Évreux (suite)
Tel pourrait bien être, en définitive, le principal problème de son avenir. La ville contemporaine a poussé très vite, sur une lancée venue de l’extérieur, débordant les vieux cadres. Le lien avec Paris, renforcé par les implantations industrielles et de nouveaux moyens de transport (autoroute, turbotrain), est devenu prépondérant. Quelle doit être dans l’aménagement du territoire la fonction fondamentale d’Évreux ? Une petite capitale animatrice de sa région, un point d’appui des extensions de Rouen et de la basse Seine ou une grande banlieue de Paris ?
A. F.
➙ Eure.
Évreux, ville d’art
Le musée d’Évreux conserve des souvenirs intéressants du passé romain de la ville, mais le centre de celle-ci rappelle davantage le Moyen Âge avec ses restes de remparts, la façade du palais épiscopal de la fin du xve s., la cathédrale et l’église Saint-Taurin.
L’architecture de la cathédrale Notre-Dame n’est pas homogène. Le chœur gothique est plus large que la nef, encore romane dans ses parties basses. La majeure partie de l’édifice appartient au style rayonnant de la fin du xiiie et du xive s., avec un transept flamboyant (tour-lanterne et façade nord remarquables) et une façade Renaissance. La cathédrale est entourée de chapelles, dont celle d’axe, dite « de la Mère de Dieu », saille profondément. L’élévation intérieure est à trois étages, avec un triforium ajouré dans le chœur. Les stalles, du xive s., et les clôtures en bois des chapelles, d’époque Renaissance, sont dignes d’intérêt pour leurs sculptures. Mais la cathédrale est surtout renommée pour ses vitraux, notamment ceux des xive et xve s., où figurent le comte d’Évreux Charles le Mauvais et les rois de France Charles VII et Louis XI (fenêtres hautes du chœur et chapelle de la Mère de Dieu).
L’ancienne abbatiale Saint-Taurin, comme la cathédrale, garde des restes romans (bas-côtés de la nef), date surtout de la fin du Moyen Âge et s’orne de vitraux du xve s. Elle s’enorgueillit de la châsse de saint Taurin, premier évêque d’Évreux. C’est une œuvre exemplaire du milieu du xiiie s., en argent et cuivre doré rehaussés d’émaux aux armes royales ; elle épouse la forme d’une église à transept et à tour-lanterne. Des figures du Christ, de saint Taurin, d’un ange et d’un autre saint décorent les façades. Des plaques au repoussé narrent la vie et les miracles de saint Taurin sur les parois et la toiture, dans un style très raffiné.
A. P.
G. Bonnenfant, Notre-Dame d’Évreux (Picard, 1939).