000 F).

• Le gros de l’armée rassemble 1 224 000 exploitations, soit 64,5 p. 100 du total, à l’intérieur duquel l’auteur distingue :
— la division d’infanterie des micro-exploitations de polyproduction inférieures à 20 ha, employant 40 p. 100 de la population active agricole et procurant un revenu agricole moyen de 7 700 F par an (on peut estimer que cette sous-catégorie renferme la plus grande part des familles d’exploitants pauvres, lesquelles ne profitent pas des bienfaits de la civilisation, restent peu perméables au progrès technique et sont dans l’impossibilité de se moderniser) ;
— le régiment d’infanterie des exploitations de 20 à 50 ha ; disposant d’un revenu agricole moyen de 20 000 F par an, les chefs d’exploitation connaissent une pauvreté relative et non pas absolue comme dans le cas précédent ; s’ils sont plus perméables au progrès, leur effort de modernisation se fait au prix d’un endettement qui menace la rentabilité de l’entreprise, d’autant que la superficie ou le morcellement des parcelles ne permet pas toujours de tirer pleinement parti des innovations.

La répartition des types de faire-valoir en France

Du point de vue des modes de faire-valoir, on observait en France, en 1967, que 81,8 p. 100 des exploitations pratiquaient le faire-valoir direct pour au moins une partie de leur superficie, 52,8 p. 100 le fermage et 4,1 p. 100 le métayage.

La fréquence du fermage augmente très fortement avec la taille des exploitations — jusqu’à 75 p. 100 vers 30-35 ha —, mais ne varie guère au-delà. La fréquence du faire-valoir direct varie en sens inverse, mais de façon moins accentuée. La fréquence la plus élevée du métayage est observée pour l’exploitation variant entre 35 ha et 70 ha. La proportion d’exploitations pratiquant plusieurs modes de faire-valoir augmente sensiblement avec la taille des exploitations jusqu’à la classe des 15-20 ha.

L’importance du faire-valoir direct est très variable selon les régions. On peut, toutefois, séparer la France en deux parties : au nord d’une ligne La Rochelle-Annecy, le fermage domine ; au sud de cette ligne, le faire-valoir direct est prépondérant. En 1967, 39 p. 100 du nombre des exploitations pratiquaient plusieurs modes de faire-valoir, alors que ce n’était le cas que de 33,7 p. 100 des exploitations en 1963 et de 25,4 p. 100 en 1965 ; 52,1 p. 100 de la surface agricole utilisée étaient en faire-valoir direct, 45 p. 100 en fermage, et 2,8 p. 100 en métayage ; le faire-valoir direct dominait dans les petites exploitations, mais son importance relative ne tombait jamais au-dessous de 40 p. 100 de la surface agricole utilisée, quelle que soit la classe de taille envisagée. À l’opposé, l’importance relative de la surface agricole utilisée en fermage augmentait avec la taille, mais ne dépassait pas 55 p. 100 de la surface agricole utilisée. Il faut noter que l’importance relative du fermage diminuait avec l’âge. Ainsi, 61,7 p. 100 des terres exploitées par les moins de 35 ans l’étaient en fermage.

G. R.

➙ Agriculture / France / Intégration.

 P. Cordonnier, R. Carles et P. Marsal, Économie de l’entreprise agricole (Cujas, 1970). / H. de Farcy, Économie agricole (Sirey, 1971). / P. Mainié, les Exploitations agricoles en France (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1971).

exploitation à ciel ouvert et souterraine

Mine dans le cas de minerai ou de charbon.


On emploie aussi le mot carrière pour désigner une mine à ciel ouvert, bien que ce terme soit spécifique des exploitations de produits non minéraux (silice, argile, gypse, matériaux de construction, etc.), qu’elles soient à ciel ouvert ou souterraines.