Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

Monoculture et haute productivité ont des conséquences néfastes. L’une de celles-ci est la surproduction permanente, la diminution du nombre des agriculteurs ne compensant pas l’accroissement de la production. Une autre conséquence est la dégradation et l’appauvrissement des sols. La terre arable a été épuisée par la monoculture, exposée au ravinement et à l’érosion éolienne. Dans les régions irriguées, le pompage excède l’alimentation des nappes (abaissement de 3 m par an dans l’oasis de Phoenix, de 30 m par rapport au niveau originel en Californie).

La surproduction et l’érosion des sols ont provoqué l’intervention du gouvernement fédéral. Celui-ci subventionne la réduction des surfaces cultivées, que les agriculteurs compensent en accroissant les rendements. Par l’intermédiaire du Commodity Credit Corporation, il achète, stocke et exporte les surplus, soutient les prix d’une dizaine de produits (coton, blé, maïs, tabac, riz, arachide, sorgho, avoine, betterave, produits laitiers). Le Soil Conservation Service protège les terres menacées par l’érosion, reconstitue les sols par des plantations forestières, encourage le labour selon les courbes de niveau (contour ploughing) et la protection des surfaces en jachère.

• Régions agricoles et grands produits. Dans la région des Grands Lacs, du nord des Appalaches et de la Nouvelle-Angleterre, les conditions sont plus favorables à l’économie laitière qu’à la culture des céréales ; le marché constitué par les villes du Nord-Est a renforcé cette orientation et a stimulé aussi l’établissement des vergers à haute productivité sur les rives des Lacs et en Pennsylvanie ainsi que la transformation des sols stériles de la plaine côtière en zone maraîchère de la mégalopolis. Le Maine se spécialise dans la culture de la pomme de terre pour les marchés urbains.

Au centre des plaines intérieures, à une latitude où les étés sont très chauds, l’ancien Corn Belt est toujours le principal fournisseur de maïs, mais il produit aussi soja, sorgho, avoine et orge ; céréales et fourrages permettent un élevage varié : porcs, volailles, vaches laitières, bœufs de boucherie.

Au sud d’une zone de polyculture (importance relative du tabac) ou d’agriculture de subsistance (Ozark, plateau de Cumberland, Appalaches, centre de la plaine atlantique) et au nord de la zone côtière du Golfe se situe l’ancien Cotton Belt ; le coton, présent dans toute la région, n’est resté une culture importante qu’entre Cairo (Illinois) et Vicksburg (Mississippi) et autour de Lubbock (Texas). La région s’est orientée vers les cultures fourragères, la laiterie et l’aviculture à l’est du fleuve, l’élevage du bétail à viande et la culture du sorgho (Texas) et du blé à l’ouest.

Dans la zone littorale dominent les cultures subtropicales : canne à sucre, riz sur les côtes du Texas et de la Louisiane et en Arkansas, oranges et pamplemousses en Floride.

Aux confins semi-arides des plaines centrales, l’herbe, les céréales fourragères, le soja, le coton cèdent la place au blé : blé de printemps au nord (Montana, Dakotas), d’hiver au sud (Kansas). Ce double Wheat Belt est un des greniers du monde, mais il est exposé à la surproduction en permanence et, parfois ou localement, aux aléas climatiques.

L’Ouest aride commence là où la culture du blé devient hasardeuse. La vie rurale y présente divers aspects. Dans les régions de sécheresse modérée domine l’élevage extensif des bovins et ovins (ranches). Le bétail du nord des Grandes Plaines, du bassin du Wyoming, du nord et du centre des plateaux intérieurs séjourne en été dans les montagnes humides (Rocheuses de l’Idaho et du Montana, Wasatch), tandis qu’il reste toute l’année sans déplacements saisonniers dans les montagnes et plateaux du Sud. La Palouse du Washington et le Piedmont du Montana se prêtent à la culture sèche du blé (dry farming).

Dans les régions désertiques, on pratique l’agriculture irriguée. Introduite par les Mormons dans l’Utah, elle a gagné les vallées et pieds de montagne dans les plateaux intérieurs et les Grandes Plaines. Les réalisations les plus remarquables concernent la Californie*. L’agriculture irriguée se caractérise par la diversité des productions de chaque oasis et une haute productivité. Les oasis du nord cultivent les plantes des pays tempérés : betterave à sucre, légumes, blé, luzerne pour le bétail laitier (Utah, Snake), fruits (pommes de la Wenatchee et de la Yakima) ; celles du sud, les plantes des pays chauds : citrons, dattes, figues, coton (Imperial Valley, Salt River). La Vallée centrale de Californie livre en quantités considérables la gamme complète des produits subtropicaux et tempérés. C’est la source de sa richesse prodigieuse.

La vallée Willamette-Puget Sound s’est tournée par suite de son climat tempéré humide et de la proximité de marchés urbains vers l’économie laitière et la production des fruits et légumes. C’est, en plus petit, une réplique du Dairy Belt du Nord-Est.


La pêche

Les États-Unis se placent au sixième rang, après le Pérou, le Japon, la Chine, l’U. R. S. S. et la Norvège. La production est d’environ 2,5 Mt (poissons, crustacés et coquillages). Le nombre des pêcheurs continue à décroître lentement (135 000). Les petites embarcations utilisées dans la pêche littorale sont plus nombreuses que les chalutiers de haute mer.

La Nouvelle-Angleterre a formé pendant trois siècles des générations de hardis marins qui rapportaient morues, phoques, baleines des mers polaires. Gloucester, New Bedford, Plymouth étaient des noms célèbres. Ce ne sont plus que des ports d’importance moyenne pour les quantités débarquées, mais leur production est variée (morue, hareng, maquereau, colin, aiglefin, poissons plats, crabe, homard) et plus élevée en valeur que celle des ports du Sud.

Les pêcheries du Pacifique doivent leur essor aux initiatives des Scandinaves et des Japonais au début de ce siècle. On prend thons, sardines, anchois, maquereaux sur les côtes de Californie et le saumon sur celles du Nord-Ouest. San Pedro (Californie, premier port de pêche des États-Unis), San Francisco, San Diego, Seattle arment aussi pour la pêche en Alaska (saumon surtout) en recrutant des équipages originaires d’Hawaii, des Philippines, du Mexique.