Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

estomac

Portion du tube digestif intermédiaire entre l’œsophage et le duodénum.



Anatomie

L’estomac a la forme d’une besace renversée, à grosse extrémité supérieure et gauche sous-diaphragmatique (la grosse tubérosité), à petite extrémité droite et sous-hépatique en forme d’entonnoir (l’antre prépylorique), se continuant à plein canal avec le bulbe duodénal.

L’œsophage* se jette dans l’estomac à sa partie haute en un orifice appelé cardia. La jonction gastro-duodénale, ou pylore, est marquée par un muscle circulaire, le muscle pylorique, qui, par son relâchement ou sa contraction, ouvre ou ferme la communication gastro-duodénale (entre l’estomac et le duodénum)


Rapports de l’estomac

Les faces de l’estomac sont libres. La face antérieure est cachée par le rebord thoracique dans ses deux tiers supérieurs : elle ne répond à la paroi abdominale que par une étroite zone triangulaire. La face postérieure est séparée du pancréas et de la lame mésocolique transverse (raphé du péritoine) par l’arrière-cavité des épiploons.

Le bord droit de l’estomac (petite courbure) est uni au foie par les deux feuillets du petit épiploon (ligament gastro-hépatique). Le bord gauche (grande courbure) est uni dans sa partie haute à la rate (ligament gastro-splénique), en sa partie basse au côlon transverse par le ligament gastro-colique, qui se prolonge par le grand épiploon recouvrant le côlon transverse.

La jonction gastro-duodénale, entre le canal pylorique d’une part et la première portion duodénale d’autre part, a des rapports importants : en avant, la face inférieure du foie et la vésicule biliaire ; en arrière, l’artère gastro-duodénale et, plus haut, la partie dense du petit épiploon où se loge le pédicule hépatique avec le canal cholédoque, qui se trouve exposé lors des manœuvres de libération du canal pyloro-duodénal.


Artères

Quatre pédicules artériels issus du tronc cœliaque irriguent l’estomac : ils forment en s’anastomosant le long des courbures deux cercles vasculaires.

Le cercle de la petite courbure est formé par la coronaire stomachique et la pylorique. La coronaire, artère principale de l’estomac, volumineuse, vient de la bifurcation du tronc cœliaque (splénique, hépatique, coronaire) et atteint l’estomac sur sa petite courbure à l’union des tiers supérieur et moyen, en décrivant une courbe qui sous-tend un repli péritonéal (faux de la coronaire). Sur la petite courbure, elle se divise en deux branches, postérieure et antérieure, qui vont s’anastomoser avec deux branches de division de l’artère pylorique grêle, née de l’artère hépatique, à la base du petit épiploon.

Le cercle de la grande courbure est formé par l’union de l’artère gastro-épiploïque gauche, branche de la splénique avec l’artère gastro-épiploïque droite, branche de division de l’artère gastro-duodénale. Ce cercle est situé entre les deux feuillets du ligament gastro-colique. Pour arrêter l’irrigation artérielle gastrique, il suffit donc, en principe, de lier quatre artères : la coronaire, la pylorique, les gastro-épiploïques droite et gauche. En fait, les connexions sous-muqueuses avec les vaisseaux œsophagiens, diaphragmatiques, spléniques et duodénaux assurent encore à l’estomac une certaine vascularisation.


Lymphatiques

Il existe trois territoires principaux de ganglions :
— le territoire de l’artère coronaire (les groupes de la petite courbure, de la faux de la coronaire, juxta-cardiaque) ;
— le territoire de l’artère hépatique (les groupes rétropylorique, sous-pylorique, supra-pylorique, les groupes duodéno-pancréatiques) ;
— le territoire de l’artère splénique (les groupes de la gastro-épiploïque gauche, du hile et de l’épiploon pancréatico-spléniques, le groupe pancréatique).


Les nerfs

Ils viennent des deux nerfs pneumogastriques (Xe paire de nerfs crâniens, v. neurovégétatif). Les nerfs de la petite courbure sont constitués par des filets du Xe gauche et du Xe droit, enlaçant l’artère coronaire. Le pédicule pylorique, constitué par des filets de la branche hépatique du Xe gauche, descend verticalement dans le petit épiploon vers le pylore. Il faut y adjoindre un accessoire pédicule sympathique de la grande courbure.

Je. P.


Histologie

La paroi de l’estomac comporte plusieurs couches : une tunique musculaire faite d’un plan externe, formé de fibres longitudinales, et d’un plan interne, constitué de fibres circulaires ; une couche sous-muqueuse ; la muqueuse, dont la surface, faite d’un épithélium cylindrique, comporte des dépressions où s’ouvrent des glandes de type différent suivant les régions (glandes fundiques [haut de l’estomac], les plus nombreuses ; glandes antrales [antre pylorique]).


Physiologie

L’estomac comporte une fonction mécanique et une fonction chimique.

• Fonction mécanique. L’estomac sert de réservoir aux aliments, qu’il brasse grâce à ses contractions. La région pylorique présente des mouvements péristaltiques qui, suivis de l’ouverture du pylore, assurent l’évacuation gastrique dans le duodénum.

Fonction chimique. Les glandes fundiques sécrètent l’acide chlorhydrique et les enzymes. L’acide chlorhydrique a pour rôle de maintenir le pH au voisinage de 2 pour permettre l’action des enzymes. Celles-ci, au nombre de deux, sont la pepsine et la présure. La pepsine hydrolyse les protéines en polypeptides, et la présure provoque la coagulation du lait. Le résultat de la digestion gastrique est le chyme. Les glandes antrales sécrètent surtout du mucus, dont le rôle est d’empêcher le contact de la paroi avec le suc gastrique.

La sécrétion gastrique comprend plusieurs temps.
1. Temps dit « céphalique » : la seule vue des aliments provoque, par l’intermédiaire du nerf pneumogastrique, une sécrétion à prédominance peptique.
2. Temps dit « gastrique » : le contact des aliments avec la muqueuse antrale a pour conséquence la sécrétion d’une hormone, la gastrine. Celle-ci, passant dans le sang, stimule les glandes fundiques et entraîne surtout la production d’acide chlorhydrique.