Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Allemagne (République fédérale d’) (suite)

À 530 m d’altitude, Munich a une situation de moyenne montagne. Néanmoins, janvier n’a que – 1,3 °C. Juillet est relativement chaud avec 17,8 °C. Les 105 jours de gel ne désavantagent pas trop la région, qui, par ailleurs, reçoit 904 mm de précipitations réparties sur 192 jours. Il neige, en moyenne, pendant 50 jours. Avec de tels chiffres, compte tenu de l’altitude, Munich est une station plus humide que froide. Ces caractéristiques expliquent les conditions favorables que rencontre encore dans la région l’économie herbagère. En revanche, au Brocken (Harz), seuls juillet et août sont sans gel. Il y a 194 jours de gel, 230 jours de précipitations pour un total de 1 678 mm.

Les conditions les plus favorables se rencontrent dans le fossé rhénan. La moyenne de janvier est de 1,1 °C à Mayence et Fribourg ; celle de juillet atteint 19,2 °C dans la première, 19,3 °C dans la seconde. Le gel est plus rare : 62 jours à Mayence. Dans de très nombreuses régions, les précipitations ne dépassent pas 550 mm. Elles se répartissent sur 156 jours à Mayence. La durée de la période végétative dépasse 250 jours dans la région du confluent Neckar-Rhin. Ces conditions se retrouvent jusqu’à Bonn et Cologne. Le fossé rhénan connaît le printemps 2 à 3 semaines plus tôt, l’hiver 2 à 3 semaines plus tard que les hautes terres encadrantes. Ainsi les basses terres du fossé rhénan ont toujours été considérées comme de « bons pays ». C’est là que l’agriculture intensive et les cultures commerciales ont connu une extension précoce (vigne, tabac, houblon, etc.).


La végétation

Elle montre le caractère de transition de l’Allemagne fédérale. L’homme a profondément remanié le paysage végétal originel. Les glaciations ont fait disparaître la plupart des plantes tertiaires. La recolonisation s’est faite par l’ouest, l’est et le sud. Le bouleau est originaire de l’ouest, le pin de l’est. Les arbres à feuilles caduques rencontrent les conifères à feuilles persistantes. Les derniers arrivés furent le hêtre et le sapin. La forêt à feuilles caduques de type atlantique (chêne, hêtre, houx) est la végétation originelle de la zone allant de la basse Elbe jusqu’au lac de Constance (ou Bodensee). Plus vers l’est, la zone du hêtre-chêne de l’Europe centrale passe par transition à la zone des conifères, dont l’importance croît à partir de l’Allemagne du Nord-Est. La frange alpine est dominée par les conifères : arols et mélèzes.

La forêt joue un rôle important dans la civilisation allemande : le monde des gnomes se situe dans la forêt ; le sapin de Noël est une tradition allemande ; l’économie forestière a ses racines les plus anciennes et les plus solides en Allemagne.

F. R.


L’histoire de la République fédérale d’Allemagne


L’Allemagne occupée

Le 5 juin 1945, moins d’un mois après la défaite, les gouvernements alliés annoncent qu’ils prennent en charge la direction de l’Allemagne occupée. Théoriquement, l’Allemagne est maintenue unifiée, mais très vite dans chacune des zones d’occupation le gouvernement militaire se comporte comme ne relevant que de ses propres autorités nationales. En fait, il y a cinq Allemagnes : les quatre zones d’occupation américaine, française, britannique et soviétique, ainsi que Berlin. Une déclaration du Conseil de contrôle ramène le pays à ses frontières du 31 décembre 1937. Ce texte est en fait annulé par une décision unilatérale de l’Union soviétique, qui, le 21 avril 1945, a confié à la Pologne l’administration des territoires situés à l’est de la ligne Oder-Neisse occidentale. Toutefois, les problèmes de la région de Königsberg et des frontières de la Pologne ont été discutés lors des conférences interalliées de Téhéran (nov.-déc. 1943) et de Yalta (fév. 1945), et les accords de Potsdam, le 2 août 1945, spécifient que la ville de Königsberg est rattachée définitivement à l’U. R. S. S. et que les territoires confiés aux Polonais sont « considérés comme ne faisant pas partie de la zone soviétique d’occupation en Allemagne ». Le tracé définitif de la frontière est réservé au traité de paix.

La Poméranie, la Prusse-Orientale et la Silésie sont données à la Pologne. Les populations allemandes seront expulsées, et remplacées par des Polonais. Alors se posera le problème des réfugiés.

Dans l’Allemagne ainsi organisée, le pouvoir suprême appartient à un Conseil de contrôle composé des quatre commandants en chef des zones d’occupation, assistés de suppléants et de commissions spécialisées jouant le rôle de ministères. Mais, en raison de l’opposition formelle de la France, il n’y a pas d’administration centrale allemande, malgré les accords de Potsdam. Très vite, on en vient à une gestion régionalisée sous le contrôle de chacune des puissances occupantes. L’Allemagne est divisée en quatre zones si indépendantes qu’il faut un visa pour passer de l’une à l’autre.

L’ancien Reich est totalement désorganisé. Les villes sont en ruine, des millions de citadins sont sur les routes, fuyant les bombardements et l’avance de l’armée rouge. Les lignes de chemins de fer et les routes sont coupées ; de l’est, d’innombrables expulsés viennent grossir le flot des réfugiés. En effet, les accords de Potsdam prévoient que « les gouvernements alliés reconnaissent que l’on devra procéder au transfert en Allemagne des populations allemandes demeurées en Pologne, en Tchécoslovaquie et en Hongrie. Ils sont d’accord sur le fait que ces transferts devront être effectués de façon ordonnée et humaine ». Tous les Allemands vivant au-delà de la ligne Oder-Neisse doivent s’exiler. Les expulsions se font dans de très dures conditions, et plusieurs centaines de milliers d’hommes périssent au cours du transfert. Environ trois millions de Sudètes, six millions de Silésiens, de Poméraniens et de Prussiens, un million d’Allemands des Balkans sont ainsi expulsés au cours des années 1945-46. Ces mesures aggravent les conditions d’existence du peuple allemand. En 1946, en Rhénanie, 12 p. 100 seulement des enfants ont un poids normal et, à Hambourg, 100 000 personnes sont atteintes d’un œdème de la faim. Durant cette période, les autorités ont trois objectifs : relancer l’économie, dénazifier, rééduquer à la démocratie.