Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Erevan (suite)

La grande industrie s’est développée au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’Arménie ayant bénéficié de transferts et surtout de l’arrivée du gazoduc en provenance des gisements de Bakou, qui alimente les industries en gaz naturel. 60 p. 100 de la main-d’œuvre sont occupés en parts à peu près égales dans trois secteurs. La métallurgie fournit des machines-outils, des instruments de précision (en particulier de l’horlogerie et des appareils de mesure), de l’équipement électrique (transformateurs et générateurs [entreprises « Lénine » et « Dzerjinsk »]) ; un combinat fabrique des pièces et des carrosseries pour véhicules automobiles. « Aliouminstro » traite l’alumine obtenue à partir des bauxites de l’Oural. Enfin, la plus grosse usine de toute la République, « Kirov », livre du caoutchouc synthétique, notamment des chambres à air et des pneus, assurant plus de 4 p. 100 de toute la production soviétique. Ces grosses entreprises emploient chacune 10 000 salariés. Plus de deux cents autres travaillent en sous-traitance ou en complément.

Le secteur tertiaire s’est considérablement développé avec la fondation d’une université et d’un grand nombre d’instituts technologiques et de recherche qui retiennent sur place la jeunesse arménienne. Parmi les grandes villes soviétiques, Erevan, bien desservie par les liaisons aériennes, est une de celles que les touristes sont admis à visiter ainsi que ses environs.

A. B.

➙ Arménie.

ergonomie

Étude multidisciplinaire du travail humain qui tente d’en découvrir les lois pour en mieux formuler les règles.


L’ergonomie (du mot anglais ergonomics, néologisme forgé en 1949 à partir du grec ergon, travail, et nomos, loi, règle) est donc connaissance et action ; la connaissance est scientifique et s’efforce de déboucher sur des modèles explicatifs généraux ; l’action vise à mieux adapter le travail aux travailleurs.

L’ergonomie est dite « de correction » s’il s’agit d’aménager une situation de travail existante ou « de conception » s’il s’agit d’un projet ; l’« ergonomie du produit » se dit (improprement d’ailleurs) d’études de conception portant non sur le travail de fabrication lui-même, mais sur l’objet fabriqué, que l’on tente de mieux adapter aux futurs utilisateurs pour le mieux vendre (label ergonomique).


Historique

Les premières études multidisciplinaires, qui préfaçaient en quelque sorte l’ergonomie, sont nées de la guerre : enquête britannique sur les ouvriers de l’armement (1915) ; conception des appareillages militaires complexes (poste de pilotage, char, sous-marin) [1939-1945]. On passe ensuite à la conception du matériel industriel ; d’où une ergonomie multidisciplinaire de bureau d’étude aménageant des grues, des ponts roulants, etc. Puis l’ergonomie (ergonomie des systèmes) s’étend aux problèmes collectifs d’organisation, de communication, de sécurité, etc. Le nombre des ergonomes se multiplie. Des sociétés d’ergonomie se créent d’abord en Grande-Bretagne (1949), puis aux États-Unis, en République fédérale d’Allemagne, en Scandinavie, en France (la Société d’ergonomie de langue française compte 300 membres), aux Pays-Bas, en Italie, au Japon, dans l’Europe de l’Est ; elles collaborent au sein d’une Société internationale d’ergonomie.


La méthode multidisciplinaire

L’ergonomie regroupe dans une même approche des méthodes empruntées aux sciences de la matière (technologie), aux sciences biologiques (physiologie) et aux sciences humaines (psychologie, sociologie).

Cette exigence découle d’une certaine représentation théorique du travail humain, qui fait de celui-ci un système, c’est-à-dire « un complexe d’éléments en interaction » (Ludwig Von Bertalanffy).

Le travail individuel réalise un système cybernétique
(action ⇄ rétroaction)
autorégulé ; cela vaut aussi bien pour le jeu de l’opérateur manuel et de ses outils sur le matériau que pour les interactions qui se nouent entre l’ouvrier et sa machine (A. Ombredane et J. M. Faverge, 1955 ; G. Simondon, 1958). L’étude du travail individuel oblige donc déjà à associer la physiologie et la psychologie pour respecter l’unité psychosomatique du travailleur, et à y adjoindre la technologie, puisque l’homme et la machine constituent un même système indissociable.

Le travail industriel est un travail collectif, socialisé, qui met en œuvre un emboîtement de systèmes étages selon le modèle général de la théorie des systèmes. Le poste de travail individuel, c’est-à-dire le système homme-machine au singulier, est le sous-système de systèmes hommes-machines au pluriel (l’atelier, l’entreprise), qui sont eux-mêmes des sous-systèmes de la société globale environnante ; aussi convient-il de compléter les analyses horizontales par des analyses verticales faisant apparaître les interactions et les liens de dépendance hiérarchique reliant les différents niveaux. D’où l’obligation d’étendre l’approche aux dimensions de la psychosociologie et de la sociologie.

En pratique, l’ergonomie est le fait d’une équipe de spécialistes associant, selon les besoins, ingénieurs, architectes, physiologistes du travail, psychologues expérimentaux, psychologues industriels, sociologues, économistes, etc.

Les études sont menées « sur le terrain » par observation du travail (assortie, si besoin est, de mesures physiologiques ou psychologiques), entretiens avec le personnel, éventuellement expérimentation in situ ; des engagements déontologiques précis (restitution de l’information aux personnes et aux groupes ayant collaboré à l’enquête) sont indispensables pour que les observateurs puissent accéder à la connaissance du travail réel (qui n’est pas le travail formel, officiel).


Formes de l’ergonomie

L’évolution des techniques de production modifie les caractères du travail et, partant, de l’ergonomie. On peut, de ce point de vue, distinguer trois formes d’ergonomie.