essence (suite)
Les carburéacteurs
L’aviation militaire, puis l’aviation civile étant passées progressivement du moteur à pistons à la turbine à gaz (turbopropulseur) et ensuite au moteur à réaction (réacteur), l’essence à très haut indice d’octane, si coûteuse à fabriquer, a été remplacée petit à petit par un nouveau type de carburants, les carburéacteurs. Ces produits présentent l’avantage d’un prix de revient beaucoup moins élevé, car ils sont constitués par des coupes de première distillation du pétrole brut après un simple traitement de désulfuration.
Néanmoins, les autorités civiles et militaires des différents pays imposent des spécifications très rigoureuses de pureté afin de garantir que les carburéacteurs, dont il existe de nombreuses variétés en fonction du type de propulseur qui les utilisera, soient exempts d’eau, de sédiments solides et d’éléments corrosifs. Constitués par des kérosènes ou par des mélanges d’essence et de kérosène, ces carburants doivent avoir un point de congélation inférieur à – 60 °C et contenir des additifs antigivre appropriés à l’altitude de vol des avions.
Les essences spéciales
Employées comme solvants et à des usages industriels divers, les essences dites spéciales sont des coupes pétrolières étroites, aux limites de distillation très précises.
• L’essence « A » (40-100 °C) est utilisée en teinturerie pour le dégraissage et certaines colles.
• L’essence « B » (60-80 °C), très riche en hexane normal, sert à l’extraction des corps gras, à la fabrication des suifs d’os, aux huileries.
• L’essence « C » (70-100 °C) est utilisée dans les industries du caoutchouc, des huiles ou des corps gras, comme essence à briquet ou pour certains chauffages.
• L’essence « D » (95-103 °C) sert à déshydrater les alcools.
• L’essence « E » (100-130 °C) et l’essence « F » (100-160 °C) sont employées également dans les industries du caoutchouc, de la teinturerie, du dégraissage.
• L’essence « G » (30-75 °C), très légère, composée de pentanes et d’hexane, est utilisée en parfumerie pour les extractions à basse température.
• L’essence « H » est le carburant pour les moteurs à deux temps : avec les mêmes limites de distillation que l’essence ordinaire pour automobile, elle doit être incolore et exempte de plomb. On y incorpore généralement une petite quantité de lubrifiant.
• Le white-spirit (essence blanche), enfin, est une coupe intermédiaire entre l’essence et le pétrole lampant (kérosène), c’est-à-dire qu’il distille entre 140 et 200 °C. Il est utilisé comme solvant de dégraissage et surtout comme diluant de peintures, où il a remplacé l’essence de térébenthine.
Obtenus à partir de l’essence directe par redistillation atmosphérique et sous vide, tous ces produits spéciaux doivent être dépourvus d’odeur désagréable et parfaitement épurés : certaines qualités à teneur limitée en hydrocarbures aromatiques exigeront un traitement d’extraction de ces derniers soit à l’aide d’un solvant, soit par un procédé catalytique.
Coût
La fabrication des nombreuses variétés différentes d’essences et de carburants met en œuvre les installations de raffinage les plus complexes et les plus coûteuses à construire et à exploiter. Produit clé de l’industrie du pétrole, l’essence pour automobile est le produit pour lequel, dans tous les pays, la fiscalité est la plus lourde. En France, même en tenant compte de la hausse généralisée des prix de pétrole brut survenue en 1971, le coût de fabrication des carburants à la sortie des raffineries ne dépasse pas, en 1976, 0,70 F par litre pour un prix de vente trois fois supérieur pour l’essence ordinaire. La « marge » destinée à couvrir les frais de distribution et de vente n’étant que de quelques centimes, la différence est donc constituée presque exclusivement par les taxes.
A.-H. S.
➙ Additif / Craquage / Désulfuration / Distillation / Hydrogénation / Octane / Pétrole / Raffinage / Reformage / Solvant / Vapocraquage.