Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

La marine marchande et les grands ports

Une partie importante des marchandises en provenance des États-Unis et une partie beaucoup plus faible des produits à destination des États-Unis sont transportées sur des navires américains. D’une façon générale, le rôle de la flotte marchande américaine dans le transport des produits importés et exportés diminue constamment depuis 1950, à la suite de la reconstitution des autres flottes détruites pendant la guerre. Pour la même raison, la marine de commerce des États-Unis, qui fut la première jusqu’aux environs de 1960, est passée aujourd’hui, avec 15 millions de tonneaux de jauge brute, au septième rang mondial.

Cabotage et navigation sur les Grands Lacs exclus, le tonnage des marchandises importées et exportées par New York (120 Mt) accorde à cette ville une première place contestée par les ports de la Delaware (98 Mt pour Philadelphie, Wilmington, Morrisville, Camden). Dans ces deux organismes portuaires, les importations (pétrole, minerais) l’emportent sur les exportations (produits semi-finis, céréales, machines, autos). Houston a un trafic de 45 à 50 Mt : produits pétroliers et matières premières de l’industrie chimique aux sorties. Norfolk et Newport News (près de 45 Mt) exportent le charbon appalachien (en plus de celui qui gagne les aciéries littorales). Puis viennent La Nouvelle-Orléans (entre 30 et 50 Mt, port d’exportation surtout : produits agricoles et industriels du Midwest et du Corn Belt, produits pétroliers), le groupe de Baltimore (45 Mt, importateur de pétrole et minerais, exportateur de céréales), Los Angeles - Long Beach (40 Mt). Enfin viennent les ports de la baie de San Francisco (35 Mt).


La balance des paiements et les investissements à l’étranger

Depuis la guerre, le volume des exportations et celui des importations ont progressé considérablement et à peu près parallèlement. Les ventes atteignent actuellement plus de 70 milliards de dollars, et les importations près de 70. La balance commerciale reste donc positive. En revanche, les exportations invisibles sous forme de services, longtemps positives, sont maintenant négatives : si les transports aériens internationaux rapportent de l’argent aux États-Unis, les transports maritimes effectués par les étrangers leur en font perdre davantage. Le tourisme américain dans le monde représente de fortes sorties de devises. Le commerce des capitaux — revenu des investissements américains contre revenu du capital étranger aux États-Unis et investissements à l’étranger — est favorable aux États-Unis. Mais les dépenses militaires, les prêts, l’assistance à l’étranger provoquent depuis quelques années un déficit de la balance de base.

Le montant des investissements à l’étranger n’a cessé de s’élever ; depuis 1960, il a plus que doublé pour atteindre 70,8 milliards de dollars. Ils concernent les industries de transformation, l’exploitation minière, l’extraction du pétrole. Les investissements les plus importants sont placés au Canada (pétrole, mines, pâtes et papiers, métallurgie, automobile), en Europe occidentale (industries pétrolières, automobiles, alimentaires, électriques et électroniques), en Amérique latine (mines, pétrole). Les grandes compagnies américaines contrôlaient avant la crise pétrolière 50 p. 100 de la production du Koweït, 70 p. 100 de celle du Venezuela, 85 p. 100 de celle de la Libye, 95 p. 100 de celle de l’Arabie Saoudite.

De ce panorama rapide, il ressort que le développement de l’économie pose de nouveaux problèmes sans résoudre les anciens. Parmi ces derniers figurent le maintien d’une masse, apparemment incompressible, de quatre millions de chômeurs, la surproduction permanente ou fréquente due à la productivité excessive de l’industrie et de l’agriculture par rapport à la consommation nationale et aux possibilités d’exportation, enfin les irrégularités de la production qui en résultent. D’un autre côté, l’expansion économique met en évidence certains goulets d’étranglement tels que l’impossibilité de remédier immédiatement à la pénurie d’énergie ou la destruction de ressources naturelles par épuisement (gisements houillers et ferrifères traditionnels) ou pollution (pêche, ostréiculture).


Aperçu sur les problèmes régionaux

Un trait frappant de la géographie des États-Unis est l’absence de véritables régions définies par une association de conditions naturelles et d’initiatives humaines, à tel point qu’on désigne souvent les régions par des combinaisons de points cardinaux. Les statistiques officielles désignent ainsi un Nord central, subdivisé en Nord central ouest et Nord central est, et un Sud qui comprend un Sud central ouest, un Sud central est et un Sud atlantique. Dans le langage courant, on parle de Nord-Est et de Sud-Est sans leur attribuer de limites définies, sinon celles d’un groupe d’États. On reconnaît des régions historiques (Sud, Nouvelle-Angleterre) ou topographiques (Appalaches, Rocheuses). Une approche plus géographique apparaît dans la dénomination selon l’économie agricole dominante : Dairy Belt, Corn Belt, Cotton Belt. L’inconvénient de ce procédé de régionalisation est d’accorder trop d’importance à l’agriculture et de s’appuyer sur des monocultures plus ou moins périmées.

En fait, les régions géographiques en sont encore à l’état embryonnaire ; elles se cherchent. Les agglomérations les plus importantes ont un rayon d’influence sur l’économie régionale, une aire d’approvisionnement comme les bassins laitiers et maraîchers autour des centres urbains de la côte atlantique et des Grands Lacs. La région en formation est parfois strictement urbaine et industrielle, lorsque des agglomérations ou conurbations puissantes vont à la rencontre l’une de l’autre, par exemple Chicago vers Milwaukee et vers Pittsburgh par Toledo et Cleveland, ou bien Los Angeles vers San Diego.

L’absence de régions géographiques originales se reconnaît à ce que les régions en formation se chevauchent. Dans le Nord central et le Nord-Est, il y a ainsi un intérieur agricole, dont l’ancien Corn Belt constitue la partie centrale et qui s’étend de l’ouest de l’Ohio aux limites d’aridité dans les Grandes Plaines, et un intérieur industriel qui comprend, à l’est, la Virginie-Occidentale, l’ouest de la Pennsylvanie et le nord-ouest du New York et se dilue à l’ouest aux abords du Mississippi.

Cette région entre Appalaches et Grandes Plaines est une de celles dans lesquelles s’organise l’Amérique moderne à la faveur de la redistribution présente de la population, l’autre région étant le Sud-Ouest, du Texas à la Californie.