Euripide (suite)
Les ultimes croyances d’Euripide au seuil de la mort finalement nous échappent. Contentons-nous de supposer que le chœur, dans ses admirables parties lyriques, exprime les convictions intimes du poète. Il est une forme suprême de la sagesse proche de l’extase : « Heureux l’homme fortuné, instruit du divin mystère, qui, sanctifiant sa vie, se fait l’âme d’un fervent ! » (72-75). La vraie sagesse, cette folie supérieure, est d’être disponible aux appels du surnaturel et de se fondre en lui : « Que ma vie s’écoule vers la beauté, que jour et nuit, dans la pureté, avec piété, j’adore les dieux, rejetant les pratiques contraires à la justice » (1007-1010). Appliquons-nous à atteindre une sorte de naïveté fondamentale, car le dieu « hait celui dont le désir n’est point, dans la clarté du jour, dans la douceur des nuits, de goûter le bonheur et de vivre, de tenir, en sage, son cœur et son esprit bien loin des mortels trop subtils » (424-428). Bienheureux les cœurs purs, bienheureux les cœurs simples : seuls ils parviendront à la paix de l’âme, à la béatitude, même si « la puissance divine se meut avec lenteur ; mais elle est infaillible ». Dernière pièce d’Euripide qui soit parvenue jusqu’à nous, les Bacchantes, en dépit de scènes atroces, invitent ainsi à une radieuse félicité.
A. M.-B.
➙ Eschyle / Sophocle / Théâtre / Tragédie.
P. Decharme, Euripide et l’esprit de son théâtre (Garnier, 1893). / P. Masqueray, Euripide et ses idées (Hachette, 1908). / G. G. A. Murray, Euripides and his Age (Londres, 1913 ; nouv. éd., 1946). / F. L. Lucas, Euripides and his Influence (Boston, 1923). / M. Delcourt, la Vie d’Euripide (Gallimard, 1930). / E. Delebecque, Euripide et la guerre du Péloponnèse (Klincksieck, 1951). / Euripide (Fondation Hardt, Vandœuvres, Genève, 1960, et Klincksieck, 1961 ; 2 vol.). / R. Goossens, Euripide et Athènes (Palais des Académies, Bruxelles, 1962). / K. Matthiessen, Elektra, Taurische Iphigenie und Helena (Göttingen, 1964). / N. C. Hourmouziadès, Production and Imagination in Euripides (Athènes, 1965). / F. Jouan, Euripide et les légendes des « Chants cypriens » (Les Belles Lettres, 1966). / T. B. L, Webster, The Tragedies of Euripides (Londres, 1967). / A. Tuilier, Recherches critiques sur la tradition du texte d’Euripide (Klincksieck, 1968).