Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

étang (suite)

Dans les étangs sont très souvent cultivés ou élevés différents organismes, plantes et animaux. Une forme très particulière d’étangs sert à cultiver le riz (rizières). Les roseaux (Phragmites) y sont parfois exploités, et les algues souvent (Chlorella, Spirulina), particulièrement en pays tropical. Les poissons y sont les animaux le plus souvent élevés. En pays tempéré, certains étangs, généralement de grande taille, servent à l’élevage des cyprinidés : carpes, cyprins, tanches, brochets, etc. D’autres, alimentés en eaux plus ou moins saumâtres, permettent l’élevage des mulets et d’autres poissons, y compris des crustacés et des mollusques. Dans les régions à eaux claires et fraîches, la truite et d’autres salmonidés sont élevés dans des étangs d’assez petite taille et à fond sableux ou graveleux. En pays tropical, les Tilapia, poissons herbivores, font l’objet d’élevage intensif.

La production, dans les étangs, dépend du procédé d’utilisation. En élevage extensif, sans apport de nourriture complémentaire, elle varie de 50 à 350 kg à l’hectare. Avec distribution de nourriture d’appoint, elle atteint facilement 1 000 kg à l’hectare en pays tempéré, 5 000 kg à l’hectare en pays chaud. En condition d’élevage particulièrement intensif (apport quotidien de nourriture équilibrée), des rendements de 30 à 60 t à l’hectare ont été obtenus (en Chine).

D’autres animaux sont élevés en étang, tels les canards, qui font l’objet, en Europe centrale notamment, d’élevages industriels parallèlement à celui des poissons.

De nombreux étangs, non exploités, retournent à l’état naturel. Ils deviennent ainsi des pièces d’eau utiles aux oiseaux migrateurs qui y trouvent refuge. Ils servent aussi de site de repos et de distraction pour les populations urbaines ; ils ne méritent plus alors l’appellation d’étang, qui ne leur est gardée que par l’usage (v. lac).

De nombreux étangs construits afin de servir de réservoirs d’eau pour l’irrigation ou l’alimentation des canaux peuvent être exploités de la même manière.

• Nota. Le fait qu’en matière de droit on reconnaisse des étangs naturels (notamment les lagunes) et des étangs artificiels entretient l’erreur de langage précitée. Les étangs ne peuvent être naturels, et ceux qui, juridiquement, mériteraient cette appellation, devraient être considérés comme des lacs.

B. D.

➙ Lac et limnologie.

 L. Germain, Faune des lacs, étangs, marais (Lechevalier, 1925 ; 2e éd. avec E. Séguy, 1958). / M. Huet, Traité de pisciculture (la Vie rustique, Bruxelles, 1952). / W. Schäperclaus, Lehrbuch der Teichwirtschaft (Berlin, 1961 ; trad. fr. Traité de pisciculture en étang, Vigot, 1962). / B. Dussart, Limnologie. L’étude des eaux continentales (Gauthier-Villars, 1966).

État

Lorsqu’une communauté humaine est caractérisée par la possession exclusive d’un territoire, l’intensité des liens de solidarité, de fait et de droit, unissant ses membres et la différenciation existant en son sein entre gouvernants et gouvernés, on peut dire que les conditions essentielles qui permettent d’affirmer l’existence d’un État sont réunies.



Les origines et l’objet de l’État : État et nation

On a longtemps discuté sur les origines de l’État, les uns y voyant la marque de la volonté divine, d’autres (et bien avant Rousseau*) y voulant voir l’effet d’un contrat entre le peuple et ses gouvernants. Mais toutes ces discussions reposent sur la notion de dualité du peuple et de l’État, alors que c’est la dualité entre gouvernants et gouvernés qui fait essentiellement qu’il y a État : la véritable question serait de savoir si cette dualité est nécessaire à la vie et, plus encore, à la survie de la communauté ; à cette question, il est difficile d’apporter une réponse. On ne peut que constater en fait l’existence d’un État dans toutes les communautés nationales contemporaines, mais sa nécessité est, on le sait, niée par les anarchistes.

Pendant des milliers d’années, la destinée d’un homme se confondait avec celle de son groupe, de sa tribu, hors de laquelle il ne pouvait survivre. La tribu, quant à elle, ne pouvait survivre et se défendre que par sa cohésion. D’où l’extrême puissance subjective des lois qui organisaient et garantissaient cette cohésion. « Tel homme, peut-être, pouvait parfois les enfreindre ; aucun, sans doute, n’aurait songé à les nier », écrit Jacques Monod (le Hasard et la nécessité), analysant objectivement, scientifiquement, les conditions dans lesquelles l’humanité a évolué dans le passé. Il ajoute : « Hors l’espèce humaine, on ne trouve nulle part dans le règne animal d’organisations sociales très hautement différenciées, si ce n’est chez certains insectes, fourmis, termites ou abeilles, chez lesquels la stabilité des institutions ne doit à peu près rien à un héritage culturel, mais tout à la transmission génétique. Chez l’homme les institutions sociales, purement culturelles, ne pourront jamais atteindre à une telle stabilité ; qui le souhaiterait d’ailleurs ? »

Si, selon une formule lapidaire, « l’État c’est la nation organisée » (Henri Berthélemy), toute collectivité humaine, avant même d’atteindre le stade de l’État, s’est donné des structures militaires, politiques, voire juridiques, puis, plus tard, des structures administratives. Historiquement, les formes modernes de l’État sont apparues en même temps que se différenciaient les diverses classes sociales ; on comprend qu’ainsi l’État ait pu apparaître comme « l’instrument de la classe dominante en même temps qu’un produit de la vie économique de la société, essentiellement des conditions de la production » (Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’U. R. S. S.). « Le marxisme-léninisme enseigne qu’à la phase supérieure du communisme, quand les classes et les différences de classes auront disparu, l’État deviendra inutile et dépérira » (ibid.).