Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

entomologie (suite)

C’est aux États-Unis que fut créé, en 1878, par Charles Valentine Riley (1843-1895), le premier organe de défense, le United States Bureau of Entomology. On peut dire que Riley et son successeur L. O. Howard (1857-1950) furent les créateurs de l’entomologie appliquée. Leur exemple a rapidement été suivi dans le monde entier. En France, c’est à Paul Marchal (1862-1942) que l’on doit l’organisation, de la défense contre les Insectes. Cette organisation comprend deux services bien distincts, la Protection des végétaux, dont le rôle, au point de vue entomologique, est de conseiller l’emploi des insecticides et autres moyens de défense, et l’Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.), orienté vers les recherches scientifiques et techniques. L’ensemble mondial des services entomologiques emploie des milliers de travailleurs, dont les études réalisent une production annuelle de plus de deux mille publications en une vingtaine de langues.

La lutte contre les Insectes peut se ramener à deux titres principaux, la lutte chimique et la lutte biologique.


La lutte chimique

Il existe actuellement des centaines d’insecticides qui peuvent être classés en trois catégories. La première est celle des insecticides d’origine végétale, comme la nicotine, le pyrèthre, la roténone, ou d’origine chimique, tels les produits fluorés, soufrés et surtout arsenicaux qui sont employés depuis fort longtemps et sont encore en usage. La deuxième catégorie est celle des produits organiques de synthèse, dont la mise au point ne date que de 1939, mais dont l’emploi a pris un développement considérable. Les principaux sont le D.D.T. et le H.C.H., produits chlorés très efficaces, dont il existe une quantité de formes (lindane, chlordane, aldrine). La troisième catégorie est celle des composés à base d’esters phosphoriques, dont le type est le parathion et dont l’emploi n’est généralisé que depuis 1945 ; ces composés sont très puissants, mais doivent être maniés avec précaution, car ils sont toxiques pour l’homme. Les insecticides sont maintenant employés sur une très grande échelle. Dans les grandes cultures, des milliers de tonnes en sont déversées par avion ou hélicoptère. Les résultats obtenus sont en général satisfaisants, mais on commence à s’inquiéter de l’influence de cet emploi intensif de produits toxiques sur la faune entomologique en général et même sur les Vertébrés. Il existe en effet des Insectes utiles en nombre presque égal aux Insectes nuisibles. Parmi ceux-ci se trouvent surtout les Insectes parasites, qui jouent un rôle important dans l’équilibre biologique.


La lutte biologique

Elle consiste essentiellement à utiliser contre les Insectes nuisibles certains autres Insectes qui sont leurs ennemis naturels. Le premier essai de cette utilisation a eu lieu en Californie en 1889. À cette époque, une Cochenille, Pericerya purchasi, ravageait les orangeraies. Elle avait été accidentellement importée d’Australie, où elle vit sur les Acacias sauvages. Tous les insecticides alors connus se montrèrent insuffisants pour juguler le fléau. L’entomologiste Riley émit l’hypothèse qu’il existerait dans son pays d’origine un ennemi de la Cochenille, dont l’importation aux États-Unis pourrait être tentée. Après bien des difficultés, une mission fut envoyée, qui fit parvenir toute une série de prédateurs et parasites susceptibles de remplir le rôle désiré. Une Coccinelle, Rodalia cardinalis, fut retenue, et l’expérience tentée. Le succès fut complet, dépassant les prévisions les plus optimistes. Plus tard, Pericerya ayant été introduit dans le sud de la France et en Italie, la méthode fut employée avec le même brillant résultat. La merveilleuse expérience de Riley a eu naturellement des suites. On s’est aperçu qu’une quantité de parasites attaquent les Insectes nuisibles et que beaucoup d’entre eux peuvent être utilisés, comme l’a été la Coccinelle, qui a détruit la Cochenille. Des insectariums ont été organisés un peu partout pour élever ces parasites et les relâcher dans les endroits où pullule un Insecte à attaquer. Les résultats n’ont pas toujours été aussi brillants que pour Pericerya, mais la lutte biologique était lancée, et elle continue à faire chaque jour des progrès, d’autant plus que le développement des cultures tropicales ouvre un vaste champ d’observations et d’applications nouvelles. En outre, la lutte biologique s’est singulièrement élargie par l’emploi de Bactéries pathogènes, comme Bacillus thuringensis et Coccobacillus acridiorum. L’avenir de l’entomologie appliquée est donc brillant. Il exige seulement une connaissance parfaite de la biologie des Insectes nuisibles et de leurs parasites et prédateurs. Cette connaissance s’étend naturellement à la systématique, car tout travail entrepris sur un Insecte qui n’a pu être déterminé correctement risque d’être inutile.

L. C.

➙ Ennemis des cultures (les) / Insecte.

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