Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Espagne (suite)

• Avec plus de 4,5 Mha, l’arboriculture vient au second rang des activités rurales. Les oliviers, exclus du Nord-Ouest et de la Vieille-Castille, couvrent 2,2 Mha, dont près de la moitié en Andalousie, où la seule province de Jaén leur consacre 400 000 ha. L’Espagne est le premier producteur mondial d’huile d’olive. Sa consommation augmentait fortement jusqu’à ces dernières années, mais la concurrence des huiles d’arachide, de soja, de tournesol et de sésame, moins chères, fait que des excédents peuvent être exportés ; l’Espagne n’en tire cependant pas tout le profit qu’elle pourrait, dans la mesure où ses acheteurs (États-Unis, Italie et France principalement) assurent eux-mêmes le raffinage et le conditionnement.

La vigne, autrefois cultivée partout, est aujourd’hui concentrée dans quelques régions. Le vignoble le plus important est celui de la Manche, constitué après la crise du phylloxéra pour produire en abondance des vins de consommation courante. Les autres vignobles produisent des vins de qualité : vins de la Rioja dans le haut bassin de l’Èbre, vins du Panades et de la région de Tarragone en Catalogne, vins de Jerez et de Málaga en Andalousie. Si l’on ajoute les petits vignobles du Nord-Ouest, de la Vieille-Castille, de l’Aragon et des Baléares, la vigne couvre au total quelque 1 700 000 ha, soit 8,5 p. 100 de la surface cultivée. La production, qui peut atteindre 40 Mhl, est très variable d’une année à l’autre. Lorsque la récolte est bonne, les surplus doivent être exportés. Mais le manque de rigueur dans les appellations nuit aux exportateurs ; une Commission des ventes des excédents a été constituée, mais elle pratique une politique coûteuse pour l’État tout en ne mettant pas les petits viticulteurs à l’abri des crises.

Les cultures fruitières sont des spéculations plus récentes dont l’importance pour l’économie est soulignée par le fait que, couvrant seulement 3 p. 100 de la surface cultivée, elles représentent 13 p. 100 de la production finale en valeur. Les agrumes viennent au premier rang : orangers et secondairement mandariniers et citronniers sont cultivés dans le Levant (Valence, Castellón, Alicante et Murcie) ainsi que dans les plaines andalouses. L’exportation vers l’Europe, pièce maîtresse du commerce extérieur, se heurte de plus en plus à la concurrence de l’Afrique du Nord et d’Israël. Pour y faire face, un effort important a été fait ces dernières années afin de développer les meilleures qualités ; mais l’organisation commerciale reste dispersée en un trop grand nombre de petites entreprises. En dehors des agrumes, l’Espagne vend aussi des bananes des Canaries, des amandes et des noisettes de Tarragone et des Baléares, des raisins de table d’Almería... En outre, avec les progrès de l’irrigation, les vergers occupent une place croissante dans la gamme des cultures : pêches, abricots, pommes et poires semblent devoir prochainement figurer en bonne place parmi les exportations.

• C’est aussi grâce à l’expansion des surfaces irriguées que se développe la culture des légumes, vendus sur les marchés européens comme primeurs. Les principales spéculations portent sur la pomme de terre primeur, cultivée principalement en Galice et dans la région cantabrique, ainsi que sur la tomate des Canaries et de Valence. Une grande variété de légumes est aussi cultivée dans les plaines du littoral méditerranéen.

• Les cultures industrielles, enfin, complètent ce tableau. Leur importance a beaucoup varié en fonction de la conjoncture. Développée à la suite de la perte des colonies américaines à la fin du siècle dernier, la betterave sucrière couvre aujourd’hui 174 000 ha, situés pour l’essentiel sur les terres irriguées des bassins du Duero et de l’Èbre et en Andalousie. Avec l’appoint de la canne à sucre, cultivée dans les petites plaines du littoral méditerranéen de l’Andalousie, la production de sucre s’élève à 800 000 t par an. La culture du coton a été encouragée pendant la période d’autarcie pour fournir à l’industrie textile sa matière première : la surface cultivée a atteint en 1962 jusqu’à 346 000 ha ; depuis, elle a grandement régressé, l’industrie important une part croissante de ses besoins : aujourd’hui, le coton ne couvre plus que 136 000 ha, principalement en Andalousie et secondairement en Estrémadure ; mais la nette amélioration des rendements a permis de maintenir la production à 60 000 t environ. Le tabac vient au troisième rang des cultures industrielles, avec 19 000 ha et 30 000 t de production : sa culture, qui s’est beaucoup développée, sous le contrôle de l’État, après 1950, est concentrée dans le nord de l’Estrémadure et dans la Vega de Grenade.

• L’Espagne était traditionnellement une terre d’élevage. Elle en a hérité l’importance des friches, que les éleveurs de moutons veillaient à faire respecter, et que sillonnent les « cañadas », pistes de bétail que parcouraient les troupeaux transhumants. Mais cette activité a connu depuis un siècle une forte régression : la culture spéculative du blé, en provoquant d’importants défrichements, a notablement restreint les terrains de parcours et a fait diminuer la part des céréales destinées au bétail ; d’autre part, les cultures industrielles ont été préférées aux cultures fourragères dans les zones irriguées parce qu’elles procuraient de plus gros bénéfices. Aussi le troupeau bovin reste-t-il modeste, avec 4,5 M de têtes, et le troupeau ovin ne compte plus que 16 M de têtes. L’Ibérie humide reste la principale région d’élevage bovin et s’oriente surtout vers les produits laitiers ; malgré des efforts récents, le troupeau compte encore trop de races à faible rendement. Pour encourager l’élevage de boucherie, l’État favorise les cultures fourragères, fournit une aide aux éleveurs et construit un réseau d’abattoirs modernes ; mais le cheptel n’augmente que lentement, et la production de viande bovine est très insuffisante. De ce fait, l’élevage ovin se tourne de plus en plus vers le lait et la viande, tandis que la production de laine est tombée au-dessous de 30 000 t, les industriels se fournissant de plus en plus à l’étranger, où ils trouvent des qualités plus fines. L’élevage porcin, dans les terres de l’Ouest, et l’aviculture, dont les progrès ont été remarquables, contribuent également à pallier l’insuffisance de la viande bovine, mais n’empêchent pas les importations de croître régulièrement.