Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enzymes (suite)

 P. Bastide, P. Boivin, C. Borel et J. E. Courtois, Enzymologie (Expansion scientifique française, 1964). / H. Gutfreund, An Introduction to the Study of Enzymes (Oxford, 1965). / T. E. Barman, Enzyme Handbook (New York, 1969 ; 2 vol.). / J. Ricard, Cinétique et mécanique d’action des enzymes, t. I : Cinématique enzymatique phénoménologique (Doin, 1973).

épargne

Fraction des disponibilités monétaires des particuliers, des entreprises et des ménages, qui n’est pas destinée à des dépenses de consommation.


L’épargne est non seulement une notion difficile à cerner quant à sa nature et à son contenu, mais aussi un sujet d’étude parmi les plus controversés de la science économique. Sa définition même prête à discussion.

Avant que l’épargne ne prenne les aspects que nous lui connaissons, les auteurs ne lui étaient guère favorables, car elle apparaissait souvent comme stérile ou correspondait en fait à de la thésaurisation — mise en réserve prolongée et délibérée, sans prévision d’emploi productif, d’or ou même de billets de banque — réalisée lorsque existait un climat de confiance ou de stabilité monétaire. Dans ces conditions, les auteurs condamnaient l’épargne en raison de l’interruption qu’elle impliquait du flux de dépenses, interruption propre à susciter un blocage de la croissance de l’économie. Ainsi s’explique l’éloge des dépenses somptuaires dans The Fable of the Bees (la Fable des abeilles, 1714) de Bernard de Mandeville (1670-1733) ou dans la sentence de Montesquieu : « Si les riches ne dépensent pas beaucoup, les pauvres meurent de faim. »

Les principales orientations de l’épargne
(à l’exception de l’autofinancement des entreprises)

• acquisition de métaux précieux (or notamment) ou de devises étrangères ;

• acquisition de collections (monnaies, objets d’art, tableaux) ;

• souscription à des émissions d’actions ;

• acquisition d’actions sur les Bourses de valeurs ;

• souscription à des obligations, bons de caisse, bons du Trésor, ou leur achat ;

• prêts à des entreprises privées (comptes courants) ;

• comptes de chèques, comptes courants, livrets de caisse d’épargne, etc., aux guichets des banques ou des établissements assimilés ;

• acquisition de biens fonciers (terres cultivables, forêts, immeubles construits).

J. L.


L’épargne en circuit court

Pour les classiques (physiocrates français, A. Smith, D. Ricardo, J.-B. Say, T. R. Malthus, J. S. Mill) et pour Marx, il n’y a pas de dissociation entre l’épargne et l’investissement* : l’épargnant est celui-là même qui investit.

Dans le raisonnement classique, il ne peut en être autrement. Des deux principaux groupes économiques (les capitalistes, ou entrepreneurs, et les travailleurs, ou salariés) qui constituent la société et qui sont caractérisés chacun par un type particulier de revenu et ont une fonction spécifique à assurer dans l’économie, ce sont surtout, sinon exclusivement, les entrepreneurs qui épargnent. Et si ces derniers épargnent, c’est pour investir dans leur entreprise. S’ils peuvent épargner, c’est, d’une part, parce qu’il leur est possible de prélever sur leurs revenus*, ou profits, et que, d’autre part, ils ont l’emploi immédiat de l’épargne dans leur entreprise (autofinancement). Il ne peut pas en être ainsi, par contre, avec le second groupe, composé d’individus passifs, en ce sens qu’ils n’ont, eux, aucune prise sur leurs revenus, ou salaires. Ils ne sont pas en mesure matérielle d’accumuler du capital, leurs salaires étant entièrement consacrés à leur survie. Même si le niveau général des salaires augmente, le surplus de ceux-ci se dirigera surtout vers une extension des dépenses de consommation, et non pas vers un investissement accru.

Dans cette vision des classiques, l’épargne précède la formation du capital (le terme investissement n’est pas connu des classiques) et en est la condition. Mais toute l’épargne réalisée dans la société est considérée comme étant automatiquement réinvestie.

En d’autres termes, dans une économie nationale en situation de plein emploi, la réalisation de nouveaux moyens de production exige une offre de capital : plus précisément une abstinence aux dépens de la consommation. Dans le fait de l’épargne, on soustrait précisément sur la demande des biens de consommation, au profit d’une offre additive, dès lors possible, à la demande des biens de capital. L’épargne et la formation du capital sont bien, dans l’optique classique, une seule et même chose ; l’une postule l’autre chez les entrepreneurs réinvestissant une large part du profit dans leur entreprise.


Le circuit long

Le développement du capitalisme sous la forme de sociétés drainant, dès la fin du xixe s., des capitaux considérables dans le public, et non plus financées à l’aide du seul « profit » des chefs d’entreprise (c’est-à-dire par « autofinancement »), a conduit les économistes contemporains à la distinction des agents qui épargnent (les salariés et les ménages) et de ceux qui investissent (les entreprises) : il s’agit de deux groupes — distincts — de personnes, et il n’y a plus de lien aussi net entre les deux activités.

Keynes* a souligné clairement cette dissociation entre les décisions individuelles d’épargner et les décisions d’investir. À l’époque contemporaine, cette dissociation, qui allonge le circuit épargne-investissement, a été à l’origine d’une remise en cause de l’interprétation classique : l’investissement et l’épargne résultent effectivement d’actes distincts, émanant de deux groupes d’agents différents, de telle sorte que les décisions spécifiques des uns ne commandent pas nécessairement les décisions des autres.


Le renouvellement de l’analyse de l’épargne

L’analyse économique contemporaine n’admet plus que l’épargne soit regardée seulement comme une abstention de consommer (optique classique) ou comme un résidu quantitatif résultant d’une privation de consommation (optique keynésienne). L’acte d’épargne, défini a contrario à partir de la consommation, n’est pas purement passif.