Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

environnement (suite)

Les eaux douces

L’économie humaine a besoin d’eau* pour de nombreux usages : consommation domestique, hygiène des villes et évacuation des déchets, agriculture (irrigation, aspersion) et élevage, industrie, navigation intérieure, loisirs (sports nautiques, pêche), etc. (v. aquatique). Les qualités requises de cette eau varient selon l’usage envisagé. Il est donc assez malaisé de distinguer clairement deux phénomènes régressifs pouvant aboutir au même résultat : d’une part, la raréfaction des ressources disponibles, ou une augmentation des besoins dépassant les disponibilités, et, d’autre part, une pollution de ces eaux les rendant impropres à l’usage que l’on veut en faire.

L’approvisionnement en eau douce d’un pays est lié à deux facteurs principaux : l’abondance de ses nappes souterraines et la régularité de son réseau hydrologique à l’air libre.

Un premier accident guette ainsi cette importante ressource naturelle renouvelable : la désorganisation du régime du bassin versant. Ce phénomène peut devenir grave en liaison avec l’ablation du couvert végétal et l’érosion. L’enlèvement de la couverture assurée par les plantes et l’érosion qui peut en résulter augmentent le ruissellement et diminuent l’infiltration, donc l’alimentation des nappes souterraines. Les conséquences en sont des crues plus fortes, parfois catastrophiques, en saison pluvieuse, et de plus longues périodes pendant lesquelles les sources tarissent et les cours d’eau sont à sec ou presque à sec. Cette forme d’accident est donc souvent observée dans le tiers monde, où l’eau est pourtant considérée comme le plus précieux des minerais.

En zone industrialisée, le danger d’une disette de ressources hydriques, outre les pollutions dont il sera question ultérieurement, résulte surtout de l’augmentation rapide des consommations de toutes natures, avec développement des pompages pratiqués, parfois jusqu’à l’épuisement, dans les nappes souterraines. Tant l’Europe que l’Amérique du Nord connaissent des problèmes de plus en plus aigus d’approvisionnement en eau douce, auxquels divers types de solution sont appliqués : barrages, réapprovisionnement artificiel des nappes, dessalement de l’eau de mer.


La couverture végétale

Après avoir rappelé le danger grave que l’ablation du couvert végétal naturel représente, surtout en région intertropicale, pour les ressources en eau et en sols fertiles, nous noterons qu’une population a deux raisons de détruire le couvert naturel, qu’il soit forestier, de savane ou même de formations moins riches en espèces ligneuses. La première, c’est la nécessité de défricher des terres à usages agricoles, champs surtout et pâturages. La seconde, c’est la satisfaction de besoins en bois de plus en plus nombreux : bois de chauffage domestique, de construction, combustible industriel, là où le bois est plus accessible que d’autres sources d’énergie (Brésil, Afrique centrale) ; matières premières industrielles (pâte à papier...). Ces prélèvements s’accentuent encore lorsque se perfectionne la technologie d’abattage ou de débitage.

On constate immédiatement que, de nouveau, les pays du tiers monde sont de loin les plus menacés, principalement du fait des défrichements que leur impose leur explosion démographique et que ne compense donc pas une intensification culturale pourtant techniquement possible. Ces pays détruisent ainsi une ressource potentielle précieuse avant même d’avoir songé à l’exploiter. Le surpâturage y constitue aussi un grave péril pour les couverts de graminées et même de forêts.

En zone tempérée, la situation est toute différente. L’agriculture, dont la productivité continue à croître, ne requiert plus de défrichements nouveaux ; au contraire, en Europe, le plan Mansholt a proposé de retirer cinq millions d’hectares à la culture, pour en remettre notamment quatre sous forêts. La principale atteinte portée aux couverts végétaux naturels y est due aux envahisseurs des complexes industriels, des cités, des infrastructures : routes, aérodromes, etc.


La faune sauvage

Comme pour la végétation naturelle, l’homme a deux motifs principaux d’abattre la faune sauvage : pour lui prendre son habitat afin d’en faire des champs, des pâtures, des zones d’implantation urbaines et industrielles, et, d’autre part, pour consommer ses dépouilles (chasse et pêche). Un troisième motif intervient parfois : éliminer systématiquement, et rarement à bon escient, des espèces jugées compétitrices (prédateurs [Léopard, Rapaces, etc.] ou vecteurs de maladies humaines ou du bétail).

L’explosion démographique a ainsi suffi à provoquer la disparition quasi totale de la faune de chasse de la planète avec, circonstance aggravante, l’extinction définitive d’un nombre toujours croissant d’espèces. En Europe, cette élimination est ancienne, et aujourd’hui un équilibre est artificiellement maintenu, les chasseurs intervenant pour pouvoir continuer à pratiquer leur sport. Aux États-Unis, après les destructions — notamment de Bisons — du siècle dernier, un « paraéquilibre » dû aux chasseurs s’est également établi. Mais ailleurs dans le monde on peut dire que l’extermination de la grande faune sauvage est en train de s’achever. C’est en Afrique, où il y a cent ans cette faune était d’une abondance extraordinaire, que le contraste est le plus affligeant. Les causes classiques y ont agi : restriction de l’habitat, ouverture de marchés nouveaux pour les dépouilles, surtout la viande, perfectionnement de l’armement, contrôle du gibier par les vétérinaires, etc.

Le poisson souffre par endroits de surexploitation, surtout en mer, ainsi que les Cétacés (Baleine). En eau douce, plus que par surexploitation, il est raréfié par la pollution de son habitat.


Les ressources non renouvelables

Pour être complet, il faut encore faire allusion aux diverses ressources non renouvelables : minerais (cuivre, zinc, étain, aluminium), pétrole, etc., qui participent, elles aussi, à l’environnement-ressource de l’homme. Mais la non-renouvelabilité même de ces ressources amène, en ce qui les concerne, l’attitude « conservation » à se borner à une politique de prospection, de gestion des réserves, de recherche de succédanés.