Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

estomac (suite)

Symptômes et signes de souffrance de l’estomac

Ce sont les flatulences, les brûlures, les crampes épigastriques, les vomissements, les hématémèses.

Les flatulences, ou ballonnements épigastriques, sont les signes d’une difficulté d’évacuation du contenu de l’estomac vers l’intestin. L’éructation (les rots) peut y remédier, mais sa répétition ou son importance sont pathologiques. Les brûlures et les crampes ont, suivant la maladie en cause (gastrite, ulcère, tumeur), des caractères précis d’intensité, d’irradiation et d’horaire par rapport aux repas, ainsi qu’une périodicité dont l’étude est capitale pour l’orientation du diagnostic. Selon les affections, ces manifestations douloureuses peuvent, en effet, soit se répéter tous les jours sans exception par périodes de plusieurs semaines, soit ne se produire que pendant un ou quelques jours consécutifs seulement et ne se renouveler que de façon irrégulière.

Les vomissements sont moins dus à une contraction de l’estomac qu’à une contraction du diaphragme et des muscles de l’abdomen (le cardia étant ouvert et le pylore fermé). Ils peuvent être aqueux, alimentaires, bilieux. Lorsqu’ils se répètent et sont abondants, ils peuvent entraîner une déshydratation. Le vomissement est un symptôme banal des maladies de l’estomac, mais de nombreuses autres affections (fièvres, maladies du foie et de la vésicule, du système nerveux) peuvent également en être la cause.

Les hématémèses (vomissements de sang) font évoquer la possibilité de varices, d’une gastrite hémorragique, d’un ulcère, d’un cancer. Elles s’accompagnent de selles noirâtres (malæna).


Maladies de l’estomac


La dyspepsie

On désigne sous ce terme un ensemble de troubles survenant après les repas et ne correspondant pas nécessairement à une lésion organique. Schématiquement, on distingue une dyspepsie hyposthénique et hyposécrétoire (contractions et sécrétions de l’estomac insuffisantes), se manifestant par des lourdeurs, des flatulences, des ballonnements et des brûlures épigastriques ainsi que des lenteurs de digestion, et une dyspepsie hypersthénique et hyperchlorhydrique (contractions et sécrétions excessives), se traduisant par des crampes ou brûlures épigastriques, apparaissant plus tardivement après les repas, mais n’évoluant pas périodiquement comme celles de l’ulcère.

Le traitement de la dyspepsie hyposthénique consiste en la prescription de ferments gastriques de remplacement, de papaïne, de cholagogues, de cholérétiques ; celui de la dyspepsie hypersthénique, en celle de pansements gastriques et d’antispasmodiques (anticholinergiques). Dans les deux formes, une bonne hygiène alimentaire est nécessaire : repas réguliers, mastication correcte, suppression de l’alcool dans les deux cas, suppression des aliments « lourds » (graisses, féculents) dans les dyspepsies hyposthéniques, et des épices et condiments dans les gastrites hypersthéniques.


Gastrite

C’est l’inflammation de la muqueuse gastrique.

• Gastrite chronique. C’est une affection bénigne, caractérisée par le remplacement des glandes gastriques par des cellules à mucus et par des cellules de type inflammatoire. Histologiquement, on distingue des gastrites superficielles et des gastrites atrophiques. La gastrite se manifeste par des troubles dyspeptiques, des brûlures survenant après les repas, des hémorragies. Souvent, elle reste latente. Elle entraîne de l’hypochlorhydrie, une baisse de la sécrétion peptique et une altération du taux des protéines du sang (mise en évidence par l’électrophorèse). L’examen radiologique montre des images de gros plis et parfois des spicules correspondant à des érosions superficielles. La gastroscopie permet de voir les anomalies de la muqueuse.

Si l’alcool, le tabac et les épices sont souvent incriminés comme étant la cause de certaines gastrites chroniques, l’origine de la plupart de ces affections reste inconnue.

Le traitement consiste en une hygiène alimentaire stricte, l’usage de pansements gastriques, de sirops de prométhazine ou de collargol, de potions anesthésiques locales.

• Gastrite aiguë. Elle est d’origine infectieuse ou alimentaire. Elle s’accompagne souvent d’une atteinte intestinale concomitante (gastro-entérite). Elle se manifeste par des douleurs siégeant au creux épigastrique, des vomissements, parfois par de la diarrhée, de la fièvre : c’est l’embarras gastrique fébrile, l’indigestion. La gastrite allergique se produit sur un terrain prédisposé ; elle est déclenchée par l’absorption de certains aliments (poissons, mollusques, fraises, etc.). L’emploi des ferments gastriques et surtout des sirops antihistaminiques l’améliore généralement.


Ulcère de l’estomac

C’est une perte de substance de la muqueuse de forme arrondie ou ovale, de taille variable. Si le mécanisme de formation de l’ulcère reste assez obscur, certaines causes déclenchantes sont bien connues (prise de médicaments tels que la phénylbutazone, les cortisoniques, etc.). L’origine psychosomatique peut souvent être invoquée.

L’ulcère de l’estomac entraîne des douleurs caractéristiques, à type de crampes apparaissant tous les jours, 2 à 3 heures après les repas, pendant des périodes plus ou moins longues (10 à 20 jours). Ces périodes douloureuses se répètent à un rythme variable (tous les mois, tous les trois mois). Entre elles, le sujet ne présente aucun trouble et peut se croire guéri.

Des complications peuvent émailler l’évolution : hématémèses (vomissements de sang) plus ou moins abondantes, perforation qui nécessite une intervention chirurgicale d’urgence, sténose du pylore (v. plus loin).

Radiologiquement, les ulcères de l’estomac se traduisent par une image « en niche ».

Le traitement médical consiste en pansements gastriques (bismuth), antispasmodiques (atropine et dérivés), médications de choc (protéines du lait). Les épices, les alcools sont à proscrire. Le repos doit être observé dans les périodes douloureuses.

Lorsque, après un traitement bien conduit de quelques semaines, une niche ne s’efface pas, une intervention chirurgicale doit être décidée dans la crainte d’une lésion maligne. Les niches de l’angle et de la partie horizontale de la petite courbure sont plus particulièrement suspectes.

Si, en dépit de la thérapeutique médicale, les périodes douloureuses ne se raccourcissent ni ne s’espacent, une opération est également à envisager, même en dehors de toute crainte de transformation cancéreuse. On pratique alors une gastrectomie partielle, parfois une gastro-entérostomie, plus rarement une vagotomie (section des nerfs pneumogastriques).

L’ulcère peptique ou anastomotique est une complication survenant après opération d’un ulcère de l’estomac ; il résulte d’une anomalie de neutralisation du chyme gastrique acide par le liquide duodénal.