Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

entrepreneur (suite)

Aux yeux de l’« entrepreneur financier », la croissance de l’entreprise est affaire d’opportunités monétaires : le style de gestion est alors très particulier, les objectifs étant essentiellement fixés en termes de profits. Cette gestion rapide et mobile convient aux organismes dotés d’une équipe de direction réduite, où les structures ne sont pas figées et dont les productions sont diversifiées. Le profil « financier » correspond, par ailleurs, à l’entrepreneur qui axe son activité sur l’approvisionnement en capitaux de l’entreprise (la recherche de bénéfices élevés, qui permettent à leur tour l’autofinancement intensif de la firme) ou, souvent, sur la poursuite de stratégies de restructuration financière de groupes d’entreprises (holdings) : on met alors davantage l’accent sur le dessin général de l’« empire » que l’on crée que sur les détails d’exploitation propres aux composants ; la gestion du « banquier d’affaires » prime ici celle de l’« industriel » ou du « commerçant ». On recherche la concentration pour parvenir à la puissance (Rockefeller).

L’« entrepreneur commercial » attache une grande importance au marché ; sa politique est une politique de création de produits nouveaux répondant sans cesse aux besoins de sa clientèle. Le type de stratégie ici adopté est plutôt une stratégie de gamme visant à élargir le nombre de produits offerts dans une branche d’activité déterminée. C’est un type d’entrepreneur qui se rapproche de celui qui est défini par Schumpeter à partir du processus d’innovation*.

Enfin, le « chef d’entreprise technicien » accorde une grande importance à la qualité de ses produits sans toujours tenir compte des impératifs du marché (clientèle, prix, etc.). Ce type d’entrepreneur (Krupp) convient surtout à une entreprise ayant une position dominante sur le marché ou à une entreprise travaillant en sous-traitance. Il faut ici remarquer qu’en régime de concurrence intense l’entrepreneur technicien peut être dangereux pour son entreprise.

• La taille de l’entreprise joue par ailleurs un rôle déterminant dans la décision du style de gestion ; dans les toutes petites entreprises, la fonction de l’entrepreneur se confond pratiquement avec toutes les autres. Dans les entreprises moyennes, l’entrepreneur est souvent un détenteur de capitaux ; dans les grosses entreprises, il joue souvent le rôle de coordinateur et d’initiateur de projets.

• La branche d’activité est aussi un facteur important, dans la mesure où le rôle d’un entrepreneur travaillant dans une branche en pleine expansion sera plus souvent tourné vers l’innovation que le rôle d’un chef d’entreprise dans une branche à faible taux de croissance, qui aura surtout à administrer.

A. B.

entreprise

Ensemble d’hommes et de moyens permettant d’atteindre un objectif donné.


Les aspects économiques

Donner une définition simple de l’entreprise est une tâche ardue dans la mesure où, d’une part, il n’existe pas un seul type d’entreprise, et où, de plus, il est difficile de distinguer l’entreprise des autres organisations*, privées ou non. En effet, l’entreprise se différencie d’abord selon qu’elle opère dans une économie de type capitaliste et libéral ou dans une économie de type collectiviste et centralisé.

En économie libérale elle-même, les entreprises se distinguent encore selon que leur capital est détenu par des personnes privées ou par une collectivité publique ; propriété de personnes privées, on les appellera des entreprises privées ; si, par contre, leur capital est détenu par l’État, on parlera d’entreprises publiques et, plus précisément, d’entreprises nationales si le capital est détenu en totalité par l’État.

Les entreprises publiques peuvent elles-mêmes se distinguer en entreprises appartenant au secteur concurrentiel ou non. Si l’on est dans le premier cas, la structure et les objectifs de l’entreprise seront souvent identiques à ceux d’une société privée, dont la vocation est de faire un profit ; si, par contre, l’entreprise détient un monopole, son but peut être encore de faire un profit, mais sa fonction sera essentiellement d’assurer un service* public au moindre coût. La notion de service public en tant qu’objectif a une importance particulière, car elle permet de comprendre pourquoi une entreprise peut être amenée à faire des investissements qui semblent a priori financièrement non rentables, mais dont la justification apparaît seulement au niveau global de l’économie. On parlera alors de rentabilité économique ou encore de gains sociaux.


Un apport précieux à la théorie économique de l’entreprise : la théorie des organisations

Indépendamment de tout classement, on peut chercher à savoir ce qui peut expliquer le comportement économique d’une entreprise quelle que soit sa nature : il est alors souvent plus judicieux de raisonner non pas à partir d’une théorie purement économique de l’entreprise, mais à partir d’une théorie des organisations, qui intègre les différents éléments psychologiques, économiques, financiers, sociologiques dont la réalité quotidienne de l’entreprise est faite : laissant dans l’ombre cette approche, la théorie classique, si elle donne une explication de la formation des prix et des mécanismes du marché, ne permet guère d’éclairer les ressorts intimes d’une entreprise ni le processus par lequel s’élaborent les décisions en son sein ; elle a pour objet d’étudier quels sont les facteurs qui motivent le chef d’entreprise pour l’amener à choisir telle quantité du facteur de production A plutôt que du facteur de production B, quel va être le montant de la production qu’il doit fixer pour obtenir un profit maximal et, finalement, quel va être le montant de son profit, compte tenu du marché.

Utile pour comprendre les mécanismes du marché, la théorie classique de la firme ne résout ni même ne pose (puisque ce n’est pas son objet) les problèmes de la survie et de la croissance de la firme. Simplement, si le coût de production est supérieur aux prix du marché, la firme disparaît du marché, qu’elle ferme ses portes purement et simplement ou qu’elle se reconvertisse.