Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

abattage (suite)

Abatteuses-chargeuses dérivées de la haveuse

La haveuse classique, dans une couche assez tendre, joue le rôle d’abatteuse : le charbon havé s’effondre presque tout seul, au besoin aidé par l’emploi du marteau piqueur. La haveuse, qui a fait la saignée en remontant la taille, peut, en descendant, charger le charbon dans le convoyeur blindé : on remplace les pics par des palettes et on fait tourner la chaîne de havage en sens inverse. Pour des charbons durs, on a utilisé des haveuses à deux bras superposés, avec un champignon tournant garni de pics, monté sur l’extrémité du bras inférieur, qui achève de disloquer le charbon. Certaines haveuses ont en plus un cadre vertical qui coupe le massif par-derrière, parallèlement au front, ou une barre tournante horizontale garnie de pics, animée d’un lent mouvement oscillatoire. D’autres haveuses ont un cadre en forme d’anneau perpendiculaire au front.

L’emploi de la haveuse intégrale, ou haveuse à rotor, se généralise dans les tailles à charbon dur. Cette abatteuse-chargeuse a son corps identique à celui d’une haveuse classique, mais le cadre de havage est remplacé par un tambour rotatif à axe perpendiculaire au front, portant des pics répartis en hélice sur sa périphérie qui désagrègent le charbon sur une profondeur de 30 à 50 cm. Dans une couche épaisse, le tambour serait de diamètre insuffisant ; on utilise une haveuse double à deux rotors superposés. Ces haveuses à rotor, comme les haveuses ordinaires, ne travaillent que dans un seul sens de marche, en remontant la taille, car le treuil de halage est situé à une extrémité de la machine ; le retour au bas de la taille se fait à vide, d’où un temps mort. Les machines symétriques, travaillant dans les deux sens de marche, constituent un progrès récent. On a ainsi des haveuses ranging à deux rotors réglables en hauteur, chacun à une extrémité de la machine. En même temps, la puissance a été fortement augmentée : les premières haveuses avaient un moteur de l’ordre de 30 kW ; on est passé à 100 kW avec les haveuses à rotor, puis à 200 kW pour les rangings. Dans les houillères britanniques, on emploie aussi, dans les mêmes conditions, des trepanners, dans lesquels deux rotors, un à chaque extrémité de la machine, ont leur axe parallèle au front de taille. Dans les mines de potasse on utilise des haveuses ranging de 400 kW.


Rabot

Lorsque le charbon n’est pas très dur — cas habituel des houillères du Pas-de-Calais, de Belgique, d’Allemagne —, il est inutile d’utiliser une haveuse à rotor. L’engin d’abattage-chargement d’emploi général est alors le rabot, sorte de charrue à charbon tirée en va-et-vient le long du front de taille par une chaîne sans fin passant sur deux têtes motrices fixées aux extrémités du convoyeur blindé. Le coutre d’attaque, vertical, possède des pics qui, sous la traction de la chaîne, mordent dans le charbon et en disloquent des plaques épaisses de 4 à 8 cm, lesquelles tombent dans le convoyeur blindé. Le rabot est symétrique, de sorte qu’il travaille dans les deux sens de son va-et-vient. Pour mordre dans le charbon, il est pressé contre le front par le convoyeur blindé, lui-même poussé par des pousseurs pneumatiques répartis sur sa longueur. Dans certains rabots, les pics reliés hydrauliquement se déplacent mutuellement.

Dans une grande taille mécanisée, si les conditions sont favorables, on abat plus de 2 000 t par jour avec un rabot, une haveuse ranging ou un trepanner. Certaines tailles exceptionnelles dépassent 5 000 t par jour.


Mineur continu

En Amérique, les constructeurs ont mis au point pour les houillères des mineurs continus, lourdes abatteuses-chargeuses sur chenilles adaptées aux chantiers classiques de 5 à 9 m de large. Le principe général en est d’attaquer le front par des rotors garnis de pics, les fragments abattus étant ramenés sur un convoyeur central qui les évacue à l’arrière, où ils tombent dans l’engin de transport ; la machine avance sur ses chenilles au fur et à mesure de l’abattage. La production d’un mineur continu dépasse 100 t/h dans des conditions favorables. Pour le minerai de potasse, plus dur que le charbon, ces machines pèsent jusqu’à 200 t avec une puissance de 1 500 ch.

J. A.

➙ Exploitation souterraine et à ciel ouvert / Extraction dans les mines / Mines et carrières.

abattoir

Un des maillons essentiels du circuit de la viande, dont la fonction principale est d’abattre les animaux et de les transformer en différents produits (viande en carcasses [ou, de plus en plus, en morceaux découpés], abats divers [foie, cœur, cervelle, langue, etc.]) et sous-produits constituant des matières premières à destination alimentaire ou industrielle (suif, sang, boyaux, cuir, etc.).


L’abattoir joue aussi un rôle économique important dans l’ajustement de l’offre et de la demande. Point de passage obligé pour tous les animaux, il est enfin le lieu où se réalise, grâce à l’inspection sanitaire, le contrôle de la salubrité des produits destinés aux consommateurs.

La réglementation des abattoirs

Dans tous les pays, des mesures législatives et réglementaires sont prises dans l’intérêt de la protection de la santé publique. Elles prévoient, avec des modalités diverses :

• l’inspection sanitaire des animaux vivants présentés aux abattoirs, avant et après leur abattage ;

• la détermination et le contrôle des conditions d’hygiène dans lesquelles a lieu l’abattage : la chaîne doit en effet présenter un cheminement continu, sans possibilité de retour en arrière, sans croisement ni chevauchement entre animaux vivants et viande, et, dans toute la mesure du possible, entre viandes et sous-produits ou déchets ;

• l’inspection de la salubrité et de la qualité des denrées animales ou d’origine animale destinées à la consommation ;

• la détermination et la surveillance des conditions d’hygiène dans lesquelles ces denrées sont préparées et conservées, notamment lors de leur transport et de leur mise en vente.

Cette réglementation vise donc autant l’abattage des animaux que la préparation des produits carnés qui en sont issus.