Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Évreux (suite)

Tel pourrait bien être, en définitive, le principal problème de son avenir. La ville contemporaine a poussé très vite, sur une lancée venue de l’extérieur, débordant les vieux cadres. Le lien avec Paris, renforcé par les implantations industrielles et de nouveaux moyens de transport (autoroute, turbotrain), est devenu prépondérant. Quelle doit être dans l’aménagement du territoire la fonction fondamentale d’Évreux ? Une petite capitale animatrice de sa région, un point d’appui des extensions de Rouen et de la basse Seine ou une grande banlieue de Paris ?

A. F.

➙ Eure.


Évreux, ville d’art

Le musée d’Évreux conserve des souvenirs intéressants du passé romain de la ville, mais le centre de celle-ci rappelle davantage le Moyen Âge avec ses restes de remparts, la façade du palais épiscopal de la fin du xve s., la cathédrale et l’église Saint-Taurin.

L’architecture de la cathédrale Notre-Dame n’est pas homogène. Le chœur gothique est plus large que la nef, encore romane dans ses parties basses. La majeure partie de l’édifice appartient au style rayonnant de la fin du xiiie et du xive s., avec un transept flamboyant (tour-lanterne et façade nord remarquables) et une façade Renaissance. La cathédrale est entourée de chapelles, dont celle d’axe, dite « de la Mère de Dieu », saille profondément. L’élévation intérieure est à trois étages, avec un triforium ajouré dans le chœur. Les stalles, du xive s., et les clôtures en bois des chapelles, d’époque Renaissance, sont dignes d’intérêt pour leurs sculptures. Mais la cathédrale est surtout renommée pour ses vitraux, notamment ceux des xive et xve s., où figurent le comte d’Évreux Charles le Mauvais et les rois de France Charles VII et Louis XI (fenêtres hautes du chœur et chapelle de la Mère de Dieu).

L’ancienne abbatiale Saint-Taurin, comme la cathédrale, garde des restes romans (bas-côtés de la nef), date surtout de la fin du Moyen Âge et s’orne de vitraux du xve s. Elle s’enorgueillit de la châsse de saint Taurin, premier évêque d’Évreux. C’est une œuvre exemplaire du milieu du xiiie s., en argent et cuivre doré rehaussés d’émaux aux armes royales ; elle épouse la forme d’une église à transept et à tour-lanterne. Des figures du Christ, de saint Taurin, d’un ange et d’un autre saint décorent les façades. Des plaques au repoussé narrent la vie et les miracles de saint Taurin sur les parois et la toiture, dans un style très raffiné.

A. P.

 G. Bonnenfant, Notre-Dame d’Évreux (Picard, 1939).

Évry-Corbeil

Agglomération du départ. de l’Essonne*, formée du ch.-l. du départ. Évry et de la ville de Corbeil-Essonnes ; environ 65 000 hab. au total.


La construction d’une ville nouvelle, qui s’étendra sur le territoire de la commune d’Évry ainsi que sur les territoires des communes de Ris-Orangis, de Bondoufle, de Courcouronnes et de Lisses, doit souder en une seule agglomération effective Évry et la ville voisine de Corbeil-Essonnes.

Évry, autrefois Évry-Petit-Bourg, était composé d’un alignement de hameaux et de châteaux avec leurs parcs situés au sommet ou sur la pente du coteau qui longe la rive gauche de la Seine, du nord au sud : Grand-Bourg, Petit-Bourg, Rouillon, Évry, le Bras-de-Fer. Mais sa population progresse vite, passant entre 1954 et 1975 de 1 900 à 15 600 habitants.

Corbeil, vieille ville-pont, à la confluence de l’Essonne et de la Seine, citée comme villa gallo-romaine au vie s. et comme chef-lieu de comté au ixe, eut un monastère dès le xe s. Le transept de l’église Saint-Spire date du xie s., et la nef du xiie. L’origine de ses moulins à farine remonte au xiie s., et celle de ses moulins à papier au xive. Les moulins étaient mus par les eaux de l’Essonne. La ville a été rattachée à la couronne par Louis VI le Gros en 1108 et dotée d’un château royal. Elle fut longtemps le grenier de Paris, car les blés de Beauce y parvenaient par l’Essonne avant d’être expédiés par la Seine. Le coche d’eau de Corbeil, ayant servi à évacuer les victimes d’une épidémie de peste qui affecta Paris, donna son nom au « corbillard ». Le premier pont sur la Seine, qui succéda à un bac, est du xve s.

Au xixe s., Corbeil a bénéficié de ses traditions industrielles et de ses bonnes relations avec la capitale par la voie ferrée Paris-Juvisy, ouverte en 1840. Aux industries anciennes se sont ajoutés le matériel ferroviaire à voie étroite Decauville, l’imprimerie Crété, les balances Testut, la féculerie Doittau, tandis que se développaient les papeteries Darblay. Il s’y est établi récemment la SNECMA (moteurs d’avion) et IBM (ordinateurs). Les six plus grosses entreprises offrent au total plus de 11 000 emplois industriels.

En 1951, la commune voisine d’Essonnes fusionna avec Corbeil. Aujourd’hui, avec les quatre communes limitrophes de Saint-Germain-lès-Corbeil, de Saint-Pierre-du-Perray, de Saintry-sur-Seine et de Villabé (au total environ 50 000 habitants), Corbeil-Essonnes constitue une petite agglomération satellite de Paris aux activités diversifiées, surtout industrielles, et relativement autonome. La ville a toutes les chances de constituer, si la ville nouvelle d’Évry est réalisée, une des plus importantes agglomérations de la grande banlieue parisienne, bien reliée à Paris, à la fois par la voie ferrée, l’autoroute du Sud, la Nationale 7 et une ligne de métro régional express.

J. B.

Evtouchenko (Ievgueni Aleksandrovitch)

Poète russe (Zima, Sibérie, 1933).


Fils de géologues, petit-fils, par sa mère, d’un paysan devenu général de l’armée rouge et, par son père, d’un mathématicien letton, l’un et l’autre tombés victimes de la terreur stalinienne, Evtouchenko passe son enfance à Moscou et dans sa ville natale de Zima, sur le Transsibérien, où, en 1941, il connaît les misères de l’évacuation. Après 1944, il vit à Moscou avec sa mère, qui, séparée de son mari, gagne difficilement sa vie comme chanteuse, puis comme employée. À quinze ans, renvoyé de l’école pour indiscipline, il s’engage comme terrassier, puis comme collecteur dans des expéditions de prospection géologique en Sibérie et en Asie centrale. De retour à Moscou, il publie à partir de 1949, dans les journaux, des vers de circonstance. Son premier recueil, Razvedtchiki griadouchtchego (les Prospecteurs du futur, 1952), lui ouvre les portes de l’Union des écrivains et de l’Institut de littérature, où il poursuit des études jusqu’en 1954.