Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

États-Unis (suite)

La production de l’énergie, des matières premières et des denrées alimentaires


Les sources d’énergie

Avec 5 p. 100 de la population mondiale, les États-Unis consomment plus du tiers de la production énergétique du monde, six fois plus par habitant que la moyenne mondiale. La consommation se répartit entre l’industrie (40 p. 100), les transports (20 p. 100 ; à elles seules, les autos particulières utilisent 3,5 p. 100 de l’énergie mondiale), les usages domestiques (20 p. 100), le commerce et l’agriculture (20 p. 100).

Les hydrocarbures fournissent 71 p. 100 de l’énergie consommée, la houille 23 p. 100, les forces hydrauliques et atomiques 6 p. 100. Premiers consommateurs d’énergie, les États-Unis sont aussi le premier producteur de pétrole, gaz naturel, charbon, électricité.

• Le pétrole. Le premier puits producteur fut foré en 1859 à Titusville (Pennsylvanie). L’extraction du pétrole commença entre 1880 et 1890 en Ohio et en Indiana, entre 1900 et 1910 au Texas, en Oklahoma et en Californie. Environ 70 p. 100 du pétrole proviennent du Texas, de Louisiane, d’Oklahoma et du Mississippi. La Californie est au troisième rang aux États-Unis. La part des autres champs pétrolifères (Wyoming, Nouveau-Mexique et Pennsylvanie) est très modeste. Les États-Unis comptent 508 400 puits en production (dont 196 300 au Texas) ; le rendement moyen est de 14,2 barils par jour (77,4 en Utah). Au total, en 1973, les États-Unis ont produit 3,3 milliards de barils, équivalant à 453 Mt.

Les petits producteurs indépendants sont environ 10 000 ; ils ne subsistent que grâce à une politique protectionniste ; 25 sociétés indépendantes seulement poursuivent une activité rentable. Le tiers de la production est assuré par les majors : Esso (Standard Oil of New Jersey), Mobil Oil, Texaco, Gulf Oil, Standard Oil of California. La puissance de ces firmes est renforcée par leur participation à la distribution mondiale des produits pétroliers et par des investissements à l’étranger.

La production nationale ne couvre que les trois quarts de la consommation. Mais les réserves totales probables des 48 États contigus équivalent à 50 années de production au rythme actuel et au taux actuel de récupération. Les réserves de l’Alaska seraient du même ordre de grandeur. Avec les seules réserves certaines (Alaska exclu), les États-Unis ne disposeraient que de trois ans de pétrole, si ces réserves sûres ne s’accroissaient annuellement d’une fraction des réserves probables grâce aux travaux d’exploration qui précèdent nécessairement l’extraction. La constitution de réserves stratégiques, la fermeture de puits à faible débit, la législation antipollution frappant le pétrole américain riche en soufre, la réduction des profits ont entraîné un ralentissement de la prospection ainsi qu’un abaissement du rapport réserves inventoriées/production. Le nombre des nouveaux puits forés annuellement a même diminué depuis 1966. Les États-Unis sont donc obligés d’importer du pétrole. Cependant, afin de protéger les petits producteurs indépendants, le gouvernement a longtemps pratiqué une politique de contingentement des importations, sans laquelle le pétrole arabe ou sud-américain dont disposent les grandes sociétés aurait inondé le marché américain par suite de son bas prix de revient. Après 1970, la poursuite de l’accroissement de la consommation et la stagnation de la production ont provoqué une élévation sensible des importations et une certaine dépendance énergétique, qui a été mise en évidence lors de la crise mondiale de la fin de 1973. Les États-Unis comptent satisfaire leurs besoins dans un proche avenir grâce à l’exploitation des gisements pétrolifères de l’Alaska et, surtout, par l’utilisation des gisements de schistes bitumineux du Colorado.

• Le gaz naturel. Il fut exploité industriellement à partir de 1878 à Murrysville (Pennsylvanie). Entre 1880 et 1890, on découvrit des gisements dans l’Ohio et le Midcontinent, sur la côte du golfe du Mexique, en Californie. Le développement de cette source d’énergie suivit les progrès des techniques de transport. 93 p. 100 du gaz sont extraits dans 5 États : Texas, Louisiane, Oklahoma, Nouveau-Mexique et Kansas. Il existe des gisements mineurs en Californie, dans les Appalaches, les plaines intérieures et le piedmont des Rocheuses centrales. Le réseau des canalisations est particulièrement dense entre les gisements du Sud-Ouest et les villes industrielles des Grands Lacs et de la côte atlantique. Combustible peu polluant et présentant de nombreux avantages techniques, le gaz naturel est de plus en plus employé dans les industries métallurgiques et chimiques, la verrerie, les centrales thermiques et les foyers domestiques. Comme pour le pétrole, la consommation s’accroît actuellement plus vite que la production. Les réserves totales prouvées sont estimées à 7 500 milliards de mètres cubes (dont 1 200 milliards en Alaska). Cependant, l’exploration préalable à la mise en production de nouveaux puits décline depuis 1956. La réduction des forages procède des mêmes causes que celle des puits de pétrole. Les menaces croissantes de disette de gaz ont amené la Commission fédérale de l’énergie à autoriser l’importation de 18 milliards de mètres cubes de gaz canadien. Une compagnie du Texas a négocié avec l’Algérie un contrat pour la fourniture de 10 milliards de mètres cubes de gaz liquéfié par an pendant 25 ans.

• Le charbon. La houille a perdu une partie importante de ses débouchés traditionnels par suite des changements technologiques intervenus dans les transports, l’industrie, le chauffage. Aussi la production, qui a culminé après la Première Guerre mondiale (592 Mt en 1920) et pendant la Seconde (684 Mt en 1944), a-t-elle décru depuis cette date (545 Mt en 1974). Les Appalaches sont la principale région de production. La totalité de l’anthracite vient du bassin de Scranton ; celui-ci ne livre plus que 10 Mt, après avoir atteint le record de 88 Mt en 1916. 70 p. 100 des charbons bitumineux sont extraits dans les États appalachiens ; si la Virginie-Occidentale tient toujours la tête, le Kentucky a ravi la deuxième place à la Pennsylvanie. Les gisements les plus productifs sont situés dans l’ouest de la Virginie-Occidentale et de la Pennsylvanie ainsi que dans le Kentucky. Les bassins appalachiens fournissent du charbon cokéfiable aux centres sidérurgiques des Grands Lacs, de Pennsylvanie, de la côte du Nord-Est, de l’Alabama ; 40 Mt environ sont exportés par les ports de Virginie. Le bassin d’Eastern Interior (Illinois, Indiana, Ohio) prend une importance croissante : 122 Mt (24 p. 100 de la production des États-Unis). Les bassins du Western Interior (Iowa, Mississippi, Kansas, Oklahoma, Rocheuses et leur piedmont) ne produisent que des charbons médiocres, non cokéfiables, utilisés par les centrales thermiques. Le nord des Grandes Plaines possède des gisements considérables de lignite, exploités depuis quelques années pour les centrales thermiques. Les rendements des charbonnages américains sont très élevés : les veines sont peu disloquées et peu profondes, l’abattage est très mécanisé ; enfin, l’exploitation se fait souvent à ciel ouvert, fréquemment après un important décapage (les excavateurs actuels peuvent déblayer plus de 40 m de morts-terrains). Par ce strip mining qui fournit 40 p. 100 de la production, on atteint des rendements de 22 à 23 t par jour et par homme. L’accroissement ininterrompu des rendements dans certains bassins, la vétusté des installations et l’épuisement des niveaux les plus riches dans les autres entraînent un important chômage.