Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

Sous les apparences, la tradition de réalisme, de libéralisme et d’humour picaresque se poursuit, posant l’individu au centre de toutes choses, opposant son besoin de bonheur, de dignité et même de folie aux répressions d’une société trop rationalisée. Avec certains, la réflexion critique semble menacer la création littéraire : les problèmes que se pose l’Amérique sont si aigus que les écrivains sont tentés par l’engagement et l’utopie. C’est peut-être un retour à la tradition puritaine, plus soucieuse de message moral et spirituel que d’écriture. Le développement des mass media audiovisuels, qui semblent marquer la fin de la civilisation écrite, paraît menacer la littérature. Mais on n’a jamais tant publié. Même si la littérature devient un sous-produit des mass media, elle restera, en Amérique, œuvre non pas de clercs rhétoriqueurs, mais d’hommes libres soucieux de défendre l’esprit contre la lettre, l’individu contre le pouvoir, le possible contre le réel. La littérature américaine n’a jamais renié ses origines « protestantes ». La crise apparente de la littérature américaine, comme de la civilisation américaine, n’est qu’un signe du dynamisme inventif et critique d’un pays jamais satisfait de ses dieux, de ses réalisations et de ses libertés, et toujours en quête d’une nouvelle frontière à dépasser.

J. C.

➙ Albee (E.) / Anderson (Sh.) / Auden (W. H.) / Beat generation / Bellow (S.) / Burroughs (W.) / Caldwell (E.) / Capote (T.) / Cooper (F.) / Crane (H.) / Crane (S.) / Dickinson (E.) / Dos Passos (J.) / Dreiser (T.) / Emerson (R. W.) / Faulkner (W.) / Fitzgerald (F. S.) / Frost (R.) / Hawthorne (N.) / Hemingway (E.) / Irving (W.) / Lewis (S.) / London (J.) / McCullers (C. S.) / Mailer (N.) / Malamud (B.) / Melville (H.) / Miller (A.) / Miller (H.) / Norris (F.) / O’Neill (E.) / Poe (E.) / Porter (K. A.) / Pound (E.) / Roth (Ph.) / Salinger (J. D.) / Sinclair (U.) / Stein (G.) / Steinbeck (J.) / Styron (W.) / Thoreau (H.) / Twain (M.) / Updike (J.) / Whitman (W.) / Williams (T.) / Wolfe (Th.) / Wright (R.).

 C. Cestre, la Littérature américaine (A. Colin, 1945 ; 3e éd., 1957) ; les Poètes américains (P. U. F., 1948). / P. Brodin, les Maîtres de la littérature américaine (Horizons de France, 1948) ; Écrivains américains d’aujourd’hui (Debresse, 1969). / C.-E. Magny, l’Âge du roman américain (Éd. du Seuil, 1948 ; nouv. éd., 1968). / The Oxford Companion to American Literature (Oxford, 1948). / R. E. Spiller, W. Thorp et coll.. Literary History of the United States (New York, 1949 ; 3 vol.). / L. Bogan, Achievement in American Poetry (Chicago, 1950 ; trad. fr. Réflexions sur la poésie américaine, Seghers, 1965). / J.-F. Cahen, la Littérature américaine (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1950 ; 6e éd., 1973). / C. Arnavon, Histoire littéraire des États-Unis (Hachette, 1953 ; nouv. éd., 1964). / M. Cunliffe, The Literature of the United States (New York, 1955 ; trad. fr. la Littérature des États-Unis, P. U. F., 1964). / M. Mohrt, le Nouveau Roman américain (Gallimard, 1955). / R. E. Spiller, The Cycle of American Literature (Londres, 1955 ; nouv. éd., 1967). / R. Chase, The American Novel and its Tradition (New York, 1957 ; trad. fr. Lumières et ténèbres ou le Roman américain, Seghers, 1965). / C. Gohdes, Bibliographical Guide to the Study of the Literature of the USA (Durham, Caroline du Nord, 1959). / L. Howard, Literature and the American Tradition (New York, 1960). / P. Dommergues, les Écrivains américains d’aujourd’hui (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1965 ; 3e éd., 1973) ; les U.S.A. à la recherche de leur identité (Grasset, 1967). / J. Cabau, la Prairie perdue, Histoire du roman américain (Éd. du Seuil, 1966). / M. Saporta, Histoire du roman américain (Seghers, 1970). / A. Kazin, Une vie plus intense. Les romanciers américains de Hemingway à Mailer (Buchet-Chastel, 1976).


La musique américaine

Les débuts de la vie musicale américaine remontent aux premiers temps de la colonisation et peuvent se rattacher au chant des psaumes, puisque le deuxième Livre imprimé était, dès 1640, le Bay Psalm Book. Mais il faut attendre le milieu du xviiie s. pour voir la formation de sociétés musicales et l’organisation de concerts ou de représentations d’opéras, alors que les compositeurs ne sont que des mélodistes incultes (Francis Hopkinson [1737-1791] ou William Billings [1746-1800]) s’inspirant des médiocres musiciens européens installés dans le Nouveau Monde.

Plusieurs générations de professeurs et de techniciens se succéderont avant que naisse et se stabilise, en terre américaine, une vie musicale attentive à la hiérarchie des valeurs. L’essor de Philadelphie puis de New York concurrencera Boston, qui avait été longtemps le centre intellectuel et musical le plus important des États-Unis, et toutes les grandes villes auront à leur tour des écoles, des orchestres et des saisons d’opéra.

En dépit d’un penchant que le public américain gardera longtemps pour les impressions étranges et l’émotion facile, les efforts des chefs et des virtuoses qui s’étaient donné pour mission de l’éduquer trouveront leur récompense dans la seconde moitié du siècle dernier, et c’est alors aussi qu’une génération de compositeurs partira à la recherche de l’accent capable de donner à sa musique un autre visage que celui d’une somme d’emprunts.

Jusqu’alors, en effet, l’influence allemande et italienne avait suggéré, dans le domaine symphonique ou dans l’opéra, des réalisations impersonnelles auxquelles le talent de certains créateurs comme John Knowles Paine (1839-1906), Horatio Parker (1863-1919) ou Edward MacDowell (1861-1908) n’avait pu conférer une physionomie originale, en dépit même du dessein qu’ils entretenaient d’exprimer « la vitalité, la jeunesse, l’optimisme et la ténacité d’esprit qui caractérisent l’homme américain » (MacDowell).

À cet effet, on avait exploré successivement l’élément indien et l’apport des Noirs, celui-ci particulièrement mis en valeur par Dvořák pendant son séjour à New York. Ce qu’atteste la Symphonie du Nouveau Monde, œuvre slave en dépit de son programme extra-musical et de ses thèmes conçus à la manière des spirituals (chants sacrés des Noirs convertis au christianisme et s’inspirant généralement des cantiques méthodistes).

Un peu plus tard, on crut que la rencontre de la musique traditionnelle avec le jazz* constituait un potentiel typiquement américain de sonorités et de rythmes, et, dès 1915, John Alden Carpenter (1876-1951) en exploita les formules dans son Concertino pour piano.