Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

équilibration (suite)

Réactions proprioceptives

Les nombreux récepteurs situés dans les muscles et les articulations apportent des informations inconscientes qui permettent une coordination des mouvements dans l’espace et dans le temps. Les cordons postérieurs transmettent les influx au cervelet, qui, à son tour, envoie des filets vers les centres moteurs.


Pathologie

Les troubles de l’équilibration apparaissent en l’absence de toute paralysie ou de tout trouble ostéo-articulaire ; ils découlent soit de lésions du labyrinthe et des centres vestibulaires (syndrome labyrinthique), soit de lésions des cordons postérieurs de la moelle (syndrome des cordons postérieurs) — dont la cause la plus fréquente est le tabès — soit de lésions du cervelet (syndrome cérébelleux). Ces différentes catégories de lésions se distinguent par des symptômes spécifiques.

C’est ainsi que la section ou l’altération des cordons postérieurs de la moelle détermine une ataxie locomotrice, qui se traduit par un trouble de la marche et un déséquilibre du sujet dès qu’il ferme les yeux (signe de Romberg). On conçoit que l’occlusion des yeux aggrave ou révèle de tels troubles, puisque la vision apporte des renseignements complémentaires sur la position de la tête par rapport au tronc et par rapport à la pesanteur ou sur la position respective des différents segments des membres.

Parmi les causes de syndromes labyrinthiques, il faut citer les traumatismes, les infections, les intoxications, les tumeurs, etc., qui lèsent l’oreille interne. D’autres troubles, plus bénins, peuvent survenir lorsque le corps est soumis à des accélérations brutales. Cela se produit au cours du mal de mer ou du mal de l’air.

Des troubles particuliers surviennent lorsque le sujet se trouve soumis à des modifications du champ de pesanteur. C’est le cas des aviateurs, qui, au cours des changements de direction, subissent l’effet d’accélérations qui peuvent modifier la notion de verticale. Au cours des vols spatiaux, le passage à l’apesanteur détermine chez un certain nombre de sujets une sensation de mal de mer, qui fait rapidement place à une sensation agréable de légèreté. Dans ces conditions, les récepteurs labyrinthiques n’interviennent plus, et la possibilité de s’orienter dépend uniquement de la vue et du contact direct des objets.

La compensation spontanée des divers troubles de l’équilibration est souvent assez bonne.

J.-P. L. G. et J. E.

 A. Thomas, l’Équilibre et l’équilibration (Masson, 1940).

équilibre chimique

État d’un système de corps qui n’est le siège d’aucune réaction chimique et à l’intérieur duquel l’affinité chimique est nulle.



Introduction

Certaines réactions se poursuivent jusqu’à ce que l’un au moins des corps réagissants ne soit plus décelable dans le mélange : elles sont dites « totales » ; on en trouve des exemples parmi les réactions de combustion, les réactions acide-base, l’action d’un acide sur un métal, etc. D’autres réactions, cependant, s’arrêtent alors qu’il reste, à côté des produits formés, une certaine quantité de tous les corps réagissants : elles sont dites « limitées ». Historiquement, l’exemple de l’estérification d’un alcool par un acide carboxylique est important (Berthelot* et L. Péan de Saint-Gilles, 1861) : si l’on mélange par exemple 1 mole d’éthanol et 1 mole d’acide acétique, la réaction d’estérification, poursuivie vers 100 °C, s’arrête alors qu’il reste encore 1/3 de mole d’acide et d’alcool à côté de 2/3 de mole d’acétate d’éthyle et d’eau formés ; par contre, si l’on fait réagir à la même température 1 mole d’acétate d’éthyle et 1 mole d’eau, la réaction, dite « d’hydrolyse », s’arrête pour la même composition du mélange que précédemment ; les réactions d’estérification et d’hydrolyse sont limitées ; le mélange des quatre corps constitue un exemple d’équilibre chimique ; l’affinité de l’acide pour l’alcool, qui tend à provoquer l’estérification, y est exactement compensée par l’affinité de l’ester pour l’eau, qui tend à produire l’hydrolyse ; on dit qu’au total l’affinité chimique est nulle pour le mélange en équilibre ; estérification et hydrolyse se poursuivant dans ce mélange avec des vitesses égales, la composition du système reste invariable.

Alors qu’on utilise une flèche allant des corps réagissants aux produits pour écrire une réaction totale (par exemple CH4 + 2 O2 → CO2 + 2H2O), on fait usage, dans le cas d’un équilibre chimique, d’un ensemble ⇄ de deux flèches opposées
(exemple CH3—CH2OH + CH3—COOH ⇄ CH3—COOC2H5 + H2O).

Les réactions limitées sont nombreuses et importantes. Citons :
la synthèse du gaz ammoniac N2 + 3 H2 ⇄ 2 NH3 ;
celle du méthanol CO + 2 H2 ⇄ HCH2OH ;
celle du trioxyde de soufre laquelle conduit à la préparation de l’acide sulfurique ; les réactions de réduction des oxydes de fer par le monoxyde de carbone, qui sont à la base de la métallurgie du fer ; etc. Des réactions, totales lorsqu’on les effectue à température moyenne, deviennent limitées à des températures plus élevées. Telles sont la combustion de l’hydrogène dans l’oxygène et celle de l’hydrogène dans le chlore, limitées à température élevée par la dissociation de H2O et de HCl. On peut même prétendre que les réactions dites « totales » sont en fait aussi des réactions limitées, mais pour lesquelles certains composants du mélange en équilibre sont en quantité trop faible pour pouvoir y être décelés.


Connaissance des équilibres

Étant donné une réaction chimique, il est important de savoir : s’il existe des conditions dans lesquelles cette réaction est pratiquement limitée ; quelle est, dans le domaine où l’équilibre est observable, la composition du mélange à l’équilibre pour un mélange initial de composition donnée ; quels sont les facteurs dont la variation influe sur cette composition à l’équilibre ; dans quel sens s’exerce cette influence pour une variation donnée. L’expérience a permis de répondre de façon plus ou moins complète à ces diverses questions grâce à l’emploi de méthodes chimiques de dosage du mélange en équilibre ou grâce à l’emploi de méthodes physiques. Les résultats du dosage chimique sont souvent incertains, du fait qu’il n’est généralement pas possible d’étudier le mélange dans les conditions mêmes où l’équilibre a été réalisé, ce qui oblige à figer avant dosage la composition par une trempe, dont l’efficacité n’est pas toujours suffisante. Les méthodes physiques sont plus sûres, parce qu’elles reposent sur la mesure d’une propriété physique (pression, densité, indice de réfraction, pouvoir rotatoire...), du mélange en équilibre, mesure qui peut être faite dans les conditions mêmes de l’équilibre et sans troubler celui-ci.