Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

enseignement (suite)

• Le laboratoire de langues. C’est une installation complexe comprenant un ensemble de magnétophones isolés dans des cabines individuelles, avec casques d’écoute, amplificateur et microphone pour l’enregistrement, mais tous reliés à un organe central, la console, commandée par le professeur. Les élèves peuvent ainsi recevoir un programme commun, mais travailler à leur rythme propre, sous le contrôle du professeur, qui peut intervenir à tout moment.

Le laboratoire offre donc les mêmes possibilités que des magnétophones isolés et permet en plus diverses pratiques pédagogiques : répétition individuelle, entraînement phonétique, enregistrement individuel des performances pour une écoute critique par l’élève lui-même ou par le professeur, travail sur des exercices personnalisés pour les élèves d’un même groupe et de niveaux différents, mise au point des difficultés avec le professeur, sans perte de temps pour le reste du groupe.

En dépit de la diversité de ces pratiques, le laboratoire de langues est une machine. Bien utilisé, il décharge en partie le professeur de son rôle de répétiteur, car il augmente considérablement l’efficacité de l’entraînement systématique au maniement de la langue, tâche qui intervient dans l’apprentissage entre l’apport de l’information initiale et la réactivation plus libre, plus humaine de cette information. Mais, pour la première et surtout la troisième de ces tâches, il n’est presque d’aucun secours. Il ne saurait donc remplacer le professeur et assurer à lui seul la totalité de l’enseignement.

Le laboratoire de langues est, de plus, un matériel lourd, coûteux, qui demande de l’espace, des salles insonorisées, une bonne ventilation. Outre des problèmes matériels d’installation et d’entretien, on rencontre souvent des difficultés d’ordre pédagogique, car l’élaboration de programmes adaptés et leur utilisation demandent des compétences particulières de la part des professeurs et beaucoup de temps.

Pour toutes ces raisons, les laboratoires sont encore peu nombreux en France. C’est dans les organismes assurant des stages intensifs d’enseignement des langues que les laboratoires sont les plus largement employés.

• Le laboratoire audiocorrectif. Entre le magnétophone seul et le laboratoire lourd, il existe maintenant une troisième formule, qui offre de nombreuses possibilités tout en réduisant les servitudes dues à la présence des cabines télécommandées. Le laboratoire audiocorrectif comprend un seul magnétophone bipiste, relié à quinze ou vingt postes d’écoute avec microphones, et un pupitre d’intercommunication permettant au professeur d’intervenir à tout moment. D’un encombrement minimal, ce dispositif permet un travail collectif, avec, pour chaque élève, la possibilité d’entendre directement par le casque la bande enregistrée et sa propre performance. Mais le professeur ne peut enregistrer qu’un seul élève à la fois sur le magnétophone. Il semble que cette formule soit la mieux adaptée aux conditions de l’enseignement dans les établissements du second degré.

• La radio scolaire. Pour l’anglais et l’allemand, elle diffuse des émissions à l’intention de chaque classe du premier cycle et des élèves isolés. Ces émissions constituent des programmes d’enseignement que le professeur complète et renforce ensuite. Chacune comprend une base d’informations, des exercices de renforcement, des indications pour des exercices ultérieurs. Les élèves disposent d’un manuel où ils retrouvent le contenu de l’émission, des dessins et des photographies.


Les moyens visuels

• L’image. Son importance dans l’enseignement des langues est depuis longtemps reconnue. Tous les manuels sont maintenant abondamment illustrés. Le dessin schématisé est un bon support pour la compréhension des notions nouvelles. La photographie, plus riche d’information, mais plus ambiguë, sert de support à des exercices d’expression. Les diapositives projetées sont utilisées pour introduire dans la classe des témoignages de civilisation. Le film, enfin, en combinant l’animation visuelle et sonore, implique une relation plus complète entre le langage et la situation.

• Le tableau de feutre et le tableau magnétique. Ces matériels peu coûteux rendent possible une utilisation plus systématique de l’image. Ils comprennent l’un comme l’autre un support (de feutre ou magnétique) et un jeu de figurines représentant des personnages, des objets ou des symboles conventionnels, que l’on peut combiner à l’infini et fixer instantanément sur le support devant l’ensemble de la classe. Ces procédés ont surtout un rôle à jouer dans les débuts de l’apprentissage, puisqu’ils permettent de mettre en images les structures grammaticales et lexicales simples de la langue, et d’opérer de la façon la plus concrète, à partir de la représentation d’un énoncé Pierre a un chien, des substitutions Pierre a un chat ou des transformations est-ce que Pierre a un chat ?


Les moyens audio-visuels

• La télévision scolaire. Elle offre deux types d’émission d’enseignement des langues.

Dans le cadre de la formation des adultes sont proposés surtout des programmes complets d’enseignement au niveau élémentaire. Ils sont destinés aux élèves isolés, travaillant sans professeur. Dans chaque émission, un nombre limité de structures nouvelles sont présentées globalement dans des sketches dialogués, puis analysées, d’abord oralement, ensuite par écrit. Une participation du type « écoute active » est demandée à l’élève, car les exercices d’entraînement à l’expression orale dans le cadre de l’émission sont forcément très limités.

Pour les classes du second degré, en particulier pour le second cycle, sont proposés des programmes documentaires de civilisation. C’est l’occasion pour les élèves d’un « bain linguistique » en même temps qu’une source irremplaçable d’informations sur la civilisation étrangère. Les professeurs disposent de fiches pédagogiques pour l’exploitation de ces émissions. Cependant, l’infrastructure et les conditions de fonctionnement des établissements secondaires limitent actuellement les possibilités de réception en direct des émissions. Le magnétoscope ou l’enregistrement Electro-Video-Recording pourraient apporter une solution à ce problème.